Atome, voyage et cuisine

- temps de lecture approximatif de 18 minutes 18 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Si vous avez envie de pimenter vos vacances, embarquez à bord de la navette sciences et techniques, un panorama étonnant vous attend. Grâce à cette sélection, vous ne passerez plus à côté de l'invisible et du minuscule pourtant si essentiel : l'atome, le poil, la trace... Vous pourrez également vous laisser guider pour explorer les reliefs volcaniques de l'Islande, parcourir les flots à bord de La Jeanne avant d'opter vers un voyage sur Mars (cette escapade étant susceptible d'être ajournée à tout moment, nous nous en excusons par avance). Une collation viendra clore cette agréable excursion parmi quelques nouveautés de l'année 2010-2011. Attachez vos ceintures !!

© Pixabay
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Au programme

Voyage dans l’infiniment petit… : à la recherche des atomes, du poil ou des traces
… vers l’infiniment grand et au-delà : des paysages islandais aux futurs voyages vers Mars
Avant un retour sur le plancher des vaches…
… pour une escapade culinaire autour d’un menu complet

Voyage dans l’infiniment petit…

Atomes : une exploration visuelle de tous les éléments connus de l’univers, Theodore Gray, Place des Victoires, 2010.

atomesJe dois vous confier que, pendant longtemps, le tableau périodique de Mendeleïev contenait pour moi bien des énigmes. Non pas en raison de sa signification et de sa structure bien explicitées dans nos cours de chimie, mais plutôt parce que certains éléments me paraissaient parfaitement inconnus. Et si j’utilisais régulièrement certaines formes du sodium, de l’aluminium, du fluor ou de l’or, je n’avais aucune idée de ce qu’étaient le berkélium ou le curium…
Savez-vous que votre pyjama contient du brome, que le polonium se trouve sur les brosses antistatiques, que tout l’or jamais extrait dans l’histoire des hommes tiendrait aujourd’hui dans un cube d’environ 18,30 mètres de côté ? Le gallium fond dans la main, le brossage des dents se fait à l’acétate de strontium.
Cet ouvrage invite avec pédagogie, humour et une magnifique iconographie à un voyage au pays des éléments. Une approche pratique qui montre l’élément à l’état pur, mais aussi ses composés et ses applications les plus caractéristiques dans la vie quotidienne.
Egalement en très beau livre numérique sur Ipad.

Sa majesté le poil Sa majesté le poil !, Claude-Julie Parisot, Kami Production, Arte, 2010 (DVD).
Avant de sortir le rasoir ou la crème dépilatoire, le poil demande qu’on reconnaisse ses qualités !! Non le poil n’est pas seulement là pour pulluler de façon oisive, il n’est pas une simple réminiscence de l’état de nature. Présent sous de multiples formes : cil, barbe, soie, sourcil, cheveux, crin, duvet, vibrisse… le poil est un élément de notre organisme qui gagne à être connu…
Dans ce documentaire, vous croiserez des souris vertes (et fluorescentes), des robots à moustache, des animaux et des végétaux de tout poil, guidé par la voix de Michel Boujenah.
De nombreux chercheurs se succèdent pour vanter les atouts du poil ; certains sont surprenants : le médecin légiste souligne ainsi son rôle de marqueur toxicologique à long terme : un consommateur régulier de drogues pourra être démasqué par un cheveu.
Le poil est si complexe qu’il est difficile de le copier : si l’on peut greffer la peau pour soigner des grands brulés, on ne sait pas recréer des follicules pileux, de même les chercheurs en neurosciences tentent de recréer le système du toucher développé par les moustaches des animaux…
Le poil est également là où on ne le voit pas : cils de l’oreille permettant l’audition, flagelle de locomotion du spermatozoïde… Ce film rappelle donc « qu’au commencement de chacun de nous était un poil » !
Si la question du poil vous passionne, vous pouvez également consulter, Tout poil lu, un point d’actu du département civilisation.

la méthode de ZadigClaudine Cohen est philosophe et historienne des sciences, spécialiste de paléontologie. Elle nous livre dans La méthode de Zadig, Seuil, 2011, une formidable enquête sur la question de la trace et par ricochet de la preuve dans l’étude de la préhistoire.
Dans le conte philosophique Zadig ou la destinée, Voltaire présente son héros comme un savant d’un genre nouveau possédant un pouvoir de déduction à partir de petits détails, et surtout capable d’attester à l’aide de quelques traces, le passage d’animaux qu’il n’a point vu… ce qui ne sera pas sans lui causer quelques désagréments. Le paléontologue est confronté aux mêmes problèmes, il piste les traces et essaie d’inventer grâce à elles ce qu’a été le passé, ce qui ne se passe pas sans erreur. Edward Hitchcock, inventeur de la paléo-ichnologie, la science des traces fossiles, n’a pas su déceler dans les empreintes qu’il a patiemment collecté les traces des dinosaures n’y voyant que des traces d’oiseaux…
La trace est essentielle quand aucun vestige osseux n’a pu être conservé. Contrairement aux os, elle est un signe du vivant puisqu’elle témoigne non seulement des contours des mains et des pieds mais également de leurs mouvements, de la façon de se déplacer et d’évoluer. L’histoire de l’étude des traces a ainsi permis de combattre certains mythes : non l’imposant brontosaure ne se déplaçait pas que dans l’eau, c’était également un marcheur terrestre.
Claudine Cohen nous raconte dans un récit, richement illustré et solidement documenté, l’histoire de ces chercheurs de traces et la façon dont ils ont recréé à l’aide de quelques empreintes des animaux fantastiques, mais aussi formulé l’hypothèse des modes de vie des hommes préhistoriques.
Si après cette lecture, vous vous sentez l’âme d’un ichnologue, à défaut de dinosaures, vous pouvez commencer à vous entraîner sur des espèces plus communes et bien vivantes, grâce à ce manuel Reconnaître et décoder les traces d’animaux : manuel d’ichnologie, Quae, 2011.

Vers l’infiniment grand et bien au-delà !

IslandeIslande, splendeurs et colères d’une île, Michel et Anne-Marie Detay, Belin, 2010.

Voici un beau-livre que les dernières perturbations aériennes ont rendu d’actualité. Michel et Anne-Marie Detay – lui, géologue, elle, photographe – partagent ici leur expérience de l’Islande, une Islande naturelle : celle des volcans et des glaciers, des chutes et cascades, des aurores boréales… L’homme y étant presque chassé des prises de vue, une présence simplement minuscule, face au gigantisme de la nature.
Il semble que les premiers bardes des sagas islandaises n’aient jamais décrit les paysages merveilleux qui les entouraient ; leurs chroniques énoncent des faits, des histoires d’hommes et de femmes, de héros et d’esprits malfaisants. Le paysage n’existait pas encore ; les fjords, les montagnes ne sont évoqués que pour être « baptisés », nommés du nom du guerrier, bref entrer dans le territoire des humains ou du moins essayer de se les approprier, car ce qui force le respect en Islande, c’est justement cette nature peut-être un peu trop grande pour l’homme. « Splendeurs et colères » le titre est bien choisi ! Ce qui est splendide c’est cette insoumission tellurique qui nous ramène à notre état premier de vulnérabilité. Il y a dans cette nature quelque chose d’inhumain, une énergie qui nous surpasse.
L’ouvrage tient sa valeur du travail d’Anne-Marie Detay qui sans grands moyens (les photographies aériennes ont été prises depuis un cerf-volant) mais avec beaucoup d’envie, d’ingéniosité et de talent nous dévoile des panoramas à couper le souffle. Les indications de Michel Detay sont elles, pertinentes et d’une sobriété exemplaire.
Pour continuer le voyage, nous vous conseillons les films du génial réalisateur islandais Dagur Kari, chef de file d’un nouveau cinéma local à l’humour froid.

La JeanneLa jeanne : une aventure de 50 ans, Luc-Christophe Guillerm, Edition du Télégramme, 2010.

« Je n’aimerais pas trop que tu finisses tes jours comme ta mère, à la casse au fond d’un aber. Je te verrais bien à l’ancre quelque part, comme une île, les coursives et les passavants pleins d’enfants qui mêleraient leurs cris à ceux des mouettes, des piaillements de vie en requiem. »
Ainsi parlait le plus illustre des pensionnaires de la Jeanne alors que celle-ci accostait pour la dernière fois, après cinquante ans d’aventures autour du monde, et avant d’entamer une « déconstruction », ce nouveau terme employé pour décrire une destruction que personne ne veut réellement assumer, comme on euthanasie un animal devenu encombrant.
Ce marin qui n’était ni un va-t-en guerre ni un fanatique de la chose militaire avait perçu que même un navire de guerre peut devenir un morceau de patrimoine, pourvu qu’il soit chargé d’histoire(s).
Il s’appelait Bernard Giraudeau.

L'homme et la machineEt l’homme créa la machine, Editions Place des Victoires 2010

« Un livre que vous mettrez difficilement dans vos bagages : il pèse 3kg720 »

Classées en 8 grands thèmes (Industrie, bateaux, énergie, chemins de fer, vision, roues, communication, aviation), ces 600 photographies spectaculaires datées de 1800 à 1950 extraites du prestigieux fonds Getty nous offrent un panorama de la grande épopée industrielle.
Les rêves les plus fous prennent forme. Les hommes rivalisent de créativité et conçoivent des machines roulantes, volantes, sous-marines. 450 photographies extraites du même fonds Getty et réunies dans le livre L’aviation de Peter Almond retracent l’histoire de l’aéronautique. Mais on découvre aussi les conditions de travail des ouvriers, l’efficacité des nouvelles machines de guerre…
Toutes ces collections sont présentées au Getty center colline de Brentwood à Los Angeles.

Irons-nous vraiment un jour sur Mars ? Irons-nous vraiment un jour sur Mars ?, Jacques Villain, Vuibert, 2011.
La station Mir est tombée, la navette Discovery a effectué son dernier vol cette année et parfois des voix grondent contre le gouvernement américain qui semble se désengager de la conquête de l’espace ; parallèlement Barack Obama a annoncé faire de l’envoi d’hommes sur Mars une de ses priorités pour la NASA. Où en sommes-nous vraiment de la conquête spatiale ? Nous sommes allés jusqu’à la Lune et puis plus rien, on se retranche derrière nos satellites ?
Mars est la seule destination viable à l’intérieur de notre système solaire, ou presque, et nous n’avons pas encore la technologie pour sortir de ce dernier. Les interrogations qui portent sur la conquête spatiale sont aux croisements des champs scientifiques, techniques et géopolitiques. Ce livre court et très clair, rédigé par un spécialiste de la question, français et internationalement reconnu, apporte des réponses précises et documentées aux questions que l’on peut se poser sur la situation actuelle comme sur les probables développements des décennies à venir.

L’éther des physiciens existe-t-il ?, Jean-Jacques Samueli, Ellipses, 2011.

Ether des physiciensLe terme d’éther a recouvert plusieurs réalités différentes selon les époques, en physique. D’abord le ciel, puis l’air, puis le « cinquième élément », puis encore une matière incarnant le vide… C’est un élément qu’on associe bien plus souvent aux physiciens baroques qu’aux chercheurs modernes. Einstein lui-même a pourtant affirmé en 1938 que l’histoire de l’éther était loin d’être finie, mais se continuait dans la théorie de la relativité.
Finalement l’éther existe-t-il et si oui, qu’entend-t-on par ce mot ? Est-ce quelque chose d’omniprésent, référentiel absolu permettant de décrire tous les mouvements des corps mobiles ? Peut-on matérialiser le vide ? Quelles sont les propriétés du vide ? Ce livre, technique mais très abordable, présente une histoire abrégée des différents concepts d’éther illustrée par des extraits de quelques textes majeurs. L’histoire de l’hypothèse de l’éther se confond avec celle de la physique et ses différentes étapes, gravitationnelle, pré-relativiste, électromagnétique, vibratoire, jusqu’aux théoriques quantiques actuelles. Lorentz, Maxwell, Poincarré, Einstein, Descartes, Newton… Depuis Platon et même avant, tous se sont penchés un jour ou l’autre sur ce concept et ont enrichi la physique.

Sciences & science fictionSciences & science fiction, catalogue publié à l’occasion de l’exposition “Science et fiction, aventures croisées” en 2010-2011, présentée à la Cité des sciences et de l’industrie, commissaires scientifiques, Ugo Bellagamba, Patrick J. Gyger, Roland Lehoucg, Clément Pieyre, La Martinière, 2010.

Du 21 octobre 2010 au 3 juillet dernier, la Cité des sciences a accueilli une exposition intitulée Science et Fiction, aventures croisées. Elle proposait de plonger dans l’univers de la SF à travers la littérature, le cinéma, la BD et les arts graphiques. Dans son prolongement, un livre a été publié. Ce dernier s’avère être davantage qu’un simple catalogue de l’exposition mais une véritable réflexion et une monographie sur la science fiction – se permettant même clandestinement de nous délivrer quelques leçons d’astrophysique.
Il ne s’agit pas non plus d’un livre d’images ; quoique illustré abondamment. L’ouvrage emprunte son iconographie à l’exposition : des gravures du XVIIIe siècle, des brouillons d’écrivains, en passant, pour les nostalgiques, par des pubs des années 1950-1960, jusqu’aux extraits du film Avatar de James Cameron. La maquette est en tout point remarquable.
Et pour le propos ? Le livre se compose de trois parties : l’espace-temps, l’homme, les machines. Il pose les bonnes questions : comment un genre mineur devient un fait social, comment il reprend le rôle de l’utopie et de la contre-utopie, comment il se nourrit de la science et pousse à l’extrême les conséquences de leurs progrès dans le monde réel (nous revenons au sens véritable de l’anticipation), comment il en vient à vulgariser la science même, le cas de la conquête spatiale est à ce titre éloquent. Les contributeurs usent parfois d’angles d’approche surprenants comme ces quelques pages sur la question de la langue martienne et des langages inventés.
A conseiller à tous les curieux, un tel livre trouvera son public au-delà du cercle des simples amateurs.

Avant un retour sur le plancher des vaches…

A nos vachesA nos vaches… Les races bovines disparues et menacées de France, Philippe J. Dubois, Delachaux et Niestlé, 2011.

Augeronne, Bazougers, Carolaise, cela ne vous dit rien ? Et la Bleue du Nord ? La Tachetée de l’Est, toujours pas ?
Et la Casta ? Là, ça vous parle… Avec sa robe châtaigne, son air fier et son caractère bien trempé, vous l’avez tout de suite reconnue !
Eh oui, il faut l’admettre nous sommes un pays de vaches, quelle que soit la région, on trouve une espèce locale. On trouvait, devrions-nous dire, car des espèces de vaches il y en a de moins en moins : une quarantaine de races a disparu depuis 150 ans et une vingtaine est aujourd’hui menacée. C’est pour cela que, contre l’uniformisation, il faut se mobiliser et soutenir cet excellent ouvrage sur les races disparues et menacées de France.
Sinon, qui restera-t-il pour regarder passer les trains ?

Il n’y a pas que les vaches dans la vie…
Une petite visite à la ferme du coin nous convaincra très vite du contraire. D’un simple coup d’œil, vous apercevrez le coq et ses poules, voire ses poussins, quelques canards et oies, peut-être même plusieurs chèvres ou moutons, sans oublier un cheval, des cochons et le chien qui veille sur la maisonnée. Par hasard, vous croiserez peut-être d’autres espèces animales, du bison au lama, en passant par le paon ou l’abeille, « fruits » de la passion du paysan.

le-Bestiaire-fermierC’est tout ce Bestiaire fermier que Jean-Baptiste de Panafieu nous présente dans son ouvrage, sous ses aspects agricoles, symboliques, économiques, ainsi du cochon malfaiteur, voleur, assassin, que les hommes jugeront de même que son maître pour le méfait découvert, ou du prince du mal (le bouc), à l’origine de l’expression du bouc émissaire. On y trouvera même des présentations de la carpe, de la grenouille, de la coccinelle, du ver à soie et de l’asticot, pour un vrai retour à la terre.
L’auteur, qui écrit également des ouvrages pour la jeunesse sur le monde animalier, agrémente son propos de nombreuses anecdotes et illustrations d’époque. Pour une lecture sans prise de tête, à picorer en toute occasion, entre apéro et sieste.

pour une escapade culinaire

Le Roman des tapasLe Roman des tapas : l’art de mettre les grands plats dans les petits , Oscar Caballero, Jean-Paul Rocher éditeur, 2010.

Une invitation au voyage gastronomique à travers l’Espagne : le Roman des tapas aurait pu faire parti de la collection des Dictionnaire amoureux ; à travers ce livre, l’auteur se livre et déclare sa passion pour un mode de vie et de manger, de vie et de sociabilité avant même de manger. Car ce « roman » là est moins un livre de recettes – qui occupent à peine la moitié de l’ouvrage et sont pour la plupart réservées à des cuisiniers avertis – qu’un livre d’art et un hommage critique à une cuisine typiquement méditerranéenne, et à une façon spécifique et essentielle de l’apprécier.
La langue de Caballero ressemble à une brillante conversation de comptoir, faite de « coq à l’ane », de redites et de jeux de mots enchaînés, n’hésitant pas comme dans l’ivresse à remâcher ses anecdotes et appuyer plus que de raison sur quelques grands principes car l’ivresse rend ferme et renferme l’homme sur ses positions. En bon conteur de comptoir donc l’auteur nous brosse un historique échevelé des tapas et de la culture de « la » tapa, un traité sur les grand classiques du genre et, la liste détaillée des ingrédients de base et des vins d’accompagnement – à moins que ce ne soit l’inverse : vins de base et ingrédients d’accompagnement.
Aller tapear c’est se laisser porter avec quelques amis de bar en bar à déguster quelques bouchées à chaque fois différentes, accoudé au comptoir et emporté par la discussion. Et Oscar Caballero de nous initier à cette alternative au restaurant « français » pour que de notre côté des Pyrénées la tapa ne reste pas au rang des simples modes.

Apologie-du-carnivoreApologie du carnivore, Dominique Lestel, Fayard, 2011.
C’est l’été, l’occasion pour nombre d’entre nous pendant nos vacances, de prendre du temps pour déguster les merveilleuses recettes locales « ancestrales ». Peut-être n’y-aura-t-il tout simplement que du saucisson à la noisette ou au Beaufort, mais il est fort à parier qu’il se trouvera toujours un peu de viande au menu.
Aaaaah ! De la viande !? En ce IIIème millénaire commençant, il est de bon ton d’adopter une posture de végétarien conquérant et de bannir la viande de nos agapes, pour cause de souffrance animale, réchauffement climatique, et caetera.
C’est cet argument de la souffrance animale, inutile, cruelle et injuste, argument défendu par la classe des « végétariens éthiques » comme les définit Dominique Lestel, que l’auteur cherche à analyser pour en montrer les limites.
Dans une première partie, l’auteur part à la recherche des fondements philosophiques et éthiques de la pensée végétarienne, depuis Pythagore, Plutarque et Tertullien, en passant par les manichéens cathares, jusqu’aux végétariens anglais du XVIIème et les penseurs végétariens de la contre-culture du XXème siècle. Puis l’auteur développe ses idées : le refus par les végétariens d’admettre la place de la cruauté dans le monde, leur refus de placer l’homme parmi les animaux et leur croyance en un monde vivant hiérarchisé. Ainsi pourquoi pourrait-on plus légitimement tuer un végétal qu’un animal, ou comme disait JB Haldane, « pourquoi serait-il plus éthique de faire souffrir une carotte qu’un lièvre ? ».
Cet éloge du carnivore à contre-courant du discours dominant n’empêche pas le philosophe de reconnaître l’urgence éthique d’aujourd’hui : ce n’est pas l’abolition de la consommation de viande qu’il faut obtenir, mais celle des élevages industriels intensifs. Et il appelle les hommes à retrouver le goût du manger juste. Un petit livre à déguster entre la poire et le fromage.

Je bois donc je suisJe bois donc je suis, Roger Scruton, Stock, 2011.

Toute connaissance est ivresse ! Les débats portant sur le vin sont en général d’ordres gastronomiques ou médicaux, parfois économiques, mais très rarement philosophiques ou spirituels. Ce que le Pr Roger Scruton nous rappelle, avec talent, humour et une certaine érudition, c’est que le vin a pourtant longtemps été intégré dans les rituels religieux et les travaux de l’esprit. Du Banquet de Platon au « Rien n’est rien » de Heidegger en passant par le poète persan Hafiz, il nous invite non seulement à boire le vin mais aussi à le penser ; comme la philosophie consiste à apprendre à mourir, le vin doit servir à supporter la vie. Entre le vin comme incarnation de la puissance divine antique et les extrémismes hygiénistes et moraux modernes, nous sommes invités à profiter du fruit de la vigne avec nos sens comme avec notre âme. Le vin nous sert à concevoir le plaisir, la liberté, la folie, la vertu ou encore les rapports sociaux, tous objets parfaitement légitimes de la philosophie.
En délicieux appendice, Scruton nous conseille un type d’accord mets/vins un peu particulier : l’accord penseur/vin. Eau plate pour lire l’aride Aristote, Kavaklidere rouge pour Avicennes, Chablis pour Locke ou Châteauneuf-du-pape avec Descartes, tous ces choix sont argumentés avec esprit et une bonne part de subjectivité

gourmandiseGourmandise : histoire d’un péché capital, Florent Quellier, Armand Colin, 2010.

« Entre rêves de Cocagne et franches ripailles rabelaisiennes, voici un voyage en gourmandise. »
L’auteur choisit de lier la culture de la gourmandise à l’Eglise du Moyen Age. Une Eglise obsédée par les péchés capitaux commis surtout par les riches et les puissants. Lieu utopique où la chère est bonne, le pays de Cocagne, inventé au Moyen Âge selon Jacques Le Goff, ruisselle de lait et de miel aux saveurs régionales : en Italie, ce sont les marmites de gnocchi, en Irlande les alouettes, en France les vins de Bourgogne. Mais partout le gras et le rôti.
Et si la noblesse française fait grimper le repas au rang des beaux-arts, l’éloquence gourmande prend racine chez Rabelais.
La gourmandise serait un « défaut naturel » chez l’enfant. Les friandises comme cadeaux, les calendriers des fêtes accroissent cette dépendance vis-à-vis d’une saveur ne nécessitant pas d’apprentissage, contrairement à l’amer ou l’acide….

tout sucettesTout sucettes : se régaler : sucrée ou salée la gourmandise est au bout du bâtonnet !, Benoît Molin, Minerva, 2010.
Les sucettes, ces sucreries dont tout le monde raffole. Légères et nomades, un parfum d’enfance.
L’histoire des sucettes est en fait aussi ancienne que celle de la gourmandise…
Dans l’Angleterre du XVIIème siècle, les friandises fabriquées à base d’eau bouillie étaient un pur régal. Piquées sur un bâtonnet afin de faciliter leur consommation, les crieurs de rues de Londres accostaient les passants pour vendre leur « Lollipop ».
Avec ses formes et parfums variés, la sucette est devenue la star de la friandise ! Les Etats-Unis lui font même hommage chaque année, le 20 juillet, lors de la journée de la sucette (the National Lollipop Day) !
Quant à sa préparation, les règles sont simples : il suffit que la gourmandise proposée ait assez de corps pour être fichée sur une pique ou un bâton.

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