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Panzi

Dr Denis Mukwege, Dt Guy-Bernard Cadière

Lorsque le viol devient une arme de guerre massive, deux médecins témoignent de leur engagement auprès des victimes au Congo, à l’hôpital de Panzi.

Si l’on s’en tient au sous-titre de l’ouvrage et à la quatrième de couverture, on risque fort de laisser l’ouvrage fermé. “Bien assez d’horreur et d’atrocité en ce bas monde pour aller en lire encore dans un livre !”

On attaque alors la lecture de l’introduction : bouleversante, à la limite du soutenable.

Et puis le livre nous plonge dans le contexte géopolitique du Congo.

“Bukavu est la capitale du Sud-Kivu, une province de l’est de la République démocratique du Congo. Cette région est une immense bijouterie à ciel ouvert contenant des minerais de grande valeur convoités par des multinationales qui coopèrent avec des groupes armés venus de pays voisins et agissent en toute impunité, sans poursuites de la police locale ou de la justice internationale. Bilan : plus de six millions de morts dans la région depuis 1994 […] Les viols et les mutilation sur les familles du Kivu créent le contexte pour que la victime soit rejetée par les siens. Ce qui suit le viol c’est la désintégration de la société […] Dans toute guerre quand il n’y a plus de noyau familial, plus de cohésion sociale, la communauté ne plus plus se défendre. Quand votre propre famille est désintégrée, comment pouvez-vous vous battre pour celle des autres ? Le terrain alors abandonné aux chefs de guerre qui exploitent les gisements et les gens…”

L’ouvrage raconte ensuite le parcours, la rencontre et l’engagement de deux médecins. Denis Mukwege : l’homme qui répare les femmes au Congo, gynécologue congolais, et Guy-Bernard Cadière, musicien, professeur de chirurgie à l’Université libre de Bruxelles, chef de service de chirurgie digestive. Ce dernier est un spécialiste des chirurgies par laparoscopie : une technique d’intervention qui procède par petites incisions par lesquelles sont introduites des mini-caméras et des instruments de chirurgie dans le corps du malade. Cette technique permet des “miracles” dans la reconstruction des corps mutilés.

En créant l’hôpital de Panzi, le docteur Denis Mukwege ne reconstruit pas seulement le corps mutilé des femmes, il leur permet de se réinsérer dans la société et de reprendre confiance…

“Les femmes violées et humiliées au Kivu vont peut-être, en prenant le pouvoir, transformer la puissance du chef en force collective […] Quand elles prennent le pouvoir, ce n’est pas sur les autres, c’est pour les autres !”

Attentats, menaces : Denis Mukweg dérange…Ses multiples alertes aux plus hautes autorités internationales ne suffisent pas à arrêter le massacre.
Il ne considère pas pour autant ceux qui commettent ces actes comme des “barbares irrécupérables”. Au contraire, médecin dans l’âme, le fondateur de Panzi les considère plutôt comme des malades et croit fermement que

“souhaiter la guérison de ceux qui sont la cheville ouvrière de l’enfer, c’est préférer la paix à une vaine revanche”.

Un livre à lire pour ne pas avoir l’excuse d’un “Je ne savais pas”…

Voir dans le catalogue de la BML

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