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Le chant des oyseaulx

Antoine Ouellette

Voici une nouvelle édition d'un ouvrage paru en 2008. L'auteur canadien, biologiste, musicien et musicologue, propose une approche originale et passionnante aux confluents de l'ornithologie, de l'écologie et de la musicologie.

Le chant de l’oiseau a toujours éveillé la curiosité de l’homme et le chant du coq l’homme tout court.

Mais pourquoi diable les derniers dinosaures chantent-ils ? D’un point de vue biologique le chant est pour l’oiseau une signature unique – à quelques variantes locales près – le langage commun à tous les individus d’une même espèce : si le chant est différent alors l’espèce est différente. Le chant est bien sûr utilitaire, sert à effrayer l’ennemi, délimiter un territoire, séduire un futur conjoint, mais par delà ces contingences, il est parfois délivré sans autre objet que lui même, manifester sa joie, saluer le jour nouveau. La gratuité du “chant d’aurore” n’évoque-t-elle pas la supérieure beauté de l’art pour l’art ? ou tout simplement pour le plaisir, ce qui dénote à coup sûr une autre forme d’intelligence. Notre tête de linotte serait-elle plus fine qu’elle n’en a l’air ? Ouellette livre quelques anecdotes surprenantes ou cocasses à propos de l’intelligence aviaire, de l’étourneau musicien dressé de Mozart au perroquet de la Castafiore.

Le chant de l’oiseau, en partie inné, en partie acquis est évolutif, il est à la fois langage et musique, peut-être l’équivalent de ce supposé proto-langage chez l’homme, tronc commun qui aux commencements aurait précédé deux fonctions différenciées. L’hypothèse de deux branches, issue d’un même tronc, devenues distinctes au cours de l’évolution est certainement séduisante. Nous voilà à présent proches de l’anthropologie et de la linguistique…

… Ou de l’éthologie quand on commence à comparer la musique de l’oiseau à celle de l’homme, ce que fait l’auteur avec subtilité, en présentant les analyses d’un autre spécialiste, François Bernard Mâche. Gros plan sur les gazouillis, pépiements, trilles et autres glissandis des nos amis à plumes. Leur chant obéit à une syntaxe ordonnée, selon des échelles stables où apparaissent des “gammes”, voire des notes toniques et connait des procédés similaires aux nôtres : transposition, improvisation sur un thème. Le chant des oiseaux serait à rapprocher des certaines musiques de tradition orale, mélismes du grégorien, improvisation sur des modes fixes de la musique indienne.

Impossible dans ce court article de mentionner tous les points abordés par Ouellette. Citons tout de même brièvement l’analyse des “paysages sonores” engendrés par les oiseaux, qui changent de chant comme de chemise selon le temps de la journée (voir le livre d’heures du moine) ; divers tapages et ramages nocturnes très chouettes  (voir le dépôt de plainte du dormeur dérangé) ; l’analyse technique et musicologique des mélopées aviaires sans pulsation régulière (voir les fractales du mathématicien ou les apports de l’Ars Nova ) … etc

Bref un livre transdisciplinaire, foisonnant, qui invite à la découverte, à la réflexion, à l’écoute. Un livre pour curieux de tous poils et toutes plumes.

Quelques phonogrammes issus de nos collections .

Voir dans le catalogue de la BML

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