La grande santé
Frédéric Badré
lu, vu, entendu par Ophélie Cap' culture santé - le 17/07/2015
« La maladie me libéra lentement : elle m’épargna toute rupture, toute démarche violente et choquante. […] La maladie me conféra du même coup le droit à un bouleversement complet de toutes mes habitudes : elle me permit, elle m’ordonna l’oubli ; elle me fit le cadeau de l’obligation à la position allongée, au loisir, à l’attente et à la patience…Mais c’est cela qui s’appelle penser ! » Nietzsche, extrait de “Ecce Homo”.
Que faire lorsque notre corps nous rappelle brutalement sa condition mortelle ? Pour tenter d’apporter une réponse à cette question, Frédéric Badré écrit La grande santé, un livre tout en pudeur et sobriété.
Le titre de cet ouvrage fait référence au concept nietzschéen de la grande santé qui désigne la capacité de chacun à apprendre sur lui-même, à se dépasser sans cesse, à se diriger vers de nouvelles perspectives. Une « puissance créatrice » qu’il s’agit de mettre en lumière tout au long de sa vie.
Atteint de sclérose latérale amyotrophique, (ou maladie de Charcot) une maladie dégénérative du système nerveux, Frédéric Badré mène sa réflexion sur la déliquescence de son corps.
Pourtant, si ce corps lui est infidèle, les souvenirs et émotions artistiques restent bien présents. Frédéric Badré convoque les réminiscences de l’enfance, mais aussi les souvenirs littéraires. Il établit notamment un parallèle bouleversant entre lui et Gregor Samsa, (personnage du roman La métamorphose de Kafka), qui se réveille un matin dans la carapace d’un scarabée.
Il revient également sur le « Ice Bucket Challenge » (défi du seau d’eau glacée) un geste devenu viral sur les réseaux sociaux durant l’été 2014. Il consiste à se renverser un seau d’eau glacée sur la tête, puis à inviter d’autres personnes à reproduire ce geste. L’auteur s’intéresse au caractère christique de ce geste : « L’eau glaciale doit symboliquement laver le malade de son mal. C’est bien d’un baptême qu’il s’agit, suivi d’une renaissance ». Il reconnait également la force de cette médiatisation, qui a permis de récolter plus de 100 millions de dollars pour la recherche contre la maladie Charcot.
La grande santé décrit la quotidienneté de la souffrance sans complaisance, mais évite le misérabilisme, écueil pourtant classique des témoignages de patients.
Pour en savoir plus :
L’émission de France culture La dispute littéraire (la discussion sur l’ouvrage commence à partir de la 44ème minute environ)
Une critique et des extraits de l’ouvrage, publiés sur le site du journal L’express
Le magazine Transfuge n° 89 (Juin-Juillet 2015) propose une critique de l’ouvrage page 58. Si vous êtes abonné à la bibliothèque, vous pouvez consulter ce numéro en ligne ici
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