Instrument à découvrir

La sacqueboute

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - par GLITCH

La Renaissance, période de la redécouverte et de la remise en cause de la pensée humaine, a permis l’évolution de nombreux domaines artistiques. Dans la musique, c’est la pratique instrumentale qui va connaître une révolution. Un instrument fascinant naît au XVe siècle, la sacqueboute, qui aura un impact important dans l’évolution de la musique à cette époque.

Sacqueboute
Sacqueboute

Cet instrument de la famille des cuivres représente d’ailleurs le savoir-faire de la facture instrumentale. Il est le résultat de progrès dans la manipulation et la modification de la forme du métal. La possibilité de recourber la matière qui constitue cet instrument a conduit à la fabrication d’une coulisse en fourme de « U », permettant – par rallongement et raccourcissement – de produire les notes qui composent la gamme chromatique.

 

La coulisse devient l’élément le plus caractéristique de la sacqueboute. Comparé aux autres cuivres de l’époque, tels que le cor ou la trompette naturelle, la coulisse lui permet d’élargir ses possibilités techniques, favorisant l’appropriation d’un répertoire plus vaste. De ce fait, la sacqueboute a traversé divers contextes d’exécution passant par la musique profane et la musique sacrée.

Tout d’abord, la sacqueboute a fait partie des ensembles instrumentaux qui se produisaient dans des événements des cours royales. Ces ensembles participaient à des festivités princières de même qu’aux actes publics – parfois à caractère politique. Ils étaient aussi utilisés dans la sphère privée, tels que le mariage et la chasse. Ainsi, ce répertoire profane est essentiellement constitué de musique à danser et de musique militaire.

La sacqueboute – étant perçu comme un instrument puissant au niveau sonore – était souvent destiné à jouer en plein air. Cependant, malgré ces caractéristiques, son mode de jeu s’adapte ensuite pour s’intégrer aux pratiques musicales à l’église, notamment dans la musique sacrée. Comment la perception de cet instrument a-t-elle pu évoluer pour s’adapter à un contexte musical liturgique ?

Tout d’abord, le timbre de la sacqueboute lui permet de renforcer le chant, doublant dans la plupart du temps la voix de ténor. Cette caractéristique lui permet de soutenir et même de remplacer la voix dans la musique à l’église. En plus de soutenir la voix, la sacqueboute participe à la construction polyphonique faisant des dialogues mélodiques avec les voix sous une forme de question/réponse. Le compositeur italien Giovanni Gabrieli a développé énormément cette technique de composition par l’utilisation de plusieurs chœurs. Des groupes instrumentaux rivalisent avec des groupes vocaux pour créer un discours en imitation.

  • Magnificat a 14″, Giovanni Gabrieli : Instruments soutenant les voix

D’autre part, la virtuosité de la sacqueboute lui donne la possibilité d’interagir et même de rivaliser  avec d’autres instruments tels que le violon et le cornet à bouquin.

La versatilité d’exécution de cet instrument à la Renaissance lui a permis de s’adapter à de nombreux genres musicaux, à leurs styles, tout en contribuant à leur l’évolution. La sacqueboute a bénéficié d’une reconnaissance à cette époque, laissant un héritage important pour le trombone moderne, qui a vu le jour grâce à son évolution. Ainsi, nous apprécions aujourd’hui le trombone dans toute sorte de formes instrumentales, allant de la musique de chambre à la musique orchestrale.

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