Retour vers la nature
Publié le 27/11/2008 à 00:00
- 5 min -
Modifié le 30/09/2022
par
Admin linflux
Fuir la ville, l'autorité, l'humanité, retourner à la Nature luxuriante et nourricière, source de rédemption et Paradis perdu, est un des grands mythes américains. L'homme face à cette immensité, à ce wilderness est forcement appelé à se redéfinir. Mythes américains mais également vision européenne de l'Amérique, comme terre promise où la nature est plus belle, plus grande. Suite au film Into the Wild, qui abordait cette thématique, repartons vers l'ailleurs, à la poursuite de cette quête inaccessible.
Des films
Grizzly man de Werner Herzog
Un peu comme le Chris McCandless du film Into the Wild, Timothy Treadwell est un jeune idéaliste américain, épris de grands espaces et amoureux des grizzlis. Pendant plusieurs années il travailla une partie de l’année pour passer ses étés en Alaska, partager la vie des plantigrades. Là, il se faisait déposer en hydravion, et campait seul, en pleine nature au milieu des grizzlys et filmait ses “amis animaux sauvages”, faisant des rencontres improbables, extraordinaires.
Des années plus tard, Werner Herzog, récupéra les bandes vidéo de Treadwell, et en fit la matière première de son film. Dos aux ours, face à la caméra, il se raconte, commente et peu à peu, la perplexité s’installe, la peur : est ce vrai, est ce possible, peut-on vivre ainsi, prendre autant de risques ?…
Les images récoltées par Treadwell sont magnifiques, captivantes, le réalisateur allemand les entrecoupe de témoignages de personnes qui ont aidé Treadwell. Il se rend sur les lieux de son odyssée, essaie de comprendre, nous aussi. Mais les interrogations demeurent, et la fascination…
Dernier trappeur de Nicolas Vanier
Le dernier trappeur est la première œuvre de fiction de l’explorateur et musher Nicolas Vanier. Le film est issu d’une rencontre avec un vrai trappeur, Norman Winther vivant dans le Yukon.
Mi documentaire, mi fiction, l’œuvre se veut réflexive, dénonçant le réchauffement climatique, la fonte des glaces. Néanmoins, tout y est : la solitude glacée, les animaux sauvages, la rudesse du climat, la grandeur des paysages, la nature dans toute sa force, face à laquelle l’homme est soumis à des exploits quotidiens, pour se nourrir, se réchauffer, se déplacer : vivre au plus près de la nature, et de lui-même…
Jeremiah Johnson de Sydney Pollack
L’histoire d’un jeune pied tendre qui débarque au Far West, et devient une légende chez les indiens. Le film réalisé en pleine époque hippie, est une ode écologique et romantique au retour à la nature et à la simplicité. La ville est présentée comme néfaste, il y règne le mensonge, la bêtise. A l’opposé les montagnes sont splendides, le héros y apprendra de nouvelles règles plus justes, plus en accord avec son idéal. Et la nature aussi dure soit-elle, et tant qu’on la respecte, amène à un autre état. Ce parcours initiatique, interprété avec aisance par Robert Redford marqua l’histoire du Western.
D’autres films évoquent cette fuite vers la nature, on peut citer Le village où tout un groupe va reconstituer un Paradis perdu, en se coupant du temps et de la civilisation. Gerry, où deux hommes se perdent en plein désert métaphysique. Le groupe d’amis, de Delivrance, qui eux vont être face à l’autre versant de la nature : la sauvagerie.
Des livres
Notes sur la nature, la cabane et quelques autres choses de Gilles Tiberghien
Etrange livre que celui-ci, à la fois libre pensée sur la cabane, comme espace transitionnel entre la nature et l’habitation, mais aussi essai poétique sur l’influence de la cabane sur le travail des artistes. Ce récit foisonnant et étonnant sur une pensée qui se déroule, aborde de nombreuses idées en rapport proche ou lointain avec la nature : l’errance, l’esprit de la route, le dedans et le dehors…
Gilles Tiberghien brasse les concepts philosophiques, psychanalytiques, et la littérature du XIXe siècle avec intelligence et pertinence, et fait de ce petit livre un ouvrage singulier et attachant.
L’auteur a écrit cet ouvrage en partie lors d’un séjour dans une cabane au bord du lac Walden, pas loin de celle occupée un siècle plus tôt par H.D. Thoreau.
Un an de cabane d’Olaf Candau
Cet ancien champion de VTT décide de s’isoler, en réalisant une aventure digne de ses lectures d’enfance. Il part seul avec les outils des premiers colons, une hache, une scie et un fusil, et construit sa cabane dans le Yukon, partie du monde “où même les animaux se perdent”. Là, il va affronter le froid, la faim et les martres…
Ecrit dans un style simple, Olaf Candau évoque la solitude, la faim, l’émerveillement face à la nature…
Dans les pas de l’ours d’Emeric Fisset
Avant d’être l’éditeur de Transboréal, maison spécialisée dans les récits de voyage, Emeric Fisset, fit plusieurs traversées dans des conditions extrêmes. Dont celle-ci qui le mena de Barrow, la pointe nord de l’Alaska au sud de cet état. Seul, à pied, en canoë, à ski, il parcourut les marécages de la toundra arctique, affrontant la solitude glacée, et les animaux sauvages. Voyager à ses cotés, c’est affronter toutes ces ses péripéties avec un certain détachement et une certaine évidence : encerclé par des loups, il fait face à un grizzly, le froid glacial l’empêche de dormir, mais malgré le froid, malgré la peur, il nous fait partager son aventure sereinement.
Partager cet article