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Enchantée

Annkrist

Pour les mémorialistes de la scène bretonne c’est une renaissance, pour le reste du monde c’est une découverte.

 Avec ce coffret (1975-1986), ce sont 10 ans de chansons, 38 titres et 5 albums (dont 2 Grand-prix Charles Cros) qui sortent de l’oubli.
La totale (ou presque). C’est de la poésie, ça dit, ça raconte des choses élémentaires, mais qu’on ne s’était jamais dites. Ou alors pas comme ça, pas avec ce tranchant, ce rythme, ces images.

Pas de tour de chauffe ou de premiers pas. On rentre cash dans le folk à texte, le blues à guitare point barre. Ca commence avec le brûlot pénitentiaire de Prison 101, qui aurait chauffé les gorges des détenus de la Santé. « Qui chante combat » dit-elle, on la croit.

Annkrist, c’est une brique de Colette Magny pour la ferveur rouge et la raucité, un manteau de Barbara pour la grâce noire et le frisson. Et entre les deux, le vibrant de Piaf.

La production passe sans souffrir le piège des années 80. Le poème chanté s’allonge, et se musicalise. Les textes se drapent de synthés, se piquent de piano, se posent sur une basse.

La chanteuse se rapproche des rhapsodies incantées de Ferré. La vague prog et free-jazz est passée par là, qui prend le relais du combo folk guitare-voix. Et la plume, la flamme, la voix sont intactes.

Un disque si beau qu’il devrait reposer auprès de chaque matelas, des couvertures indiennes, des nuits qui s’étirent

Libération, 1975
Voir dans le catalogue de la BML

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