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Et frappe son père à mort

John Wain

Cet énigmatique titre est tiré d’une réplique de "Troïlus et Cressida" de Shakespeare. Le roman de John Wain (1925-1994) a paru au Royaume-Uni en 1962. L’auteur et son oeuvre étaient associés au mouvement littéraire « Jeunes hommes en colère ». Les romans représentatifs de ce mouvement avaient pour héros des jeunes gens qui rejetaient des barrières sociales ou des conventions.

Jeremy, le personnage principal, vit avec son père, veuf et professeur du grec et latin intransigeant, et avec sa tente aimante mais effacée. A trois, ils mènent une existence austère, entièrement dévouée au travail. Nous sommes en 1943, c’est la guerre et Jeremy a seize ans. Il étouffe, il rêve de remplir ses journées de travail non pas de la grammaire grecque, mais de entrainement au piano avec ses morceaux de jazz préférés. Car Jeremy ne vit que pour le jazz, la non-musique par excellence pour son père.

Le jour de la confrontation, à froid de la part du père et avec toute la rage de l’adolescence de Jeremy, ce dernier quitte le foyer. A la recherche de la liberté, dans l’immédiat après-guerre, il va être guidé, jusqu’à l’envoûtement, par le rythme de jazz. Ce rythme qui laisse oublier, l’inconfort, le manque d’argent, les lendemains incertains, car il est pour lui le retour à la vie.

C’est un roman d’apprentissage, un roman sur le désir de l’émancipation qui traverse toutes les nouvelles générations, sur le manque de dialogue et le ressentiment. L’auteur décrit avec une grande dose de lucidité ces conflits entre générations mais il laisse aussi la place, en dépit des blessures, à la  tendresse et l’écoute. Grâce à quoi, “et frappe son père à mort” trouve une résonance purement symbolique.

Voir dans le catalogue de la BML

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