La petite voiture rouge au fond de mon tiroir
Philippe Duverger
lu, vu, entendu par Sabine Bachut - le 11/03/2015
Le témoignage de Philippe Duverger, pédopsychiatre, sur les histoires poignantes de ses enfants et adolescents en souffrance
Philippe Duverger, pédopsychiatre et “artisan de rencontres”, évoque dans son ouvrage l’histoire et les souffrances des enfants et adolescents qu’il a rencontré tout le long de sa carrière : Louise, rejetée par sa mère, Clara la boulimique, Garance la petite fille riche, Inès qui a si peur de vomir… Empathie, patience et respect sont les maîtres mots de ce praticien qui voit ses enfants avancer doucement vers la guérison et le mieux-être. Mais il a aussi le courage de relater ses échecs, ceux qu’on ne pourra pas sauver et qui restent au bord de la route… Son témoignage reste plein d’espoir et permet de mieux comprendre les mécanismes en œuvre dans le fonctionnement psychologique des enfants et adolescents.
Il explique sa démarche sur le blog d’Elsevier-Masson : “La problématique principale vise à prendre en compte la dimension psychique dans un hôpital général où le corps est l’objet de toutes les attentions.”
Un petit extrait :
“Kévin, le rebelle triste
Il est venu aux urgences parce qu’il avait mal au dos depuis une semaine. On lui a fait des radios, donné du paracétamol, mais sa mère est très inquiète : son fils ne veut plus aller en cours, paraît de plus en plus triste, a des idées noires, suicidaires parfois… Alors les urgentistes m’appellent.
Kévin a 15 ans et d’emblée, avec moi, il est sur la défensive. Tendu, presque hostile, il déclare qu’il n’a rien à dire, ni à moi, ni à personne. J’entrevois sa tristesse, et surtout la tension qui suinte de tout son être et occupe le devant de la scène, comme pour me signifier de ne pas approcher.
En fin d’entretien, il reconnaît, presque à contre-coeur : “Oui, je suis triste, oui, j’en ai marre du collège, marre de tout, de tout le monde, même des copains… Je dors mal, je n’ai envie de rien, vraiment de rien.” Il marque une pause et ajoute : “Mais fichez-moi la paix, je veux qu’on me laisse tranquille !”
[…] Un seul propos, une seule idée, une seule certitude. Sans son père, plus rien n’est envisageable. Et, pour se défendre de la réalité de cette mort insupportable, il surinvestit l’imaginaire, envahi par le fantasme de la mère coupable de tout, comme un credo répété en boucle, qui, sans doute, le protège et lui évite de s’interroger.”
Sur le blog d’Elsevier-Masson, le pédops
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