Instrument à découvrir

La kora, harpe mandingue d’Afrique de l’Ouest

- temps de lecture approximatif de 3 minutes 3 min - par Juliette A

Il existe de nombreuses légendes entourant la naissance de la kora. Son origine historique est controversée, il est probable qu’elle soit apparue au sein de l’empire du Mali (qui connut son apogée au XIVème siècle).

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4_Koras_showing_4_sides 4 Koras by Mathaz CC - BY

La kora, également désignée sous le nom de harpe-luth est un instrument traditionnel d’Afrique de l’Ouest. Il est traditionnellement et historiquement joué par les griots. Ces musiciens professionnels mandingues avaient pour fonction de réciter en musique, tels des poètes ou des conteurs les exploits et les péripéties des grandes familles régnantes d’Afrique occidentale. Ceci explique que la transmission autour de la kora se fasse essentiellement jusqu’à aujourd’hui par la tradition orale.

L’instrument se compose d’une grosse demi-calebasse tenant le rôle de caisse de résonnance, recouverte d’une peau de bœuf et traversée par un manche en bois sur lequel sont disposées, à la manière d’une harpe de nombreuses cordes (généralement entre 19 et 28 cordes). Les cordes autrefois composées de boyaux sont aujourd’hui remplacées par du fil de pêche en nylon. Le koriste, assis devant son instrument pince les cordes (telle une harpe) avec les pouces et indexes de ses deux mains.

A kora : a harp-lute used by Mandingo peoples in West Africa. by Steve Evans – CC – BY

L’usage de cet instrument s’est particulièrement épanoui à travers la musique malienne, gambienne ou encore sénégalaise (notamment en Casamance) mais aussi en Guinée Conakry, en Guinée Bissau ou encore en Sierra Leone. Le sénégalais Lamine Konté est l’un des premiers grands koristes à avoir fait connaître l’instrument à un nouveau public européen. Parmi les grand-e-s interprètes contemporain-e-s de kora, se distinguent Toumani Diabaté (malien), Ballaké Sissoko (malien), Ablaye Cissoko (sénégalais), Soriba Kouyaté (malien), la koriste Sona Jorbateh (gambienne et anglaise), Djeli Moussa Diawara (guinéen) ou encore Mory Kanté (guinéen).

Dès le milieu du XXème siècle, plusieurs musiciens d’origine occidentale ont pratiqué la kora sous un angle nouveau. C’est ainsi qu’au sein de l’abbaye de Keur Moussa fondée au Sénégal en 1961, le frère Dominique Catta utilise la kora pour composer de la musique liturgique. Le compositeur, pianiste et koriste Jacques Burtin précise ainsi, en évoquant l’apport de Dominique Catta :

« il apprend à jouer auprès des griots et étudie les chants d’Afrique de l’Ouest, comparant les différentes modalités traditionnelles aux modes grégoriens. Des années d’études et de recherches le mèneront simultanément à la conception d’une nouvelle kora à clefs, d’une méthode d’enseignement (la première méthode écrite de kora, dite Méthode de Keur Moussa) et d’un nombre considérable de compositions ».

Les premières partitions écrites pour kora furent donc écrites dans ce cadre avec des pièces pour kora seule, kora et haut-bois, kora et flûte à bec, tambour ou balafon. Des concertos pour plusieurs koras ont même été composés par les moines.

Les sonorités douces et mélodieuses de la kora accompagnent à merveille les mélodies chantées d’Afrique subsaharienne. Les harmonies développées par la kora se marient parfaitement avec le timbre du ngoni ou d’instruments traditionnels percussifs tels que le balafon. Par ailleurs, cet instrument a la particularité dans ses évolutions les plus contemporaines de former des métissages en s’associant à d’autres genres musicaux tel que le jazz (Kora Jazz Trio, Soriba Kouyaté, Djeli Moussa Diawara), les rythmes afro cubains ou encore le rythm’n blues, le blues, le flamenco…

Dans le versant soliste de cet instrument, Toumani Diabaté est l’un des grands interprètes contemporain. Les fabuleux duos formés par les maîtres de la kora Toumani Diabaté et Ballaké Cissoko ou encore Toumani et Sidiki Diabaté (vidéo ci-dessous) nous offrent une musique aux ornementations mélodieuses et plonge l’auditeur dans un univers coloré et apaisant ou s’entremêlent une rythmique posée et des mélodies traditionnelles qui éveillent l’imaginaire.

La chanteuse et instrumentiste Sona Jorbateh, rare femme joueuse professionnelle de kora nous montre à quel point la kora se prête parfaitement à l’accompagnement des mélodies chantées ou contées telles que les griots en faisaient l’usage.

La kora est un instrument dont les lignes mélodiques, les harmonies et le timbre se marient à merveille avec ceux de la harpe celtique. Ainsi le duo formé par la harpiste galloise Catrin Finch et le koriste Seckou Keita originaire de Casamance illustre par la complicité de leurs jeux l’union de ces deux instruments.

>>Dans les collections de la bibliothèque :

A écouter :

A lire :

Pour aller plus loin :

Une vidéo pédagogique et didactique de présentation de l’instrument sur le site de l’Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales)

 

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