
The belly button of the world
Goran Bregovic
lu, vu, entendu par Civodul - le 12/09/2023
Coucou le revoilou. Après une éclipse de deux années le Francis Lai des Balkans rempile brillamment avec un album oecuménique et enthousiasmant.
Ca a le goût d’une B.O., dont le film n’existe pas. Des musiques dites “du monde” aussi, puisque Bregovic appose sans complexes sa papatte ethnique, cuivrée et tonitruante, qu’on ne présente plus.
Mais bien sûr il y a plus dans cet enregistrement inclassable, composé de cinq chapitres aux titres évocateurs : d’abord “le nombril du monde”, puis “un moment de mélancolie”. Suivent trois “contes musicaux” qui s’inspirent des trois grandes traditions monothéistes : chrétienne, juive et musulmane, on veut bien le croire quoique les références religieuses n’affleurent guère et que les différences stylistiques s’estompent sous une épaisse – et ô combien délicieuse – couche bregoviesque. Pour sûr Goran est complètement à l’est : les choeurs masculins, aux belles voix lyriques, sont manifestement d’inspiration orthodoxe et les quelques solos vocaux arabisent allègrement. Le violon vibrionne façon klezmer et comme toujours le trombone de la fanfare fanfaronne. Pour son tryptique Bregovic a choisi la forme concertante, les trois violonistes virtuoses (Neskovic, Leizeson et Zouari) y dialoguent avec l’orchestre des noces et des funérailles. Dans un univers de contrastes où le violon suraigu côtoie l’infra-grave des basses octavistes. Les polyryhmies sont un travail d’orfèvre, la touche humoristique est bien dosée et tout cela sonne terriblement naturel et extrêmement écrit.
Bregovic, qui ne lésine pas sur les effets qui plaisent a, une fois de plus, réussi son coup : le numéro de charme fonctionne et on en redemande.
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