L’A.S.V.E.L fête ses 70 ans en haut de l’affiche !

- temps de lecture approximatif de 7 minutes 7 min - Modifié le 10/10/2019 par Département Documentation régionale

2019 est une année faste pour le basket lyonnais et villeurbannais. Tout semble réussir à ces équipes sur le plan sportif, financier, comme sur celui du prestige. L’ASVL particulièrement, qui fête ses 70 ans, est une exception dans le paysage du sport français. Depuis sa création, elle a toujours réussi à rester dans la première ligue, sans aucune relégation. Et avec 19 titres, c’est l’équipe de basket la plus primée de France. 2019 fait exploser l’armoire à trophées : un doublé pour l’équipe masculine - victoire du championnat et victoire de la coupe de France - ainsi qu'un titre de championnes pour l’équipe féminine. L’année prochaine, garçons et filles disputeront l'EuroLeague. L’histoire du basket local continuera de s’écrire sur le plan international. L’occasion de faire une petite rétrospective sur cette grande histoire, jalonnée de grands noms, et de dresser le portrait d’une équipe aujourd’hui en pleine mutation.

Skitterphoto @ Pixabay
Skitterphoto @ Pixabay

Naissance et premiers succès

 

« 1948, un homme qui a une équipe de basket, mais pas de salle, un autre qui a une salle mais pas suffisamment d’éléments pour faire une bonne équipe. L’un qui croyait au ciel, l’autre qui n’y croyait pas. L’un qui buvait du vin, l’autre qui buvait de l’eau. L’un qui était Lyonnais, l’autre qui était Villeurbannais. Ces deux hommes, à une table, dans un hôtel café-restaurant des Brotteaux, avec un troisième qui est témoin, et, à l’issue de la rencontre, une association sur qui, à l’époque, personne n’aurait parié un centime et qui est encore bien vivante quarante ans après… »

 

C’est ainsi que Jean Mollier, adjoint aux Sports de Villeurbanne (1977-1989), raconte la création de l’Asvel. Les deux hommes évoqués sont Pierre Barbier, président de l’Éveil sportif Sainte-Marie de la Guillotière de Lyon, un patronage paroissial comptant plusieurs équipes sportives, dont une équipe de basket qui évolue rapidement à un très haut niveau, et Pierre MILLET, président de l’AS Villeurbanne, une équipe sportive bien installée dans Villeurbanne et ses structures municipales de sport. L’AS Villeurbanne était rattachée à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), une fédération créée sous le Front Populaire, d’obédience socialiste ou communiste et agréée par les mouvements d’éducation populaire. La réunion de ces deux associations donnera naissance à l’Association sportive Villeurbanne Éveil lyonnais, plus connue sous le nom d’ASVEL.

 

Les deux présidents ont une ambition commune : gagner le championnat ! Pierre Millet sera le président du nouveau club, l’ASVEL, et aura pour mission de faire fructifier cette alliance improbable pour décrocher des victoires. Ce sera chose faite dès la première année ! L’ASVEL remporte son premier titre face à l’Union Athlétique de Marseille en 1949. L’année suivante elle remporte un deuxième titre. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le club démarre en fanfare, puisqu’entre 1949 et 1960 l’ASVEL remportera 12 fois le titre de champion de France !

 

L’histoire d’une équipe s’écrit avec les dates de ses titres, mais aussi avec les dates de ses transformations. Outre sa création fin 1948, quatre autres dates sont à marquer d’une pierre blanche. En 1987, l’ASVEL, longtemps club amateur, se professionnalise, suivant ainsi la création du championnat de France professionnel, alors appelé la Nationale 1A . 1995 voit le club rejoindre la salle de l’Astroballe, où joue encore l’équipe actuelle. En 2009, Tony Parker rejoint l’ASVEL en fils prodigue comme actionnaire minoritaire, avant de devenir l’actionnaire majoritaire en 2014. Enfin, en 2017, l’équipe féminine intègre l’ASVEL : le FC Lyon Basket féminin (créé en 2000) a en effet été racheté par Tony Parker, qui en devient président. Il choisit Marie Sophie Obama, ancienne professionnelle, pour en être la présidente déléguée.

 

La salle de l’Astroballe où joue l’ASVEL depuis 1995. Par Vanbasten 23 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0.

 


Les grandes figures de l’ASVEL

 

D’autres personnalités ont bien sûr fait l’honneur et la fierté de l’ASVEL : André Buffière, à la fois joueur, entraîneur et sélectionneur, Henri Grange, grand joueur international, Raphaël De Barros, président du club pendant plus de vingt ans,  Alain Gilles, joueur et entraîneur de légende, Bob Purckiser, premier joueur américain du club, Delaney Rudd  ou encore Edwin Jackson. Les féminines, qui ont gagné en visibilité en rejoignant l’ASVEL et en gagnant le championnat de France en 2019, transmettront à leur tour des noms illustres pour compléter cette liste.

 

Maison des Sports Raphaël de Barros, collection personnelle.

 

Certaines légendes du club ont marqué dans la pierre la Ville de Villeurbanne. Les lyonnais et villeurbannais ont entendu parler de Raphaël De Barros, dirigeant de l’ASVEL entre 1963 et 1988, dont la Maison des Sports de Villeurbanne porte le nom. Cette salle a été  la première véritable salle de l’ASVEL à partir de 1957. Aujourd’hui encore Villeurbanne y organise de nombreux événements, dont la Fête du Livre jeunesse.

 

Alain Gilles interviewé par Jean Raynal (1980), Magali.RNL, CC BY-SA 4.0

La grande figure du club, Alain Gilles dit « Gillou » ou « Monsieur Basket », a donné son nom à une station de métro de Villeurbanne, la station Flachet-Alain Gilles. Il faut reconnaître qu’Alain Gilles est un joueur hors norme : champion à huit reprises en tant que joueur (1965-1986) et quatre fois en tant qu’entraineur (1980-1989), élu huit fois MVP (Most Valuable Player, “meilleur joueur”), élu joueur du siècle par la Fédération française de basket-ball, qui a même créé un trophée “Alain Gilles” pour récompenser le meilleur basketteur français de l’année. Alain Gilles est par ailleurs représenté en tenue de jeu sur le mur de la Maison des Sports Raphaël de Barros, à côté d’une représentation d’André Buffière, joueur de l’Eveil lyonnais qui a amené l’ASVEL vers ses premiers titres.

 

Alain Gilles aura marqué l’ASVEL d’une autre manière, en faisant de son numéro de maillot, le n°4, à la fois le symbole de l’excellence et de la légende. Le n°4 ne sera plus attribué sauf à une seule occasion, celle de l’entrée dans l’équipe de Delaney Rudd. Rudd joue à l’ASVEL de 1993 à 1999. Meneur de jeu américain, il signe à l’ASVEL en 1993 après avoir joué les seconds couteaux dans plusieurs équipes de NBA. Il symbolise pour les fans le renouveau de l’ASVEL après une période difficile pour le club qui n’est pas passé loin de la faillite en 1992. Par son leadership et sa vision du jeu, Rudd devient rapidement la pierre angulaire de l’effectif et fait vivre les plus grands moments européens de l’équipe en amenant l’ASVEL jusqu’en demi-finale de l’Euroleague (la ligue la plus prestigieuse après la NBA). Après Rudd, le maillot 4 sera retiré et ne sera plus attribué.

 

Le numéro 4 n’est pas qu’un numéro de maillot, symbole de la force de l’ASVEL, il fait partie de sa légende, au point d’être  intégré dans le nouveau logo de l’équipe.

 


 L’ère de Tony Parker et les nouvelles ambitions du club

 

L’identité de l’ASVEL a longtemps reposé sur une couleur : le vert. Toutefois la Green Team (“l’équipe verte”) vient de changer non seulement de couleur, mais encore de logo et de nom. Le vert a laissé place au noir et blanc, les couleurs de son sponsor LDLC (vendeur informatique de Lyon), avec une iconographie et une typographie plus contemporaines. Le nouveau logo est à première vue un éclair, symbolisant la dynamique et la réactivité de l’équipe. A y regarder de plus près, on y voit deux quatre se faisant face. Les deux chiffres 4 de Gilles et de Rudd, qui font ici le lien avec l’histoire de l’ASVEL et inscrivent ce renouveau non pas comme une transformation, mais bien comme la continuité d’un parcours avec de nouvelles ambitions. Ces changements graphiques accompagnent un changement de nom. L’équipe masculine s’appelle désormais LDLC ASVEL.

 

L’ASVEL pour la deuxième fois de son histoire (après s’être appelée Adeco ASVEL de 2001 à 2007) fait appel à du « naming », c’est-à-dire  prend le nom d’une entreprise. La ligue 1 de basket français a entamé le mouvement en prenant en 2018 le nom de Jeep Elite. Pour accroître son budget et rivaliser avec les équipes d’Euroleague (dont la grande majorité porte déjà le nom d’une entreprise) l’ASVEL a signé un accord avec LDLC. Déjà partenaire de l’équipe depuis 6 ans,  LDLC est une entreprise florissante de la Métropole, qui a comme l’équipe des ambitions européennes. L’ASVEL et LDLC signent le plus gros contrat de « naming » du basket hexagonal, avec un chiffre d’investissement autour de 10 millions d’euros sur 10 ans.

 

Cette transformation doit beaucoup à l’arrivée de Tony Parker au sein de l’ASVEL. Rentré dans le capital de l’ASVEL en 2009 ,TP, aujourd’hui retraité de la NBA, devient président en rachetant les parts de Gilles Moretton, précédent président du club. Dès lors, le budget est passé de près de 5 millions à 10 millions d’euros. Le nombre d’abonnés et le remplissage de la salle ne cessent d’augmenter. Très ambitieux, le projet de Tony Parker est de faire figurer l’ASVEL parmi l’élite du basket européen — objectif jamais atteint– et de faire de LDLC ASVEL une marque comme le Barça ou le Réal de Madrid.

 

En plus de la signature avec LDLC, Tony Parker a amorcé un rapprochement avec l’OL groupe de Jean-Michel Aulas. Suite à un accord passé le 22 juin 2019, l’OL groupe déboursera 3.4 millions d’euros, soit 25 % du budget de l’équipe masculine, et 300000 euros, soit 10 % du budget de l’équipe féminine, pour soutenir les ambitions de l’ASVEL. Tony Parker deviendra ambassadeur de l’OL à l’international et surtout aux USA. Avec ce rapprochement, la construction d’une nouvelle salle à Villeurbanne est remise en question, puisque l’OL va construire une salle multisport à Décines, qui pourrait être utilisée par LDLC-ASVEL pour ses rencontres européennes.

 

Enfin, une équipe étant d’abord des joueurs et des joueuses de très haut niveau, la restructuration de LDLC-ASVEL s’accompagne d’un travail important en termes de formation des jeunes. La Tony Parker Adequat Academy (Adequat étant une agence d’interim à laquelle Tony Parker prête son image) ouvrira à Gerland en septembre prochain pour accueillir une soixantaine d’étudiants, dont un tiers d’étudiantes.

 

La saison 2019-2020 nous dira si les garçons de LDLC-ASVEL et les filles de Lyon ASVEL seront à la hauteur de ces ambitions inédites, et ce faisant continueront à faire de la région l’épicentre du basket français.

 


Bibliographie et Sources:

 

 

 

 

 

 

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