Sélection en 10 titres de musiques actuelles funèbres
Musique de mort(s) pour les vivants
Publié le 22/01/2018 à 11:16
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6 min -
Modifié le 24/01/2018
par
L3scarbille
Nous ne parlerons pas ici de musique écrite pour les morts mais de musique qui nous évoque la mort : cet article se veut une proposition subjective d’une esthétique musicale de la mort, une petite initiation à la musique funèbre.
Sans aborder de trop ardues considérations ethnomusicologiques (si vous le souhaitez néanmoins, un cours tout à fait intéressant est à découvrir ici ) ou d’importants débats philosophiques sur ce qu’est la mort pour chacun d’entre nous, nous pouvons tout de même faire quelques observations.
L’esthétique musicale de la mort serait avant tout une construction sonore culturelle et personnelle…
De la même manière que selon les cultures la mort s’associe à différentes couleurs (noir, blanc, rouge, violet …) la mort peut s’entendre de différentes manières. On la rencontre notamment dans des musiques tristes et angoissantes ou bien à l’inverse festives, mais également dans de longs silences.
Si vous souhaitez découvrir plus en détail ces différentes cultures musicales de la mort je vous invite à parcourir cet ouvrage dans les collections de la bibliothèque municipale de Lyon.
…Une esthétique construite par nos traditions populaires d’accompagnement funéraire, par la musique classique et par les musiques illustrant la mort dans l’audiovisuel.
Voici donc une première playlist à écouter, se proposant de découvrir quelques influences évidentes de notre représentation sonore de la mort :
Quels sont les ingrédients sonores qui constituent ces musiques que l’on identifie comme funèbres ?
- La voix : composante essentielle de ce qui peut nous faire entendre une esthétique morbide, plus particulièrement les voix qui évoquent les chants liturgiques, les oraisons, les psalmodies, les pleurs. Par analogie, on trouve également les voix graves, caverneuses, les chœurs, les voix lointaines ou déformées.
- Les instruments : certains instruments sont associés au macabre : en particulier l’orgue, les cloches et le tocsin, certains cuivres, mais aussi les instruments à cordes, en particuliers les violons et les guitares saturées.
- Les tonalités, ambiances et arrangements : l’utilisation de gammes mineures, les sons évoquant des machines industrielles, la cacophonie, le bruit, la distorsion et le dissonant, l’utilisation de nappes et de bourdon (drone).
Allons à présent à la rencontre de cette playlist dans laquelle cohabiteront à la fois des musiques subjectives d’évocation sonore et des musiques de genre qui se revendiquent du morbide.
N. B : Vous aurez sans doute déjà compris mais ici vous ne trouverez pas les chansons dont seul le titre ou le sujet concerne la mort si elles sont dénuées d’esthétique sonore liée à la mort.
1 – Anna von Hausswolff – Deathbed
Multi-intrumentiste suédoise à la voix haut perchée et grande prêtresse de l’orgue, cette artiste surfe sur la musique funèbre. Quelques arrangements ou riffs de guitare ponctuent ça et là des compositions minimales et les enrichissent d’ambiances angoissantes ou aériennes :
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2 – Dead Can Dance – Black Sun
Lisa Gerrard et Brendan Perry, bien que souvent entourés de moult musiciens, ont su créer un univers musical à eux deux, composé notamment de chants liturgiques, de musiques médiévales, de musique du monde, de dark wave et d’ambient.
Les voix de ces deux protagonistes comme les compositions installent une ambiance particulière, souvent à la lisière du macabre :
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3 – Throbbing Gristle – Hamburger Lady
Changement de style : les explorations noisy et industrielles de Throbbing Gristle convoquent un panel d’émotions et d’images, l’angoisse, et le morbide en font partie aussi : sample, voix filtrées, spatialités des sons grâce à l’invention de leur grisleliser (générateur de son avec distorsion créé par le groupe), cette chanson macabre, l’est encore plus quand on sait de quoi elle parle (âmes sensibles s’abstenir) pour le savoir, aller emprunter à la bibliothèque cet excellent livre qui leur est consacré.
https://www.youtube.com/watch?v=_Zk6bgSAB_0
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Pour en savoir plus : lire cet article très complet sur l’un des fondateurs de ce groupe.
4 – Swans – Half life
Textures sonores, ambiances et chant lugubre, rythmes lents et mécaniques, le groupe Swans fondé et orchestré par Michael Gira n’a eu de cesse d’explorer le champ des musiques noires, créant un rock inclassable. De nombreux albums et morceaux pourraient être associés à la mort, en voici un choisi arbitrairement parmi leur abondante discographie :
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5 – Ben Frost – Through the roof of your mouth
On poursuit avec un artiste fan du travail de Michael Gira justement : Ben Frost travaille beaucoup en alliant noise et drone, produit une musique électronique cinématographique, ponctuée de piano et d’instruments à cordes, de chœurs éthérés et parfois de hurlements de loups. Le tout dessine une musique qui côtoie l’angoisse et le morbide sur fond d’inéluctabilité :
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6 – Scott Walker + Sunn O))) – Herod 2014
Voici le fruit d’une collaboration entre un duo de drone métal minimaliste déjà plutôt reconnu pour leurs compositions peu joyeuses et plutôt bien dark, et un chanteur indompté.
Ce titre est un digne représentant du genre : nappes saturées, notes tenues qui s’étirent à n’en plus finir ponctuées de sirènes pachydermiques agrémentées d’une cloche qui tinte et d’une voix qui déclame avec emphase :
https://www.youtube.com/watch?v=7d4C5T3hvrk
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Albums de Sunn O))) à la bibliothèque
7 – Bohren & Der Club Of Gore – Constant fear
Si le purgatoire existe, la musique de ce groupe serait la parfaite musique d’ambiance de cette salle d’attente un peu particulière. Le macabre prend ici une autre couleur, la teinte parait moins oppressante, même si quelque chose du macabre semble rôder dans leur musique, peut-être est-ce les instruments choisis, le tempo lent, les harmonies étranges, les mélodies… quelque chose d’indéfinissable. Le groupe, qui aime jouer dans la pénombre pour ne pas dire dans le noir, se déclare pratiquant du “doom-ridden jazz music” et ce qui est sûr, c’est que cet espèce de dark jazz ambiant lugubre est singulier :
8 – Aun – Black pyramid
Vertige ou agoraphobie, musique d’espace et de vide, tantôt funèbre et éprouvante pour certains, tantôt lumineuse et apaisante pour d’autres : telle est la musique de ce duo canadien classée sous l’étiquette « drone noise ambiant ».
Beaucoup de machines et de technique sont à l’œuvre pour construire avec élégance ce mille-feuille texturé et très dense. Ce titre, comme beaucoup de leurs compositions se veut très narratif : l’ambiance funèbre se construit et évolue au sein du morceau.
https://www.youtube.com/watch?v=cgs5iMtaTLc
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9 – Raison d’être – Metamorphyses
Plus concret et moins abstrait que la musique évoquée ci-dessus, Raison d’être est le projet dark ambiant d’un prolifique suédois nommé Peter Andersson. On peut oser dire que Peter Andersson est le digne représentant de ce genre sans trop prendre de risques puisque le terme a été inventé pour décrire sa musique et l’esthétique d’un label, Cold Meat Industry (label sur lequel a justement été édité cet album).
Une bonne introduction pour s’initier au dark ambient donc ! Quelques éléments récurrents de ce que vous y retrouverez : bruits inquiétants, évocations sonores de films d’horreur, dissonances mélodiques, ronronnements mécaniques…
Album disponible à la bibliothèque
10 – Usnea – Lying in ruin
Si vous souhaitez (ré)écouter les morceaux évoqués, voici la playlist de ces 10 titres :
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