Acquainted with night
Lael Neale
lu, vu, entendu par Damien B. - le 03/07/2021
En musique comme dans tout art, rien n’est plus difficile que la simplicité. Avec son deuxième album Acquainted with night, la musicienne américaine Lael Neale résout magiquement ce paradoxe avec ses mélopées folk aussi délicates que bouleversantes.
L’aspect faussement amateur de ce disque ne doit pas nous tromper : Acquainted with night est un petit chef-d’œuvre et révèle une artiste fascinante, une faiseuse de chansons aussi fragiles qu’entêtantes. Originaire de Virginie, Lael Neale a composé ce disque à Los Angeles. A la faveur d’un retour à la campagne et à une économie de moyens, elle a enregistré ce deuxième album avec l’aide de Guy Blakeslee, dont nous vantions le Poscards from the edge il y a quelques mois.
La jeune trentenaire s’est armé de sa guitare acoustique et surtout d’un omnichord (sorte d’auto-harpe électronique des années 80), instrument aux vibrations la fois désuètes et magiques. Ce choix instrumental contribue à la douce mélancolie de ces dix symphonies de poche, dans lesquelles l’américaine imprime ses mélodies limpides.
Si elle explore des sujets plutôt sombres (la solitude, la mortalité), Lael Neale en tisse des mélopées folk chatoyantes, à la fois intimistes et universelles. Taillées dans le dépouillement, chaque chanson nous plonge dans une sorte de langueur inquiète, où tout sonne pourtant juste.
Adepte des choses simples et anciennes, l’américaine puise son inspiration dans la poésie et les traditions country/folk des Appalaches. Rêveuse et terrienne à la fois, elle s’inscrit dans une lignée d’artistes un peu indomptables, d’autres “familières de la nuit” comme Karen Dalton ou Angel Olsen.
La mise en son de Guy Blakeslee, en gardant le souffle usé d’un magnéto 4-pistes et un écho 60’s, enveloppe le disque dans une exquise poussière lo-fi.
Acquainted with night ressemble à un trésor caché, une sorte de lost tapes (cassettes perdues) retrouvées dans le grenier, et mis au jour par le légendaire label US Sub Pop. Le trésor, ce sont ces chansons gracieuses, à mi-chemin entre la Carter Family et Lana del Rey, sans la théâtralité. Bouleversant.
Voir dans le catalogue de la BML
Poster un commentaire