Mouches : insupportables ou nécessaires ?

- temps de lecture approximatif de 7 minutes 7 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

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On les voit…on les tue. Les mouches sont surtout connues pour le désagrément qu’elles apportent. Si de nombreuses tribus, notamment les Masaï, ne réagissent guère aux mouches, l’homme occidental a déclaré la guerre à ces bestioles piqueuses, suceuses de sang, porteuses de maladies mortelles. Et pourtant, ces insectes jouent un rôle majeur dans les écosystèmes.
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une mouche verte…

Les mouches, moustiques et moucherons, savamment appelés « Diptères » représentent entre 15 et 20 % des espèces animales qui vivent sur Terre et les spécialistes estiment qu’il y a environ 134 000 espèces de diptères connues actuellement !

D’une manière générale, les mouches

ne sont guère appréciées par les humains, parce qu’elles transmettent des maladies mortelles comme la maladie du sommeil

- Les livres traitant des mouches
et destinés à un large public sont rares . Le livre de Jean -Paul Haenni édité par le Muséum d’Histoire Naturelle de Neuchatel dans le cadre de l’exposition sur les mouches, 2004 aborde le sujet sous tous ses aspects, autant scientifiques, biologiques, qu’économiques ou culturels.

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Mouches
Museum d’histoire naturelle Paris

- « Mouches » : l’expo qui fait mouche

Du 04 avril 2007 au 03 septembre 2007 , Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris

L’exposition propose un survol du vaste univers des mouches et part à la découverte de l’immense diversité des diptères. Traverser une volière aux milliers de mouches vivantes, voir des larves de lucilies décomposer un cadavre pour comprendre leur rôle dans le recyclage de la matière organique, découvrir le rôle des diptères dans la transmission de maladies, observer l’utilisation des larves de mouches en bio-chirurgie, s’émerveiller du génie humain capable d’inventer une diversité unique de pièges et de chasse-mouches, admirer une aile de moucheron à la loupe binoculaire en l’imaginant évoluer à 1000 battements la seconde, mais aussi, s’étonner de l’imagination des artistes en admirant ce tableau de Jean-Marie Gheerardijn à base de cadavres de mouches ou encore écouter ces bourdonnements musicaux que la mouche a inspiré, sont autant d’exemples de ce que propose l’exposition “Mouches “

[actu]Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
[actu]
Baudelaire, les Fleurs du Mal

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Traite d’entomologie forensique
Presses universitaires romandes

Traite d’entomologie forensique Claude WYSS, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes

Cette discipline dérivée de l’entomologie traditionnelle a vraisemblablement été utilisée pour la première fois au XIIIe siècle. Les insectes nécrophages récoltés sur et autour du cadavre sont les seuls indicateurs à disposition pour calculer l’intervalle post-mortem ( méthode créée par le Dr Pierre Mégnin à la fin du XIXe siècle .) Les mouches interviennent les premières grâce à leurs organes chimiorécepteurs sensibles à la présence d’un cadavre à plusieurs dizaines de mètres. Elles viennent pondre leurs oeufs sur ce substrat de premier choix dans les orifices naturels ; après incubation les larves se nourrissent dudit substrat jusqu’à leur maturité avant de quitter le cadavre et de passer à l’état de pupes (nymphes des insectes diptères dans leur ultime état larvaire) puis de mouches. Ensuite surviennent coléoptères et hyménoptères (parasites des oeufs et larves de mouches), des mouches plus petites que les premières, des acariens et finalement de nouveaux coléoptères. Le ballet mortuaire comptant ainsi de la mort jusqu’à la complète disparition du cadavre, plus d’une centaine d’espèces de protagonistes.

- l’entomotoxicologie : les mouches et la drogue. Ironie de l’histoire, les insectes rejoignent les canidés dans une lutte commune, qui est celle de la détection de stupéfiants.

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la drosophile

- La génétique : un emploi à temps plein pour les mouches

La mouche est le second animal utilisé dans les laboratoires derrière la souris et le premier en recherche génétique.

Un mâle, une femelle, des yeux rouges, l’amour, la mort !…. Cela dans deux millimètres et trois paires de pattes, il s’agit bien d’une bestiole ! Mais qu’est-ce qui fascine les milliers de chercheurs qui passent leur vie entière à décortiquer cette drosophile ni attirante, ni émouvante ?

- L’asticothérapie

Certaines larves de diptère (lucilia sericata, et notre mouche domestique), s’attaquent aux tissus nécrosés des plaies .Cette thérapie a été appliquée dès le 16ème siècle et jusqu’à l’arrivée des antibiotiques dans les années 40. Aujourd’hui en Californie, des chercheurs de l’International School of Survival et des praticiens attachés à l’Université de Californie (Irvine) se consacre à cette ” maggot therapy “. Des médecins l’utilisent en service hospitalier, avec succès à titre expérimental, depuis 1989, particulièrement sur des malades diabétiques. Cette thérapie est indiquée en cas d’échecs de traitement antibiotiques ou d’impossibilité de recourir à la chirurgie, particulièrement pour les mastoïdiens, les brûlures, les plaies infestées, les ulcères et certaines tumeurs ou l’ostéomyélite. Bien entendu les asticots utilisés sont issus de souches stérilisées et ne s ‘attaquent qu’aux tissus nécrosés…

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Le robot mouche
CNRS

- Le vol des insectes en pilotage automatique, Le Figaro 9/02/2007

Selon le magazine américain Technology Review, le robot-mouche du laboratoire d’électronique de l’université de Berkeley a donné ses premiers coups d’aile, réalisant un vol de 30 centimètres.

Ce prototype, qui ne pèse que trois dixièmes de grammes (poids d’un pétale de rose), mesure trois centimètres d’envergure et agite ses ailes de haut en bas tout en les faisant pivoter sur elles-même. Pour son premier décollage, le robot mouche était captif et ne pouvait bouger qu’une seule de ses ailes en polymère, activéepar de petits cristaux piezzo-électriques se contractant au passage électrique.

Le robot mouche a le vent en poupe …

- Les gâteaux de mouches

Les Indiens d’Amérique centrale raffolent des gâteaux d’éphydrides, alors qu’en Afrique orientale on adore les chironomides. Cette consommmation est un apport non négligeable pour les populations, en particulier pour les enfants qui prennent ces asticots pour des friandises.

- La mouche décapiteuse

Pour éradiquer le fléau des fourmis de feu (solenopsis invicta) qui envahissent les Etats-Unis, on importe des mouches décapiteuses (psedacteon tricuspus) de l’Amérique du Sud. Ces mouches pondent dans la fourmi, l’asticot se développe dans sa tête, puis il secrète une substance qui fait chuter la tête de la fourmi.

- et si nous parlions des mouches dans la littérature, au théâtre, à l’écran…dans la peinture…

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Sa Majeste des Mouches
William Golding

Le vol de la mouche Voir

Le cri de la mouche Voir

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