Tant qu’il reste des îles

Martin Dumont

lu, vu, entendu par Yôzô-san - le 30/04/2021

Trois ans après "Le chien de Schrödinger" dans lequel il contait l'amour d'un père pour son fils mourant, Martin Dumont revient avec un roman subtil et intimiste qui nous entraîne loin de notre quotidien, vivre au rythme des marées sur une île bretonne.

Qui n’a jamais rêvé de tout plaquer et de partir vivre sur une île ?

Être insulaire c’est vivre dans un microcosme, croiser chaque jour les mêmes personnes, travailler toute sa vie dans la même entreprise et bien sûr partager les joies et coups durs qui égrènent le quotidien des autres insulaires. Être insulaire c’est aussi un privilège incroyable. Celui de vivre dans un espace naturel hors du temps, préservé dans l’ambre, entouré d’une mer envoûtante.

Tant qu’il reste des îles est un roman qui, vous l’aurez compris, nous plonge au cœur de l’insularité. Le récit se déroule sur une petite île bretonne où l’on suit Léni qui travaille sur un chantier naval à réparer les bateaux qui se sont abîmés sur les récifs environnants. Mais le changement arrive… Léni vient de divorcer et son ex-femme avec qui il partage la garde de leur fille a déménagé sur le continent. Et voilà qu’un immense pont routier commence à se bâtir pour relier son île à la terre ferme. Un colosse impressionnant de béton et de tiges d’acier qui menace son jardin d’Eden, et par là, toute son identité.

Avec son talent de conteur Martin Dumont parvient à nous extraire de notre temporalité pour nous transporter dans un écrin de roche, de verdure et de sable situé au milieu de l’eau. Des visions de Groix, Bréhat, Batz ou Hoëdic affleurent au fil des pages. Tant qu’il reste des îles est un roman émouvant dans lequel Martin Dumont évoque avec pudeur les paysages bretons qui lui sont chers, et ces hommes et femmes soucieux les uns des autres que sont les insulaires. Un très beau voyage.