Glagolitic Mass

Leos Janacek

lu, vu, entendu par Civodul - le 21/02/2019

Leoš Janáček (1854-1928) est reconnu comme l'un des plus grands compositeurs tchèques modernes, avec son compatriote et ami Antonin Dvorak. Comme ce dernier, il puise en partie son inspiration de sources populaires et folkloriques, qui donnent à sa musique un attrait, un caractère touchant et immédiatement accessible.

Sa messe dite “glagolitique” (1926) est ainsi nommée car, délaissant le latin traditionnel, elle fait appel à une liturgie en ancienne langue slave, notée en ces caractères du même nom qui précédèrent l’écriture cyrillique.

Pour grand orchestre, double choeur et solistes, cette messe ne comprend pas l’habituel “Benedictus” mais inclut en revanche une introduction et un poslude d’orgue. C’est une oeuvre insolite, fourmillant de rythmes complexes et inattendus. A la fois solennelle par un caractère dramatique affirmé et populaire par la profusion de motifs issus d’un terroir aux riches traditions musicales. Ne sachant pas qu’il s’agit d’une musique sacrée on pourrait tout aussi bien ne pas en deviner le caractère liturgique. Et pourtant l’on sent bien qu’il y a là une dimension transcendante, magique, de cette magie primordiale et tellurique, propre aux musiques sacrées “païennes”, qui célèbrent les énergies élémentaires et les déités de la nature. Le tout est composé à la manière d’un vaste tableau rutilant, aux cuivres généreux et aux parties vocales volontiers suraigües, qui ajoutent à l’intensité générale. En voici une bien belle version, intégralement tchèque (Philharmonique de Prague choeurs et orchestre sous la direction de Jiri Belohlavek).

Le présent enregistement nous gratifie en complément d’une superbe sinfonietta, festive et elle aussi généreusement cuivrée, qui donne décidemment envie d’explorer plus avant l’univers musical singulier de Janacek.