Le village des sourds
Léonore Confino
lu, vu, entendu par Clémence - le 16/11/2024
Une fable humaniste qui célèbre l'importance du langage et des liens sociaux qui nous unissent.
Dans le petit village d’Okionuk, au nord du globe, cent habitants vivent en harmonie. Parmi eux, la petite Youma, 14 ans, qui est sourde.
La vie du village est bouleversée par l’arrivée d’un marchand proposant des produits aussi surprenants que superflus (aspirateurs de table, voitures de sport, …). Pour les acheter, il faut payer en mots, et ceux que l’on aura choisis ne pourront plus être prononcés.
Les habitants vont petit à petit céder aux sirènes de la modernité. Ils sacrifient de plus en plus de vocabulaire en éliminant d’abord les termes non essentiels, puis les autres. Et finissent par s’enfermer chez eux avec leurs nouveaux objets.
Youma, son interprète Gurven, et son grand-père sont les seuls à avoir conservé une langue de résistance, la langue des signes. C’est grâce à eux que le village sera sauvé.
Ce conte poétique et truculent est une ode à la fraternité.
La particularité de cette pièce est que le rôle de Youma est interprété en langue des signes française.
L’autrice
Léonore Confino est née en 1981, elle a écrit une dizaine de pièces, dont Ring et Building sur les thèmes du couple et du travail.
Le village des sourds a été joué au Théâtre du Rond-point en 2023.
Extrait
Voir dans le catalogue de la BMLSi vous veniez chez moi, à Okionuk, vous diriez que tout est blanc.
Mais pour moi qui suis née ici, rien n’est jamais tout à fait blanc.
Nous avons le blanc cru, le blanc cuit, le blanc farine, le blanc albinos, le blanc albatros, le blanc squelette, et même le blanc noir, quand la pleine lune se reflète sur nos lacs gelés.
Non. Ne cherchez pas. Nous n’apparaissons pas sur vos cartes.
Okionuk est une petite pustule de cent habitants, accrochée au nord-nord-est du monde.
Nous sommes l’un des sept villages de la Paliouquie. Bon, la Paliouquie ne vous dira rien non plus.
Nous ne sommes pas ce qu’on peut appeler « une région touristique ».
Les étrangers supportent mal nos températures. Quand ils n’ont pas assez de graisse, ils congèlent. Raides comme des statues.
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