
Mémoires d’un corps brûlant
Antonella Sudasassi
lu, vu, entendu par Pam - le 06/05/2025
Délivrance d'un corps vivant
“Ce film est la conversation que je n’ai pas eue avec mes grands-mères.”
C’est par ces mots que ce film hispano-costaricien à la forme duelle, entre documentaire et fiction, commence. On entend plusieurs voix de femmes âgées qui libèrent une parole directe, franche, crue, restée longtemps muette, à propos de leur sexualité passée et actuelle, leurs souffrances et leurs vies contraintes par leurs pères, mères, maris.
Toutes ces femmes sont incarnées à l’écran en une seule, Ana, personnage donnant corps à leurs témoignages réels.
Le dispositif de cet hymne à la liberté est créatif : on ne sort pas de l’appartement où l’héroïne nettoie des cadres-photos, remplit des cartons, casse le verrou d’une porte (non sans raison, terrible) et côtoie ses doubles enfantin, adolescent et adulte sortis de sa mémoire, de ses mémoires en l’occurrence puisque sa bouche est la bouche de celles que l’on découvre à la fin, visages pudiquement cachés mais corps somptueusement dévoilés dans leur beauté et leur chair triomphante.
Elles sont enfin affranchies de l’oppression à l’oeuvre depuis leur naissance et de l’ignorance soigneusement maintenue pour mieux les asservir.
Elles ressentent enfin “cette liberté, celle d’être selon son coeur qui n’a pas d’âge, ni de sexe, ni de genre, cette liberté de ne plus porter ce fardeau”.
Elles vivent enfin pleinement leurs désirs, avec joie et plaisir, en un brasier inextinguible.
Car, malgré les interdits, malgré les humiliations, malgré les violences, malgré l’étouffement des désirs, le “corps d’une femme brûle toujours”.
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