Maman, j'ai peur !
Publié le 30/10/2007 à 00:00
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11 min -
Modifié le 30/09/2022
par
Admin linflux
[actu][* §Etat protecteur sans limites ? …§ *][actu]

Peurs sur les villes, Jérôme FERRET, Christian MOUHANNA, Presses Universitaires de France, 2005 Au coeur des discours politiques, la question sécuritaire est utilisée comme stratégie de conquête et de préservation du pouvoir. Un véritable « populisme punitif » s’est mis en place avec la volonté de considérer les électeurs en victimes et de désigner des responsables des insécurités. Autorité et obéissance, tolérance zéro, une idéologie de société punitive prend racine depuis les milieu des années 90.

L’horreur sécuritaire : les Trente Honteuses, Jean-Marc FEDIDA, Privé, 2006. Constat des dernières années de politique sécuritaire qui ont provoqué la régression des libertés publiques et individuelles. De notre société sécurisée à l’extrême à » l’horreur sécuritaire « , le pas est franchi. Les Trente Honteuses ont fait suite aux Trente Glorieuses. Cette dérive totalitaire, où la puissance publique a tout pouvoir et n’use que du rapport de force, fait du citoyen un coupable potentiel, condamné à vivre surveillé et contrôlé au moindre prétexte.

La globalisation de la surveillance. Aux origines de l’ordre sécuritaire, Armand MATTELART, La Découverte, 2007. Vidéosurveillance, fichage, empreintes génétiques, écoutes, puces RFID…
Dans les régimes démocratiques, les différentes techniques d’intrusion dans la vie quotidienne des individus se multiplient, au nom de la lutte contre les « nouvelles menaces ». Sous couvert de défense de la liberté et des impératifs de sécurité nationale, les États ont construit une définition de l’ennemi de plus en plus large et tellement floue qu’elle a permis et permet encore tous les abus.

Les défenseurs des droits de l’Homme à l’épreuve du tout-sécuritaire. Rapport annuel 2003, Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, FIDH, OMCT, Ed. de l’Aube, 2004. Dresse un état des lieux de la situation des défenseurs des droits de l’homme dans le monde. Constate une aggravation de la répression et de la torture, et des tentatives de contrôle de l’information dissidente. Dénonce l’arbitraire d’Etats engouffrés dans le tout-sécuritaire et peu respectueux des droits fondamentaux.

Résister au sécuritaire : Dérives sécuritaires dans les quartiers populaires, Fondation Copernic, Hanna LAVILLE (coord.), Syllepse, 2006. Ségrégation urbaine et territoire. Ethnicisation des rapports sociaux. Approche punitive de l’éducation et de la justice. Politique locale sécuritaire (exemple d’Orléans). Touchant les populations les plus pauvres et les personnes issues de l’immigration, un projet sécuritaire « à la française » est à l’oeuvre et transforme profondément les rapports et les missions des institutions publiques avec les personnes en situation de précarité sociale. Ce constat étant fait, ce document du groupe de travail mis en place par la Fondation Copernic a pour objectif de construire les conditions d’une résistance active à cette dynamique sécuritaire.
1984, George ORWELL, Folio, 2005(réimpr.). [actu]Le livre[actu] Ecrit en 1948, ce roman décrit une Grande-Bretagne postérieure à une guerre nucléaire Est-Ouest censée avoir eu lieu dans les années 1950, et où s’est instauré un régime de type totalitaire. La liberté d’expression n’existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées, et d’immenses affiches trônent dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde » (« Big Brother is watching you »).

[actu]« De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d’en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de WINSTON… Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Pensée. »[actu].

1984, Michaël RADFORD, 1984.[actu] Le film [actu] Adaptation cinématographique du roman qui, parmi toutes les autres, semble être la plus fidèle, la plus proche du climat orwellien. Même atmosphère dérangeante, étouffante, glaciale. Mêmes thèmes : violation de l’esprit humain par le lavage de cerveau, destruction des personnalités, bannissement des sentiments, désinformation et réduction du langage afin de tuer toute réflexion et d’asservir les foules, loyauté envers l’Etat poussée à l’extrême par l’encouragement à la délation, vidéo surveillance inquisitrice.
Brazil, film de Terry GILLIAM, 1985. Inspiré par le livre 1984 de George Orwell, ce délire de visions tragi-comiques où s’estompe la frontière entre cauchemar et réalité décrit, en un temps et un lieu indéterminés, un monde devenu un enfer kafkaïen de modernité. On y retrouve l’aspect dictatorial d’un « empire bureaucratique » dans lequel le personnage principal travaille et cherche à se fondre dans la masse. Tout individualisme est interdit par la routine aliénante de cette machine. Dans cette société insensée, on ne peut être que POUR le système (fonctionnaire) ou CONTRE (terroriste). L’humour et L’imagninaire sont les 2 échappatoires utilisées par le (anti-) héros pour fuir l’enfer du quotidien et atteindre, sur les ailes du rêve, un hâvre de paix et de bonheur où la pensée peut s’épanouir.

[actu][* §… de nos peurs§ *][actu]

Le présent liquide : peurs sociales et obsession sécuritaire, Zygmunt BAUMAN, Seuil, 2007. La modernité, devenue » liquide « , a fait triompher l’incertitude perpétuelle et engendre des individus peureux, hantés par la crainte de l’insécurité.
[actu]« Des peurs diffuses, confuses, flottantes, inassignables… Ces peurs, nées de l’incertitude (combien de temps perdureront les critères de mon choix actuel ?), de l’insécurité publique (combien de temps perdurera ma position sociale actuelle ?) et privée (à quels dangers, connus ou encore inconnus, mon corps est-il exposé ?), se combinent. Elles se mêlent, suscitant une angoisse aux motifs obscurs qui pousse les gens à rechercher désespérément une cible sur laquelle la projeter…Le désir de vaincre ces peurs mène à surévaluer le troisième domaine, celui de la sécurité personnelle (en cherchant à se débarrasser des étrangers, des intrus et des importuns, du lumpenprolétariat délinquant des banlieues, des représentants malhonnêtes de l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique, des mendiants envahissants, des rôdeurs, des voyeurs et autres « harceleurs », des voisins discourtois, des fumeurs, des délinquants sexuels, etc.), car c’est le seul domaine où le pouvoir politique et les marchands de protection peuvent agir et montrer qu’ils agissent. Mais si un tel procédé de diversion vers d’autres cibles peut apaiser quelque temps cette exigence d’action, il ne saurait éliminer les peurs qui l’ont suscitée. »[actu]
(interview de Z. Bauman au Nouvel Obs, 24 mai 2007).

Sentiment d’insécurité et pensée sociale, Revue Psychologie et société, numéro 7, Eres, 2004. Thème présent dans les médias, lors des campagnes électorales, chantier juridique et sujet récurrent des conversations, l’insécurité est un élément-clé de la sociabilité actuelle. Le besoin de sécurité et de reconnaissance guide les rapports entre les personnes et entre les groupes et nourrit l' »idéologie sécuritaire » basée sur la suspicion de culpabilité et la répression. Vu comme une réponse à la criminalité, le sentiment d’insécurité n’est pas en réalité lié directement aux risques réels du milieu, il est en fait dépendant du sentiment de contrôle, de l’estime de soi, de la confiance en soi. Il s’accompagne d’un repli sur soi et d’une tendance à considérer l’environnement comme générateur d’insécurité car vécu comme impossible à contrôler.

La peur : émotion, passion, raison, dir. Anne-Marie DILLENS, Facultés Universitaires de Saint-Louis, 2006. Depuis la fin de la guerre froide, les politiques de la peur n’ont pas disparu. La peur est de tout temps mais ses formes et ses défis se renouvellent de génération en génération. La confiance moderne dans la gestion scientifique des risques et des menaces est fortement ébranlée depuis le milieu du siècle dernier. En sorte qu’il n’est pas exagéré de dire qu’un des enjeux majeurs de nos sociétés est d’assurer en même temps la gestion éclairée des peurs et le contrôle social de ce qui est censé y remédier : les compétences. Les menaces de mort qui pesaient jadis sur la culture européenne (peste noire, guerres de religion) ont causé une défiance envers autrui, mais aujourd’hui, alors que nous nous proclamons déculpabilisés, la culpabilisation de l’autre n’a jamais été autant instituée, instrumentalisée politiquement. Notre société est désormais une société du risque qui engendre la multiplication des protections et une évidence sécuritaire devant laquelle rien ne semble devoir résister.

La terreur, une passion moderne, Eric COBAST, Sirey, 2004. La société du risque actuelle (du risque individuel signe de liberté et de courage, nous sommes passés aux risques encourus collectivement et dont il faut s’assurer) marque le retour du monde de la peur où prime l’insécurité, qui conditionne les comportements collectifs ou individuels et agit sur les décisions politiques ou économiques. Notre environnement ne nous marque que s’il est susceptible de comporter un risque pour notre sécurité. Nous sommes désormais entièrement guidés par la peur, voire la terreur qui est savamment mise en scène, se diffuse dans un grand développement médiatique et paralyse la raison.
[actu][* §Epilogue en chanson§ *][actu]
La France a peur, du groupe Mickey 3d, album Mistigri Torture.

[actu]« J’allume ma télé
Je vois un p’tit gars bien sapé
Il me dit qu’ça craint
Que dehors faut pas y’aller
Que si je veux me sentir bien
Et puis pour ma sécurité
Alors je dois rester chez moi
Aujourd’hui j’ai pas le choix
Je me dit qu’il fait froid
Qu’il a peut-être raison
Il a l’air tellement sérieux sous ses allures de pauvre con[actu]
[actu]La France a peur
Tous les soirs à vingt heures
La police vous parle
Tous les soirs à vingt heures
La France a peur
(Ouhhhhh)
Tous les soirs à vingt heures
(Ouhhhhh)
La police vous parle
(Ayez confiance)
Tous les soirs à vingt heures »[actu]
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