Ici n’est plus ici

Tommy Orange

lu, vu, entendu par Benoît S. - le 06/05/2024

Le premier roman de Tommy Orange, qui a rencontré un vif écho outre-Atlantique, est un grand livre sur l’identité. Mais une identité contrariée, tourmentée.

Il n’y a qu’à observer les destins intranquilles de la douzaine de personnages d’Ici n’est plus ici, tous usés par une guerre psychologique qui ne dit pas son nom. Ces existences disjointes, sans relation apparente, viennent nous rappeler combien la transmission de cet héritage amérindien s’avère impossible et ne peut être abordé que de manière fragmentée, plurielle. Car, les Indiens ont été non seulement décimés mais ensuite réduits à l’état de créatures à plumes. Folklorisés. Assignés à une identité, ils n’ont dès lors d’autre choix que de se taire et d’être racontés par les vainqueurs. Tommy Orange nous fait entendre justement ici la voix singulière des Indiens du 21^e siècle, citadins, alors que les buildings en verre et en métal ont enseveli à jamais les grandes plaines et les montagnes sacrées.