
Rosetta
Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne
lu, vu, entendu par Pam - le 02/04/2025
"Tu t'appelles Rosetta, je m'appelle Rosetta". Exister, coûte que coûte.
Rosetta, 18 ans, perd son emploi en usine, Rosetta n’abdique pas, Rosetta se bat, Rosetta s’accroche, il faut l’intervention de la police pour la déloger.
Cette jeune femme est une énergie, une colère, un bulldozer toujours en marche, en course, le regard droit, le visage, quoiqu’encore un peu poupin, verrouillé et rageur.
Sa détermination furieuse n’est pas anodine : Rosetta se débat pour survivre (« Tu ne tomberas pas dans le trou, je ne tomberai pas dans le trou. » se répète-t-elle inlassablement). Elle habite dans une caravane dans un camping avec sa mère sans-emploi et alcoolique qui offre son corps pour assouvir son addiction. Rosetta est intraitable avec sa mère, intraitable avec les employeurs sans états d’âme, intraitable avec le jeune homme employé d’une baraque à gaufres (Riquet, premier rôle de l’excellent Fabrizio Rongione) qui veut l’aider et reste constant et présent malgré tout.
Cette force herculéenne déployée constamment finira par se rompre en toute fin, la carapace fissurée va ouvrir un interstice non de capitulation mais de libération des émotions, promesse d’une ouverture et d’une acceptation de la main tendue …
Rosetta fut le premier rôle de la lumineuse Emilie Dequenne, qui vient de succomber à un cancer à l’âge de 43 ans. Ce rôle qu’elle tint avec une intensité, une puissance et une profondeur éclatantes lui avait valu le Prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes en 1999.
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