Tout un monde lointain – Outscape

Dutilleux - Dusapin

lu, vu, entendu par GLITCH - le 19/10/2023

Henri Dutilleux (1916-2013) et Pascal Dusapin (né en 1955) sont parmi les musiciens français les plus joués dans le monde. Deux esthétiques sensuelles, l’une qui amplifie le style impressionniste de Debussy, l’autre qui mène au chant la matière éruptive de Varèse et Xenakis

Tout un monde..(1970) est un concerto pour violoncelle fabuleusement plastique. Une vision nocturne et chatoyante, au succès jamais démenti.
Plutôt qu’abolie, la tonalité est dispersée dans l’orchestre, renouvelée sans arrêt dans le flux. En 5 tableaux, tissés sous le signe de Baudelaire, l’oeuvre opère une modulation permanente de la phrase et des textures, sans heurts. Une animation détaillée, qui fait jouer toutes les fibres de l’orchestre. Le geste de Dutilleux emporte celui de Ravel, Debussy et Koechlin, et préfigure la mouvance spectrale à venir. Un monde de rêves se déroule, où la licence procède d’un génie impalpable de l’organisation. Le violoncelle de Victor Julien-Laferrière lui offre ici un mordant et une pureté idéals.

Plus dense et d’un seul tenant Outscape déplace le violoncelle depuis les lisières jusqu’au coeur de l’orchestre, jouant des nuances d’exposition du soliste.
De contractions minérales en bruissements, la matière (sombre) travaille constamment. Effrangé par les cordes, attiré vers le grave de la clarinette basse ou les lueurs vives des flûtes (traversière ou piccolo), l’instrument est recouvert, doublé, troublé, filtré.. Il se dégage parfois pour d’amples respirations, qui ponctuent cette rhapsodie habile et capiteuse.