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Vue aérienne du quartier de la Duchère

Photographe : Jacques Léone, 15/03/2004

- temps de lecture approximatif de 3 minutes 3 min - par B. Yon

La Duchère, quartier en mutation depuis une quinzaine d'années, méritait un petit focus suite au don d’un fonds photographique par la municipalité, photographies qui seront entièrement versées sur notre base "Photographes en Rhône-Alpes"

Vue aérienne du quartier de La Duchère
Vue aérienne du quartier de La Duchère

Ce quartier de Lyon, souvent cité dans les médias pour ses problèmes de délinquance, liés à un contexte économique et social difficile, n’en est pas moins un quartier qui, à travers ses habitants, son histoire et son patrimoine, contribue pleinement à raconter l’histoire de notre ville.

Jusqu’au milieu du 20e siècle, la Duchère a constitué une base défensive stratégique sur le haut de la ville. Le fort de la Duchère, construit entre 1844 et 1851, faisait partie des 24 points de défense militaire contre les attaques d’armées étrangères, mais aussi contre les attaques éventuelles des brigands rodant dans les campagnes environnantes. Il cessera son activité militaire en 1957, et accueillera ensuite, de façon temporaire, les rapatriés d’Algérie. Aujourd’hui, à la place de ce fort, on trouve le stade de la Duchère.

Jusqu’aux années 1950, la Duchère était essentiellement constituée de prairies et de terres agricoles. À partir de 1953, le ministère de la construction et du logement demande à François-Régis Cottin, architecte et urbaniste lyonnais, de concevoir des plans pour le quartier. Les constructions de logements et d’infrastructures vont se succéder au début des années 60. Il faut reloger les ouvriers de Vaise qui vivent dans des conditions insalubres et faire face à la crise aigüe du logement qui frappe la France.

Louis Pradel, maire de Lyon à l’époque, lance la création d’un parc de logements comprenant environ 5500 habitations. On voit alors surgir de terre la barre des « 1000 », c’est-à-dire ses trois barres de logements devenues emblématiques de ce quartier. Ses immeubles étaient longs de 160m et hauts de 50m, comme le voulait la mode architecturale de l’époque, inspirée par Le Corbusier. Il fallait faire du fonctionnel, loger un maximum de personnes dans des bâtiments immenses, impersonnels, gris, où l’aspect pratique l’emportait sur l’humain. Les lyonnais voyaient d’un mauvais œil arriver ses « cages à poules », mais le quartier de la Duchère était suffisamment loin du centre pour qu’on puisse oublier qu’il faisait vraiment partie de Lyon.

Barre des “1000”, Jacques Léone, 2004

L’évolution des travaux est très rapide, ils commencent en 1961, et les logements commencent à être habités dès 1962. En premier par les rapatriés d’Algérie, les « pieds noirs », puis par des populations venues essentiellement des pays du Maghreb pour travailler dans les usines environnantes.

Mais au fil des années, la Duchère voit sa population décroître et le taux de chômage augmenter. Il est de 14% en 1990. Les populations étrangères passent de 5.5% en 1975 à 17% en 1990. En 1999, la Duchère est constituée à 80% de logements sociaux, contre 18% pour Lyon.

Depuis la fin des années 80, la Duchère a fait l’objet de nombreuses politiques de la ville, visant à mettre en place des actions de rénovations urbaines, mais également des actions sociales et d’éducation.

C’est en 2003 que le « Grand projet de ville de la Duchère » est signé entre l’État, le Grand Lyon et la Ville de Lyon. Sa mise en place est prévue entre 2003 et 2016. La maîtrise d’ouvrage est assurée par « Mission Lyon la Duchère », créée en 2001, qui regroupe la ville de Lyon, le Grand Lyon, le département et la région.

Les mesures les plus controversées de ce projet ont été les démolitions des grandes barres d’habitations, comme la « barre des 1000 » ou la « barre 230 », dernière à avoir été démolie en 2015 sous le regard des ministres Sylvia Pinel et Myriam El Khomri.

Démolition de la barre “260”, Jacques Léone

Les habitants étaient réticents à l’idée de quitter ses logements, où se concentrait l’histoire de leur vie et de celle de leurs enfants, et ils avaient surtout peur de ne pas avoir de propositions de relogement convenables. Avec quelques années de recul, les habitants de la Duchère semblent plutôt satisfaits de ses changements opérés, qui ont redynamisés le quartier et offert un cadre de vie plus agréable, avec des vues sur les monts du Lyonnais très dégagées, et un apport de populations nouvelles, qui apportent une mixité au quartier.

Il reste encore deux barres qui vont tomber en 2018. Après avoir concentré les efforts sur la rénovation du Plateau, le quartier de la Sauvegarde va à son tour faire l’objet d’une restructuration, chose que les habitants attendaient impatiemment.

 

Pour aller plus loin :

La Duchère, le renouveau

1966-2016 : de résistance en résilience / MJC Duchère

Tranches de vie grignotées à la barre 260

Secret jardin public / réal. de Claude-Pierre Chavanon

À écouter :

On remet les compteurs à zéro / Elamson

 

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