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Tenir jusqu’à l’aube

Carole Fives

La narratrice est une « solo », une mère célibataire qui vit à Lyon, ou plutôt qui essaie de survivre en tant que graphiste freelance dans un appartement trop grand pour elle. Pour échapper à ce quotidien étouffant, elle s’accorde des fugues nocturnes, quand l’enfant dort, pour revivre.

Dans ce roman, Carole Fives réussit à rendre concrète la pression de la société. Cette force qui s’exprime dans des forums internet, dans des démarches administratives, dans la rue, par mille petits faits ou réflexions. Nous pouvons tous être les caporaux de cet ordre intimé aux femmes, par ignorance, habitude ou par méchanceté mesquine. L’autre élément marquant grâce à l’écriture, c’est la mise en scène du corps, des corps, celui de la mère, de la mère et de l’enfant et celui de la femme. Un corps tour à tour fatigué, usé par son rapport aux choses (formidable chapitre sur le rangement de l’appartement quand l’enfant dort), presque cassé par les sollicitations de l’enfant, puis sautillant, dansant pendant les moments de liberté.

Tenir jusqu’à l’aube n’est pas une lamentation, plutôt un état des lieux de la condition des femmes quand l’homme est absent, fuyant et irresponsable. Il y a du courage chez la narratrice, un courage de la fatalité puisqu’il n’y a pas d’autre solution et qu’on chercherait en vain de l’aide. Un texte de grande précision qui parle de ce qui ne peut que se taire, et c’est tout dire de son caractère indispensable.

Voir dans le catalogue de la BML

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