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Plexiglas mon amour

Éric Chauvier

La pandémie est parmi nous, c’est certain.

Pour le reste, le narrateur se pose pléthore de questions. Pourquoi ses enfants qui regardent à la télé les Ch’tis à Miami, regardent-ils en même temps des vidéos sur leurs smartphones ? Pourquoi sa femme Marie nettoie-t-elle avec tant d’application la protection en plexiglas désormais obligatoire à son travail ? Et surtout pourquoi son vieil ami Kevin, perdu de vue depuis des années, dévalise-t-il les stocks de vitamine C et de chlorure de magnésium de la pharmacie ?

En le retrouvant par hasard, le narrateur s’imagine qu’ils vont pouvoir parler du bon vieux temps, évoquer les filles et la musique de leurs années d’étudiants en philosophie. Et bien non ! Car Kevin a d’autres préoccupations. Il prépare sa survie, installé dans une maison dans les bois afin d’y créer sa propre BAD (base autonome durable) et suivre les préceptes d’Heidegger énoncés dans sa conférence « Bâtir, habiter, penser ». Heidegger ? Ce nazi ! s’insurge le narrateur. Mais Kevin n’a pas l’âme rigolarde. Peu à peu son discours délirant va faire douter notre héros qui en vient même à se demander si suivre Kevin au fond du bois n’est pas la solution ultime.

Éric Chauvier aborde dans son roman les grands bouleversements provoqués par la pandémie, c’est à la fois tragique et drôle. Il sait rendre son texte savoureux par des ruptures de tons souvent pleines d’humour, comme lorsqu’il réfléchit, avec une angoisse grandissante, à la vision du monde que la crise sanitaire peut inspirer à ses enfants et quelle forme prend leur inquiétude et conclut :

Je n’aurais pas dû faire d’enfants.

Voici donc un roman qui pointe avec subtilité les égarements, les contradictions et les hypocrisies du merveilleux monde d’après.

Voir dans le catalogue de la BML

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