Théâtre
Saint Valentin : notre palmarès des baisers au théâtre
Publié le 13/02/2009 à 10:43 - 4 min - Modifié le 23/03/2022 par le département Arts Vivants à la médiathèque de Vaise
Si de nombreux baisers restent dans la mémoire du cinéma, qu’en est-il au théâtre ? La Saint Valentin étant une période tout à fait propice à ce genre de réflexion métaphysique, nous avons essayé de retrouver la trace des baisers les plus chauds-brûlants dans l’histoire du théâtre et d’en dresser un palmarès comme d’habitude purement subjectif !
La palme du baiser le plus authentique a été attribuée à Vous êtes tous des fils de pute de Rodrigo Garcia.
“Des baisers tendres, avides
des baisers
bien baveux,
des baisers donnés par des bouches arides,
dents contre dents, les canines
jusqu’à l’os,
des visages frénétiques et pourtant beaux,
des silences agités,
des pauses débordantes, des regards
limpides comme le premier regard,
pas mal d’innocence,
aucune trace de peur,
de doux mauvais traitements, des promesses
de perversion, les vêtements, les vêtements, les vêtements,
la façon d’arracher les vêtements (…)”
La palme du baiser le plus infidèle a été décernée, quant à elle, à Vingt-neuf degrés à l’ombre de Eugène Labiche.
Le bel Adolphe est invité à passer une journée d’été à la campagne chez les Pomadour.
Le chablis et un tempérament ardent ont poussé Adolphe à voler quelques baisers à Mme Pomadour dont il est difficile de dire qu’elle n’est pas consentante…
Mais le mari a surpris la scène. Sa vertu bourgeoise et un courroux verbal excessif le conduisent au duel… Avant qu’il ne se rende compte des conséquences de son acte : il risque d’être tué !
Il s’emploie alors à rendre impossible ce maudit duel ce qui est difficile car son épouse pousse cet héroïsme conjugal jusqu’au sacrifice suprême.
Mais Pomadour parviendra à faire remplacer le duel par le versement d’une amende au profit de l’école de la commune, tandis que son épouse, sans doute déçue, accordera au bel Adolphe une tendre attention… prometteuse de fortunes futures.
La palme du baiser le plus poétique et charnel revient tout naturellement à Amante de Saint-John-Perse, extrait d’AMERS.
“Ta langue est dans ma bouche comme sauvagerie de mer. Le goût de cuivre est dans ma bouche. Et notre nourriture dans la nuit n’est point nourriture de ténèbres, ni notre breuvage, dans la nuit, n’est boisson de citerne.”
Ce texte raconte une nuit d’amour où la quête érotique s’enlace aux forces de l’univers…
La palme du baiser le plus tragique a été remis sans conteste à la Reine morte de Henry Montherlant.
Ce texte s’inspire de l’histoire tragique d’ Inès de Castro, fille bâtarde de Pedro Fernandez de Castro. Elle fut décapitée sur l’ordre du roi du Portugal Alphonse IV, car elle était la concubine de l’infant Pedro, le prince héritier. Celui-ci se révolta et se lanca dans une guerre civile. Victorieux, il devint Roi. Il affirma avoir été l’époux d’Inès et lui fit construire le magnifique monastère d’Alcobaça, fit couronner le cadavre de sa maîtresse avant d’obliger les courtisans à venir baiser la main de la Reine Morte…
Le baiser le plus original, du bout des… doigts, a été remis à A ROSE IS A ROSE IS A ROSE de Ivana Sajko.
“MAINTENANT OU JAMAIS.
Il regarde devant. Elle regarde devant.
Puis lui à droite. Elle toujours devant.
Il tourne la tête vers l’avant. Elle se tourne à gauche.
Puis elle retourne la tête vers l’avant. Il regarde à nouveau à droite.
Elle à nouveau à gauche. Il la regarde.
Elle : expiration. Lui : inspiration. Ils respirent.
Il bouge la main droite. Elle lève le doigt gauche.
Lui d’un centimètre. Elle d’un millimètre. Deux. Trois. Quatre.
Lui à droite. Elle à gauche.
Ils regardent à nouveau devant . Ils sont trop loin.
Ensuite, lui, fait un pas à droite. Elle un pas à gauche.
Puis encore un. Plus rapide.
La main rencontre le doigt. La main entre dans la main.
Pouce index majeur annulaire petit doigt. Pression.
Rapide tour vers la droite. rapide tour vers la gauche.
A nouveau pression.
Elle : expiration. Lui : inspiration. L’air est le même.
C’ETAIT UN BAISER.”
Et nous remettons avec plaisir la palme du baiser volé à la pièce Ils se marièrent et eurent beaucoup de Philippe Dorin
Un garçon pleure sa fiancée partie à l’autre bout du monde. Une fille le console en lui disant que, comme la Terre est ronde, ça veut dire qu’elle est juste derrière lui. Le garçon veut se retourner. La jeune fille le lui défend, car la Terre ne tourne que dans un seul sens. Elle lui propose plutôt de voir sa fiancée dans ses yeux à elle. Le garçon s’approche. Elle lui dérobe un baiser. C’est un baiser volé. La jeune fille est condamnée à le porter à sa destinataire à l’autre bout du monde. Le garçon s’élance. Mais ce baiser, qui sait jusqu’où il ira, et qui l’aura ?
Nous sommes toutefois un peu déçus de ne pas avoir pu trouver de lauréat pour le baiser le plus long au théâtre. Nos recherches sont restées vaines et nous attendons vos témoignages ou même des pistes pour combler au moins l’année prochaine cette lacune !
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