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Un monde à portée de main

Maylis de Kerangal

"Pensez à peindre avec vos glacis intérieurs, avec vos propres volcans, avec vos sous-bois et vos déserts, vos villas à l'abandon, avec vos hauts, vos très hauts plateaux"

Paula Karst, 20 ans, entre à l’Institut supérieur de peinture de Bruxelles pour y apprendre la technique du trompe-l’œil. Elle y rencontre Jonas, peintre surdoué, et Kate, une Écossaise débrouillarde et impulsive.

Dans une première partie passionnante, le roman décrit l’intense formation des étudiants pour apprendre à reproduire les marbres, le bois, la pierre. On découvre que copier nécessite aussi de connaître les matériaux, leur chimie, leur histoire géologique ou biologique. On se délecte de la richesse du vocabulaire amoureusement collecté par l’écrivaine pour décrire matières, outils, pinceaux et couleurs : nacarat, cuisse de nymphe émue, paprika, aigue-marine, vert après l’ondée, pomelo, terre d’ombre brûlée, outremer, cobalt, céruléum…

Le récit se poursuit avec le parcours de Paula de chantier en chantier, à Paris puis à Turin dans un théâtre, à Rome dans les studios de Cinecittà, à Moscou, avant d’être associée au projet de reconstitution de la grotte de Lascaux, où elle se confronte avec émotion à la naissance de l’art.

Si la « technique » est très présente dans la description des artistes au travail, le récit n’en est pas moins charnel et sensible. Quand est dépeint l’engagement du corps – le corps qui souffre, se donne, se dépasse – ou quand les personnages affrontent leurs faiblesses et leurs émotions, entre renoncement, doutes et exaltation.
Un roman visuel, tactile, très sensuel, d’une beauté fascinante.

Voir dans le catalogue de la BML

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