
Spencer (bande originale du film)
Jonny Greenwood
lu, vu, entendu par Civodul - le 18/08/2022
L’intro [arrival] annonce bien la couleur : l’oncteux adagio albinonique des cordes se trouve rapidement percuté par les hurlements grinçants de la trompettte, façon ascenseur pour l’échaffaud. Et là, tout de suite on se dit qu’il va y avoir du grabuge. Yes indeed.
1991, pendant ses vacances de Noël avec la famille royale, Diana, Princesse de Galles (née Diana Spencer), comprend que son avenir, s’il existe, a déjà été écrit pour elle. Encagée avec un mari volage dans une prison dorée, elle se devrait de préserver les royales apparences. Pourtant, prenant son destin en main, elle décide de mettre un terme à ce mariage étouffant.
Toute la bande-son du film de Pablo Larrain repose sur cet habile procédé qui consiste à fusionner deux styles musicaux en principe in-mariables. D’une part la pompe royale British, superbe, séculaire, amidonnée, parfaitement illustrée par le style baroque traditionnel, friand de leitmotivs (superbe travail sur les variations du thème bachien qui irriguent tout le film). Et d’autre part les battements d’ailes affolés de l’oiseau prisonnier, bien décidé à s’envoler – sachant qu’il y laissera des plumes – symbolisés par les accents rétifs et désordonnées du free jazz. La recette ainsi analysée peut sembler triviale mais force est de constater que tout cela fonctionne magnifiquement. La B.O. se dévide dans une atmosphère équivoque toute en tension/détente, à tel point que l’auditeur, comme hypnotisé, se demande tout du long si c’est du bacon ou du cochon.
Saluons, une fois encore, le talent de Jonny Greenwood (ex Radiohead éclectique), qui élabore pour notre plus grand plaisir une ambiance musicale originale, tragiquement évocatrice, d’une beauté singulière, sombre et vénéneuse.
- Thème de Spencer
- Arrival
- Partita en five for two organs
- New currency
Poster un commentaire