Je ne suis pas féministe mais…

- temps de lecture approximatif de 5 minutes 5 min - Modifié le 06/01/2018 par AB

Du nouveau dans le féminisme.

we can do it rosie the riveter
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Je ne suis pas féministe mais… est le titre d’un film documentaire de Sylvie Tissot. C’est la phrase que disent les femmes qui réclament un peu d’égalité, mais qui n’osent pas utiliser le mot qui effraie les hommes.

Se revendiquer féministe est encore stigmatisant, comme le prouve le succès de la page Facebook Women Against Feminism en 2014.

Malgré cela, même s’il a toujours été actif, le féminisme retrouve depuis quelques années une seconde jeunesse.

Les combats féministes ne changent pas : libération du corps, égalité femme/homme, lutte contre les violences sexuelles et sexistes, etc.

Mais ils mettent en avant des thèmes nouveaux et innovent dans leurs moyens d’action.

 

Libération du corps

Les thèmes traditionnellement occultés sont mis en avant.

Les menstruations ne sont que rarement évoquées dans les médias ou l’édition. Élise Thiébaut dans son livre Ceci est mon sang, analyse avec humour et intelligence ce tabou des règles, et ce qu’il dit de la place des femmes dans la société.

Le collectif féministe Insomnia quant à lui, colore en rouge l’eau des fontaines pour dénoncer l’invisibilité des règles, qui bizarrement deviennent bleues dans les publicités pour les protections hygiéniques.

L’ignorance sur le corps des femmes est combattue. Le monde semble découvrir une partie du corps de la femme jusqu’alors méconnue : le clitoris. Il est enfin représenté correctement dans un manuel scolaire.

Dans l’espace urbain, le corps et la représentation de la femme sont un enjeu de lutte. L’ouvrage La ville faite par et pour les hommes d’Yves Raibaud, développe l’idée qu’elle est un lieu de domination masculine. Par la quasi-absence de noms de femmes pour nommer les rues par exemple. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à s’y sentir en insécurité, a contrario, elles sont moins nombreuses qu’eux à y faire du sport ou à se déplacer à vélo.

 

Egalité femme/homme

Les moyens d’action s’adaptent à la société médiatique actuelle. Les membres du groupe d’action féministe, La Barbe, affublées de barbes postiches, interrompent de manière inopinée les réunions publiques composées exclusivement d’hommes : assemblées générales d’actionnaires, colloques, etc. Elles montrent l’absence de femmes aux postes de pouvoir, de manière ironique et spectaculaire.

De nouveaux chevaux de bataille apparaissent. La charge mentale, bien que connue des cercles féministes, s’autonomise du concept de partage des tâches ménagères pour devenir un sujet en soi. Les femmes ne s’occupent pas seulement davantage du ménage que les hommes, elles y pensent aussi plus qu’eux. Par exemple, faisant la liste des courses chaque semaine, les hommes allant faire les courses une semaine sur deux. Cette idée a beaucoup fait parler d’elle en 2017 suite à la publication de la bande dessinée Fallait demander, de la dessinatrice Emma. La charge mentale est aussi traitée avec humour dans le livre de Titiou Lecoq, Libérées ! : le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale.

D’autres batailles plus anciennes commencent à s’imposer. L’écriture inclusive, encouragée par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH), qui soulignait dans son rapport de 2015 que « la langue reflète la société et sa façon de penser le monde ». Le HCEFH invite donc à promouvoir une communication écrite, mais aussi orale, dépourvue de stéréotypes de sexe. L’écriture inclusive a fait se déchirer ses défenseurs et ses opposants en 2017, jusqu’à l’Académie française qui a voulu donner son avis sur le sujet.

 

Lutte contre les violences sexuelles et sexistes

Sur ce sujet, les femmes ont libéré leur parole de manière spectaculaire dans l’actualité de ces dernières semaines. Avec les dénonciations publiques de nombreuses agressions, concernant des personnes célèbres, mais aussi des anonymes. Portant ainsi un grand coup à la culture du viol que décrit très bien Marlène Schiappa dans Où sont les violeurs ?

La culture du viol consiste à tolérer et excuser le viol et les violences sexistes. Et au contraire, à accuser les victimes et à minimiser leur souffrance. Elle pousse au silence en cas d’agression. La libération de la parole reste difficile, comme le prouve Sandrine Rousseau, dans son livre Parler.

Comme les violences sexuelles, les violences sexistes et le harcèlement de rue ont leur lot de dénonciations. Les crocodiles : témoignages sur le harcèlement et le sexisme ordinaire, du dessinateur Thomas Mathieu, montre des exemples de ce que vivent les femmes au quotidien.

 

L’articulation du féminisme avec d’autres combats

Concept relativement récent dans la longue histoire du féminisme, l’intersectionnalité « étudie la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société ».

Ainsi, une femme lesbienne, une femme noire ou une femme handicapée, peuvent souffrir de sexisme et être en plus discriminées car lesbienne, noire ou handicapée. Les féministes sont amenées à dépasser leur champ d’action pour adopter d’autres luttes. Un exemple parmi d’autres, les Femen ont pris la défense des personnes LGBT, du mariage pour tous, des prostituées, etc.

 

Pour aller plus loin

Causette, revue plus féminine du cerveau que du capiton.

Fille d’album, ressources pour une littérature jeunesse antisexiste.

La domination masculine dans l’espace public.

L’origine du monde de Liv Strömkist, une bande dessinée sur la sexualité féminine.

 

Cet article fait partie du dossier Féministes tant qu’il le faudra !.

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One thought on “Je ne suis pas féministe mais…”

  1. 1011 dit :

    Merci pour votre liste d’ouvrages indispensables .
    Plasticienne engagée, j’ai réalisé des oeuvres sur le sujet de la domination virile.
    Une série intitulée « Phallocratie » sur le sujet de la domination sociale, culturelle et symbolique exercée par les hommes sur les femmes.
    Quand l’art permet de parler toutefois avec humour de cette prégnance virile !
    A découvrir :https://1011-art.blogspot.fr/p/phallocratie.html
    Mais aussi une oeuvre plus pudique intitulée « Noli me tangere » sur l’inviolabilité du corps de la femme : https://1011-art.blogspot.fr/p/noli-me-tangere.html

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