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POST-ROMANTIQUE

Comment moins de romance pourrait sauver l’amour (et la société)

LAURENT-MAYARD Aline

« À force d'être évoqué et valorisé, le sentiment amoureux est passé d'une possibilité agréable à une étape évidente de la vie, avant de devenir un critère incontournable du bonheur. »

La journaliste Aline LAURENT-MAYARD questionne ici les pressions sociales entourant le concept de romance. Elle étudie des cas de fonctionnements alternatifs au couple romantique, dont le sien. Elle invite à réinvestir toutes nos relations afin que chacun puisse y trouver son équilibre, même si celui-ci s’avère être aux marges des attentes sociétales.

Depuis plus jeune, et comme beaucoup de monde, l’autrice a souvent entendu « quand tu te marieras », « mais un jour tu trouveras le bon ». Pourtant, elle n’a jamais réellement ressenti d’attrait à l’idée de se mettre en couple avec qui que ce soit. Elle a attendu, et attendu, sans coup de foudre dévastateur remettant en perspective sa vie. L’imaginaire médiatique et sociétal pousse à cette idée que le couple reforme notre mode de vie, changeant la fonction d’une personne (pour la CAF, il est parfois plus important de savoir si vous êtes en couple plutôt que si vous êtes pauvres, même si vivre en colocation n’est pas si différent d’un concubinage). D’ailleurs, il est vécu comme un drame familial que l’enfant désire rester seul.e (sans partenaire et/ou sans enfant) : « mais pourquoi ferais-tu une chose pareille ? Tu n’as pas peur de vieillir seul.e et que personne ne s’occupe de toi ? Tu vas être triste sans amour, etc. ».

C’est pour cela que les personnes aromantiques et asexuelles (qui ne ressentent peu ou pas d’attirance romantique et sexuelle, peut également être qualifié d’aro/ace) sont considérées, encore aujourd’hui, comme « malades » ou « défaillantes ». La journaliste étudie cela, étant elle-même aro/ace. Découvrir qu’elle faisait partie d’une communauté l’a libérée intérieurement des injonctions qu’elle s’auto-imposait. Cependant, ce mode de vie est en total contraste avec l’injonction sociétale. Étant mère célibataire, elle compte sur son cercle amical et familial et l’amour que ces personnes lui portent afin d’organiser sa vie. Or, il est ardu de vivre lorsque tout est mis en place pour un couple : achat immobilier, locations suffisamment spacieuses pour accommoder un enfant, modes de garde. Tout est pensé est construit afin de fonctionner sur la provision de deux salaires, ou en considérant que l’une des personnes servira d’éducateur et de gardien constant pour le ou les enfants (parent au foyer).

Aline LAURENT-MAYARD étudie tous ces biais sociétaux, et invite tout le monde à repenser ses relations. À aimer son entourage avec autant de tendresse qu’on aimerait un.e partenaire romantique. L’amour a toujours pris diverses formes, mais depuis seulement quelques siècles, l’amour romantique est considéré comme la forme supérieure d’affection. Cela doit-il pour autant être le cas pour tout le monde ?

Son étude détaillée et argumentée offre un regard nouveau sur la construction et le fonctionnement de notre société. Ce livre met en lumière des choses qui nous sont imposées depuis le plus jeune âge sans que nous ne nous en rendions compte. Il est agréable également de pouvoir se sentir compris.e lorsque, comme l’autrice, l’amour romantique ne ferait pas partie de nos priorités de vie, voire n’est pas du tout considéré comme une chose attrayante. Une lecture éclairante, qui permet de prendre du recul sur nos propres attentes.

Voir dans le catalogue de la BML

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