
Sugar
Nina Robert
lu, vu, entendu par Pseudo - le 08/02/2023
La réalisatrice Nina Robert, productrice associée chez Citizen Films au côté de son père le journaliste Denis Robert, signe ici un documentaire sur le phénomène tabou des « sugar baby ». Un huis-clos intimiste et fascinant.
Cinq jeunes femmes sont filmées anonymement ou à découvert dans les chambres coquettes et duveteuses d’un château, entre les murs tapissés de fleurs pastel et les décorations rococo.
Entourées de leurs accessoires, robes, chaussures et maquillage, elles racontent avec franchise, lucidité et sans pathos la réalité de leur activité : le sugar-dating.
Une activité qui survient parfois en parallèle des études et qui est pour beaucoup de jeunes femmes, une plongée généralement temporaire mais extrêmement violente dans le monde de la prostitution « de luxe ».
Elles fréquentent des hommes plus âgés, majoritairement riches et doivent incarner le personnage de la petite amie, le temps d’une soirée ou plus.
Derrière ce jeu de dupe, triste poncif de la prostitution, que l’on imagine creux, on découvre des jeunes femmes aux prises avec leur esprit critique, leur complexité, leur modernité, leur féminisme.
C’est bien le récit de leur parcours psychique, jalonné de sentiments contraires et piégeurs, qui intéresse la réalisatrice :
Le questionnement initial, les premières approches avec la promesse d’un arrêt rapide, l’auto-persuasion, le détachement forcé, la culpabilité, l’accoutumance et finalement la révolte.
Qu’est-ce qu’une sugar baby ? « Le symptôme d’un monde capitaliste, patriarcal et brutal » explique une des interviewées.
Sugar met en lumière le déterminisme social subit par toute une génération de jeunes femmes aux prises avec un patriarcat économique tentaculaire.
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