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Révolution

Emmanuel Pahud

Faisant suite à un album consacré à un premier âge d'or de la flûte à l'occasion du tricentenaire de Frédéric II de Prusse, (Le Roi flûtiste), Emmanuel Pahud nous propose un second récital thématique, centré sur la période de la Révolution Française.

Cette fin de XVIIIème siècle constitue une charnière entre deux mondes, l’ère classique, issue d’un baroque encore proche, quoiqu’à son apogée ne va pas tarder à céder le pas à l’ère romantique. A l’effervescence politique et sociale répond une effervescence musicale sans pareille ; le développement des concerts publics, la création du Conservatoire, l’influence des Lumières, favorisant la primauté accordée au pur plaisir mélodique, le phénomène de l’interprète virtuose, tout concourt à donner au répertoire des instruments à vents une impulsion nouvelle, encore renforcée par les progrès liés aux améliorations techniques dans la facture instrumentale.

Pour illustrer cette féconde période Pahud a sélectionné quatre concertos, d’une facture classique héritée de l’Ecole de Mannheim, qu’il juge représentatifs. Tout d’abord celui de François Devienne (1759-1803), patriote au dessus de tout soupçon et auteur d’hymnes révolutionnaires ; son concerto en mi mineur est une page magnifique, remarquable par ses aspects dramatiques, sa variété thématique et l’équilibre entre passages lyriques et épisodes virtuoses. Puis le premier concerto de Luigi Gianella (avant 1778-1817), auteur peu connu bien que prolifique compositeur de musique de chambre, qui parait aux alentours de 1800 ; ce concerto appartient déjà à un monde différent où règne davantage l’esprit du divertissement, conséquence de la prédominance qu’avait prise alors l’opéra sur la musique instrumentale. Le contraste est saisissant avec la troisième pièce : le concerto en sol majeur de Christoph Willibald von Gluck (1714-1787), lequel représente au contraire un style galant nettement plus ancien. Pahud dit avoir choisi cette œuvre probablement légèrement antérieure à la Révolution et en décalage avec les autres concertos en raison des liens privilégiés que Gluck entretint avec Paris, et particulièrement son Opéra. Ce concerto présentant un caractère baroque tardif et déjà quasi classique est empreint d’une atmosphère tendre et lumineuse . Enfin le concerto d’Ignaz Pleyel (1757-1831) apporte ici une conclusion impressionnante ; il arbore des vastes dimensions et synthétise plusieurs éléments. D’emblée majestueux, lyrique et hautement démonstratif, il impose une envergure supérieure, tant par le foisonnement mélodique que dans la virtuosité.

Le récital se veut un hommage au pionnier Jean-Pierre Rampal, qui fit redécouvrir ces œuvres il y a une soixantaine d’années. Servi par le talent réputé d’Emmanuel Pahud, accompagné par le Kammerorchester Basel qui défend cette musique avec « esprit et une ferveur combattive toute révolutionnaire » cet album est un pur moment de bonheur musical.

Voir dans le catalogue de la BML

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