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L’art du chant

Sigismond Thalberg

On prétend généralement que l'instrument dont la sonorité est la plus proche de la voix humaine est le violoncelle. Mais le piano sait lui aussi admirablement chanter, ainsi qu'en témoigne le volume de Sigismond Thalberg (1812-1871). Cet ensemble comprend des transcriptions d'oeuvres vocales des époques classique et romantique.

Thalberg fut une figure majeure du piano virtuose du XIXème siècle, rare concurrent sérieux au géant Liszt. Le public parisien, déjà avide de “battles”, entretint passionnément cette rivalité au sommet, à coups de concerts spectaculaires et médiatisés. Le climax de ce combat singulier fut le “duel” de 1837 qui se tint dans un salon princier et dont les deux concurrents sortirent “vainqueurs” : “Thalberg est le premier pianiste du monde, mais Liszt est le seul”, déclara diplomatiquement la Princesse en charge du verdict.

Si Thalberg est assez largement oublié aujourd’hui c’est sans doute que, d’une part, son génie va plus à la transcription des oeuvres d’autrui qu’à la composition d’oeuvres originales et que, d’autre part, les paraphrases virtuoses d’opéras en vogue à son époque connurent – le goût du public évoluant – une réelle désaffection à l’aube du XXème siècle.

Mais le but de l’art du chant appliqué au piano n’est pas tant de subjuguer que d’émouvoir : il ne s’agit pas de paraphrases brillantes et virtuoses mais de transcriptions visant à restituer le plus fidèlement possible l’original vocal. Il faut pour cela parvenir à faire chanter le piano. Les cordes, frappées,  de l’instrument, contrairement aux cordes vocales ne peuvent moduler le son  ainsi que le fait un chanteur. Et c’est là qu’intervient tout le talent de Thalberg. Au moyen d’habiles ajustements il exploite les registres et la résonance des pédales pour donner l’illusion d’un son soutenu, prolongé avec des dynamiques imitant étonnamment le chant humain. Passant d’une main à l’autre, enrobé d’arpèges,  le dessin de la mélodie – ou son illusion parfaite – se trouve magiquement reconstitué dans l’oreille de l’auditeur : le piano à proprement parler  “chante”.

 

 

  • Adelaïde, mélodie de Beethoven (et son original)

 

Ces belles pages sont interprétées par Paul Wee, avocat, mais aussi pianiste plein de sensibilité.

Voir dans le catalogue de la BML

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