Les prisons de Lyon se font la belle

- temps de lecture approximatif de 27 minutes 27 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Adieu Montluc, Saint-Paul et Saint-Joseph ! Une grande page de l'histoire carcérale locale se tourne : les vieilles prisons de Lyon sont désormais désertes, délaissées au profit des établissements modernes du Grand Lyon, à Meyzieu et Corbas. Quel avenir se tisse pour ces bâtiments pénitentiaires devenus coquilles vides ? 2009 est également une année charnière pour le paysage carcéral régional avec l'ouverture d'un centre de détention à Roanne en janvier et celle d'un centre pénitentiaire à Bourg-en-Bresse, prévu en fin d'année. Corbas appartient aux « prisons du futur », qui font figures d'exemple en France. Toutefois, quelles conditions de vie offrent-elle réellement et pour quels détenus ? Et dans le milieu carcéral, la culture et le livre arrivent-ils à percer les murailles des prisons ?

Prisons Saint-Paul et Saint-Joseph - Copyright Benjamin Larderet
Prisons Saint-Paul et Saint-Joseph - Copyright Benjamin Larderet

Sommaire

1. Des prisons lyonnaises au cœur de la ville et du patrimoine

2. Un nouveau paysage carcéral tourné vers la périphérie lyonnaise

3. Quid de la culture en prison ?

 

1. Des prisons lyonnaises au cœur de la ville et du patrimoine

Prison Saint-Joseph : l’œuvre de Louis-Pierre Baltard

A Lyon, le nom de Louis-Pierre Baltard (1764-1846) est associé à son chef-d’œuvre néo-classique : le Palais de justice de Saint-Jean. Toutefois, l’architecte a fait ses preuves auparavant, en édifiant les plans de la prison Saint-Joseph. Enseignant aux Beaux-arts et théoricien de l’architecture, il marque son époque en élevant des édifices, tout comme son fils Victor, constructeur des Halles centrales de Paris. Pierre Pinon consacre un ouvrage richement illustré aux 2 hommes, Louis-Pierre et Victor Baltard, soulignant les créations du père dans le domaine des prisons. Baltard participe en effet à la construction ou à la rénovation des prisons de Draguignan (Var), Sainte-Pélagie, Saint-Lazare (Paris) ou encore de L’Argentière (Ardèche) et devient un spécialiste reconnu de l’architecture pénitentiaire du 19e siècle.

Saint-Joseph et la rue Delandine, sous laquelle passe un souterrain

Dans les années 1820, deux prisons existent à Lyon : celle du palais de Roanne (à l’emplacement de l’actuel palais « aux 24 colonnes ») et celle de Saint-Joseph, place Bellecour. Cette dernière est installée dans un couvent depuis la Révolution et doit son nom à l’ancien noviciat des pères jésuites dédié à ce saint.

Toutes les deux sont considérées comme insalubres ou inadaptées aux nouvelles exigences de l’architecture carcérale (plus de 200 détenus à Saint-Joseph en 1825). La décision de remplacer la prison Saint-Joseph est prise, source de nombreuses tergiversations. Une première série de discussions concerne le choix de l’emplacement de l’établissement. Le site de La Ferratière, au pied du coteau de Saint-Georges, est momentanément étudié. Le quartier de Perrache est finalement confirmé pour accueillir la maison de correction, malgré la polémique sur l’insalubrité des terrains à proximité des cours d’eau. Il présente l’avantage d’être nettement en dehors du centre ville, conformément au souhait des pouvoirs publics de mettre les prisonniers à distance.

Prison pénitentiaire à Perrache (Panorama de la ville de Lyon (1829) © Fonds Coste (BmL)La réalisation architecturale est confiée à Louis-Pierre Baltard. Le 27 janvier 1827, il présente un projet conforme aux exigences du Conseil des bâtiments (c’est à dire non panoptique bien que Baltard l’ait envisagé et dessiné sous cette forme auparavant) et accepté sans réserve. Il s’agit d’un plan à trois travées : une travée centrale aligne l’administration, une cour, le greffe (avec l’infirmerie des femmes à l’étage), la geôle-chapelle octogonale et deux petits préaux ; les deux autres travées sont latérales (alternance d’ateliers et de préaux, en bordure du chemin de ronde). Les élévations sont très dépouillées, deux guérites surmontent les avant-corps latéraux et la chapelle est couverte d’une coupole en voûte d’arêtes. Baltard met en œuvre la « division rectangulaire », qui lui semble propice à la « division par quartiers ». Les travaux de la maison de correction débutent en 1827 et s’achèvent en 1831. Conçue pour 83 femmes et 135 hommes, la « prison de Perrache » est vite confrontée au surencombrement : un nouvel établissement est envisagé en 1847 dans le quartier Saint-Paul. Entre 1853 et 1857, l’architecte Claude Pierre Dumont agrandit la prison Saint-Joseph transformée en bâtiment pour mineurs, alors que les détenus adultes sont transférés à Saint-Paul.

Pour en savoir plus :

-Le service régional de l’inventaire a mis en ligne un dossier très documenté sur la prison Saint-Joseph : polémiques concernant son emplacement, philosophie du projet par Baltard lui-même et caractéristiques architecturales du bâtiment.

-Les plans originaux sont conservés aux Archives départementales du Rhône et reproduit en partie dans l’ouvrage de P. Pinon. La BmL conserve un document complémentaire : le Concours pour le projet de construction d’une nouvelle prison à Lyon (1826).
-Les Archives départementales ont également élaboré le répertoire détaillé de la série Y (série correspondant aux établissements pénitentiaires), intitulé Prisons et prisonniers dans le Rhône, an VIII-1940. Outil de repérage précieux pour les chercheurs, il donne également le contexte historique du système pénitentiaire.

La prison Saint-Paul : un plan panoptique digne d’intérêt

Tout en conservant le nom du quartier Saint-Paul où elle était initialement prévue, le préfet Vaïsse décide d’implanter cette nouvelle prison lyonnaise à Perrache, aux cotés de celle de Saint-Joseph. Envisagé dès 1847, le projet de maison d’arrêt et de justice est approuvé en 1859.

Projet de construction d'une maison d'arrêt à Lyon : plan du rez-de-chaussée, Didier Gourbin © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel/[Archives départementales du Rhône], 2003-A.D.A.G.P.
Le plan radial à 6 branches dressé par l’architecte Antonin Louvier est validé en 1860. Il conçoit l’articulation du bâtiment autour de 7 quartiers, accompagnés chacun d’une cour servant de promenoir, pouvant accueillir un total de 550 détenus. Le bâtiment central est occupé par les parloirs et salles de surveillance, au rez-de-chaussée, et une chapelle, située au premier étage. La mise en communication de la maison d’arrêt avec la maison de correction est possible à l’aide d’un tunnel passant sous la rue Delandine. Le choix de l’architecte est de dresser un plan panoptique du bâtiment (une tour centrale et 6 ailes en étoile), tout en conservant une unité de surveillance et la division des prisonniers en fonction de leur catégorie ou de leur sexe. Les détails de l’organisation des bâtiments sont notés et illustrés dans le dossier de l’inventaire régional. La maison d’arrêt de Saint-Paul est mise en service en 1865. Entre 1889 et 1896, l’architecte Henri Moncorger la transforme en prison cellulaire. Lors des travaux, la chapelle, remaniée, devient chapelle-école alvéolaire, utilisée à tour de rôle par un aumônier ou un instituteur.

Zoom sur la prison étoiléeAu 19e siècle et 20e siècle, l’une comme l’autre des prisons contribuent à former l’image négative du quartier « derrière les voûtes ». En 2004, les deux prisons, d’une capacité de 361 places, totalisent plus de 900 détenus dans leurs locaux. L’agrandissement n’étant pas envisagé : la solution consiste à délocaliser les prisons en dehors du centre de Lyon, d’autant plus que l’aménagement du quartier du Confluent est programmé.

Quid des bâtiments, qui appartiennent à l’État ?

Les prisons de Perrache : chefs d’œuvres en péril ?

L'entrée de Saint-PaulSaint-Joseph et Saint-Paul constituent un ensemble architectural très intéressant car emblématique des programmes des prisons du 19e siècle. Perrache est le seul endroit en France où les deux systèmes historiques de construction carcérale cohabitent : Saint-joseph est construite sous la forme d’un plan rectangulaire tandis que Saint-Paul se fonde sur un plan panoptique (en étoile). Ampleur des programmes déployés et choix de la pierre en font des exemples représentatifs de la tradition de l’architecture lyonnaise. Dès 2008, les défenseurs du patrimoine, telle l’association Patrimoine rhônalpin, souhaitent une réflexion sur l’avenir des bâtiments, voire leur inscription au titre des monuments historiques. En fin d’année, leur action pour alerter population et pouvoirs publics s’amplifie : ils créent un blog « Sauvons les prisons de Perrache », lancent une pétition de soutien en faveur de la valorisation de ce patrimoine et demandent un moratoire concernant la démolition. Le journaliste-écrivain Régis Neyret, grand instigateur du classement de Lyon au Patrimoine de l’Unesco, et Jacques Lasfargues, directeur des musées archéologiques de Fourvière et Saint-Romain-en-Gal, comptent parmi les fervents défenseurs de ce patrimoine bâti.

La vétusté des bâtiments fait craindre leur destruction. Le ministère de la Justice dépose effectivement un permis de démolir en février 2009. La Ville de Lyon, bien qu’intéressée par l’avenir des bâtiments du quartier du Confluent, ne se porte pas acquéreur de cet ensemble architectural onéreux.

L’évaluation par les Domaines s’élève à 11,5 millions d’euros par prison.

Des prisons à l'orée de la Confluence, quartier en chantierLes possibilités de rénovation et de reconversion sont pourtant nombreuses, qu’elles s’inspirent d’exemples français (Caen, bagnes de Guyane…) ou étrangers (hôtel à Vienne, auberge de jeunesse à Ljubljana…). Mag2Lyon a laissé carte blanche à 5 jeunes architectes lyonnais pour faire leurs propositions d’utilisation des 22880 m² de terrain disponibles (dont 19888 m² de bâtiments). Le magazine publie leurs projets dans son numéro 1 d’avril 2009 : Cité de l’Enfance pour l’un, salle de concert pour d’autres, structures tournées vers le ludique ou le culturel… L’esprit créatif est de mise et le patrimoine revu sous l’angle de la modernité. La décision de mars 2009 relance la créativité des architectes : le permis de démolition des prisons perrachoises est suspendu jusqu’en septembre 2009 et laisse la place à un appel à projets lancé par le préfet en mai (cahier des charges sur le web de la préfecture du Rhône.

L'intérieur de la chapelle de Saint-Paul © Fonds Lyon Figaro (BmL) - MarcosEn attendant la fin du sursis, l’avenir des sites reste incertain, y compris le choix des ensembles à conserver (en priorité le panoptique et la chapelle). Le Grand Lyon et /ou des universités pourraient se porter acquéreurs. La Ville de Lyon, concernée par le devenir de cet espace stratégique qu’elle replace au cœur du Lyon du 21e siècle, est attentive aux projets qui émergent. Plusieurs promoteurs lyonnais aimeraient construire un hôtel de luxe mais les élus préfèrent le site de l’Hôtel-Dieu. De leur côté, les universités cherchent à s’étendre. Les facultés catholiques de Lyon, à l’étroit dans leur locaux du 2ème arrondissement envisagent de franchir les voutes et de déménager à Saint-Joseph, tout comme Lyon 2. La prison de Saint-Paul serait reconvertie en logements étudiants. Pour les élus lyonnais, la réflexion doit prendre son temps, ce qui lui permettrait de suivre le timing du projet de Lyon-Confluence, dont la deuxième phase interviendra en 2010. D’ici là, la concertation doit se poursuivre et un comité de suivi participatif être mis en place.

Montluc : une prison chargée d’histoire

Le vieux bâtiment de Montluc présente peu d’intérêt en tant que tel. La prison est édifiée en 1921 en un lieu privilégié car situé non loin de la Manufacture des tabacs. Elle fait face au fort Montluc (devenu désormais Hôtel de Police), qui lui a donné son nom. De forme rectangulaire (environ 200 m de long pour 40 m de large), la prison se compose de 3 étages répartis autour d’une cour centrale. Les 120 cellules de 3,5 m² chacune accueillent jusqu’à 8 détenus entassés sans lits et sans toilettes. Pour assurer la sécurité, un chemin de ronde et quatre miradors entourent la prison tandis que des barbelés ornent les murs hauts de 12 m.

L'ancienne entrée de Montluc

Si l’édifice paraît anodin, la prison Montluc est chargée d’histoire et porteuse d’un lourd passé, celui de la Seconde Guerre mondiale. Après le 11 novembre 1942 et l’invasion par les soldats allemands de la zone sud (« zone libre » à laquelle Lyon appartient), ces derniers réquisitionnent les lieux et y internent dans des conditions effroyables, hommes, femmes, juifs, résistants, constituant ainsi un réservoir d’otages. Certains prisonniers sont fusillés sur place, d’autres exécutés sommairement dans les environs de Lyon ou déportés vers une destination qui leur est inconnue, c’est-à-dire vers les camps de concentration ou d’extermination nazis.

A la mémoire des personnes internées durant la Deuxième Guerre mondialeLa fresque de Montluc - © Cité de la CréationSelon les sources ministérielles publiées en 1952, au moins 7731 hommes et femmes, français ou étrangers, auraient été internés, dont 662 fusillés et 2565 déportés (seulement 840 rapatriés), alors que 2104 auraient eu un sort inconnu. Le maréchal de Lattre de Tassigny, l’historien Marc Bloch, le journaliste André Frossard (unique évadé du lieu), les résistant(e)s André Lassagne, Daisy Martin (fusillée à Saint-Genis-Laval en 1944) et Elise Rivet (morte dans les chambres à gaz de Ravensbrück en 1945) ou encore les enfants d’Izieu ont séjourné entre les murs de la prison. C’est aussi là que Jean Moulin est enfermé, représenté au premier plan de la « fresque Montluc » qui égrène des noms de détenus. Le lieu est libéré le 24 août 1944 et devient une prison pour collaborateurs avant d’être réservé aux femmes à partir de 1996.

Au début des années 2000, la prison devient totalement vétuste et surpeuplée : 60 détenues pour 24 places. Sa fermeture en février 2009 tourne la première page du bouleversement du paysage carcéral lyonnais. Les détenues condamnées à des peines définitives partent au centre de détention de Roanne, inauguré en janvier 2009. Quant aux prévenues (en attente de leur jugement), elles rejoignent d’autres maisons d’arrêt (Saint-Etienne notamment) jusqu’à l’ouverture de Corbas.

En raison des enjeux historiques du site, l’Association des Rescapés de Montluc entreprend – en vain depuis 2001 – des démarches pour protéger le bâtiment grâce à un classement à l’inventaire des monuments historiques. Il est vrai que la cellule de Jean Moulin, reconstituée pour les visites, n’est pas à son emplacement actuel mais a été déplacée, ce qui ne peut être un argument en faveur de la sauvegarde de l’aile concernée. L’avenir du site se dessine plus nettement en 2009. La conservation du bâtiment cellulaire est désormais acquise.
« Nous allons en faire un lieu de mémoire et nous laisserons les cellules en l’état pour évoquer de façon sobre quel a été le parcours, entre 1942 et 1944, des personnes de la communauté juive ou résistante qui ont été enfermées ici », déclare Jean-Olivier Viout, procureur général près la cour d’appel de Lyon, chargé de définir un projet en concertation avec les associations concernées et le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD). En mars 2009, le préfet du Rhône demande le classement d’une partie des bâtiments : la porte d’entrée, la conciergerie, le « mur des fusillés », l’enceinte, le quartier des femmes et l’ancien quartier des hommes. L’administration pénitentiaire vendra le reste du terrain. Une partie du site sera consacrée à l’édification de ce lieu de mémoire, animé par le CHRD. L’Université Lyon 3 devrait occuper l’autre partie des bâtiments et y implanter des salles, des locaux administratifs et des logements étudiants, à proximité de la « Manu ».

Pour en savoir plus :

-Prison de Montluc : un nouveau lieu de mémoire : dossier Point d’Actu mis en ligne en septembre 2010.

-Montluc, antichambre de l’inconnu : 1942-1944 est l’ouvrage de référence, dirigé par B. Permezel, sur la période noire de la prison : recueil de témoignages et lettres des détenues, liste d’internés classés par cellule, vues du bâtiment…

-Le CHRD comporte, outre des espaces d’exposition, un centre de documentation consacré à la Deuxième Guerre mondiale ouvert au public. Le catalogue de la BmL recense les documents qu’il met à disposition des chercheurs.

2. Un nouveau paysage carcéral tourné vers la périphérie lyonnaise

Depuis les années 2000, la situation est particulièrement problématique dans les vieilles prisons lyonnaises : insalubrité, proximité, parloirs inadaptés et surtout surpopulation. Cette situation est bien reflétée par l’article publié en décembre 2006. Sensible aux conditions de vie des détenus, le Conseil lyonnais pour le Respect des droits publie son rapport de synthèse en 2006 : La rencontre des prisons de Lyon : pour un avis citoyen sur les peines alternatives et la réalisation de la future prison de Corbas, dans lequel il présente un état des lieux du système carcéral lyonnais et de la politique pénale.

Cellule de Perrache © Fonds Lyon Figaro (BmL) - Marcos

Le CLRD souhaite le développement des peines alternatives à l’incarcération. Surtout, dans le contexte de création de la future maison d’arrêt pour Lyon, il aborde les questions importantes des nouvelles prisons : accessibilité, architecture adaptée aux conditions de vie des détenus, travail et activités, … L’objectif visé – loin d’être atteint à l’époque – est le « respect de l’individu quel qu’il soit » : « (…) si la prison doit être le lieu de la sanction et de la préparation à la réinsertion sociale, une révolution des esprits et de la responsabilité politique doit avoir lieu sans attendre ».

A Lyon, les solutions émergent doucement : délaisser les espaces carcéraux intra-muros et conquérir les espaces moins urbanisés des banlieues du Grand Lyon. Les projets de prisons à Meyzieu et Corbas se mettent en place et s’ouvrent entre 2007 et 2009.
Une chaleur étouffante en été © Fonds Lyon Figaro (BmL) - Marcos

Ces établissements sont très attendus, comme le montrent les statistiques de 2007 sur l’occupation des prisons régionales : les sept établissements pénitentiaires du ressort de la Cour d’appel de Lyon dénombraient 2263 détenus pour 1520 places soit un taux d’occupation de 149%. A Saint-Paul/Saint Joseph et Montluc ces taux atteignent respectivement 225% et 204%. Et la surpopulation carcérale ne se réduit pas à la saturation des dortoirs, cela signifie également des visites moins courantes, moins d’activités proposées, un risque de tentatives de suicide accru ainsi que des conditions de travail délétères pour les personnels chargés de la sécurité.

Prison pour mineurs de Meyzieu : le premier EPM français

La prison de Meyzieu découle de la mise en application de la politique gouvernementale de créer des centres de détention fermés pour mineurs (13 à 18 ans). Meyzieu est la première expérimentation française d’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM). L’annonce du projet sur le site majolan a lieu en novembre 2003, en concertation avec Michel Forissier, maire de la commune. La prison, d’un effectif maximum de 60 détenus dont 6 filles, doit être édifiée au lieu dit « Le Rambion », entre le chemin du même nom, la rocade et le Mathiolan. L’annonce suscite des polémiques, tant sur le choix du site que sur celui du système d’incarcération. Les partisans du projet évoquent la nécessité de donner une sanction au mineur condamné tout en évitant de l’incarcérer dans une prison où il côtoie d’autres délinquants. Ils mettent en avant la dimension pédagogique du parcours du détenu, validable par un diplôme. Les opposants craignent la perte du lien familial, qu’ils jugent indispensable à la construction de la personnalité, et prônent le recours à des lieux ouverts où s’exerce un rappel de la loi et du cadre social. Un collectif rassemblant éducateurs, avocats et défenseurs des droits de l’homme se monte alors pour dénoncer la « régression historique » d’un projet « qui s’inscrit dans une logique répressive et non éducative ».

EPM de Meyzieu © Elise Duhayon © Ministère de la Justice

En 2005, les travaux de construction de l’EPM de Meyzieu débutent, sur un terrain de 4,5 hectares et selon une architecture carcérale classique. L’édifice est inauguré le 9 mars 2007 par le Garde des Sceaux de l’époque, Pascal Clément (voir le dossier de presse du ministère de la Justice présentant l’établissement). La mise en service se déroule à partir du 13 juin 2007, permettant le transfert des 28 détenus et la fermeture consécutive du quartier des mineurs de Saint-Paul. Philippe Jullian, directeur de l’établissement, insiste sur le caractère novateur de la prise en charge éducative. L’établissement met en pratique le concept suivant : « faire tourner la détention autour de la salle de classe ». Contrairement aux prisons pour majeurs, la journée des jeunes détenus ne s’arrête pas à 18h par un retour en cellule : les activités se déroulent de 7h30 à 21h30, soit 60 heures par semaine. Durant leur séjour de deux mois et demi en moyenne, leur emploi du temps se compose, à temps égal, d’enseignement et de formation, de sport et d’activités culturelles. Logés par unité de vie de 10 jeunes, dans des cellules de 10-12 m² équipées de douches et toilettes, les mineurs ont accès à une bibliothèque-médiathèque et une salle de spectacle. L’établissement de détention se veut une prison digne de vie, aux conditions compatibles avec l’apprentissage de l’égalité, le respect de l’individu et la dimension éducative.

Angle de vue de l'EPM de Meyzieu © Elise Duhayon © Ministère de la Justice

La mise en service de la prison de Meyzieu n’est pas sans incidents, dont le plus dramatique est le suicide d’un détenu de 16 ans, le lundi 4 février 2008. L’EPM de Meyzieu se voit reprocher des lacunes dans la prise en compte de la souffrance du jeune par la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS).

Philippe Jullian le rappelle cependant, les EPM sont le choix de la difficulté. Les détenus ne sont pas laissés seuls en cellule devant la télévision Terrain de basket © Elise Duhayon © Ministère de la Justicemais sont en groupe et réunis lors d’activités d’apprentissage, ce qui génère plus de heurts. Le directeur ne milite ainsi pas pour l’augmentation des effectifs de la prison de Meyzieu, dont le taux de remplissage est de 50% environ. En septembre 2008, la prison abrite 34 mineurs : 19 prévenus et 15 condamnés, aux durées de séjour variant de quelques jours (pour un prévenu) à 6 ans (pour la plus lourde peine).

La Prison de Corbas signe l’arrêt de mort des prisons de Perrache

Au printemps 2000, le ministère de la Justice fait part de sa décision de fermer les prisons surpeuplées de Saint-Paul / Saint-Joseph et d’implanter un nouvel établissement aux alentours de Lyon. Quatre ans après, trois emplacements semblent possibles, vite réduits à un seul. Le site de Cailloux sur Fontaine est en effet jugé inadéquat et le maire de Saint-Priest, dont la ville est mobilisée par les projets du Carré de Soie et de Léa-Leslys, refuse. Le maire de Corbas, bien qu’opposé à ce choix, se résous à accueillir sur le territoire de sa commune la « nouvelle prison de Lyon ». Le terrain en question se situe sur les carrières Perrier (propriété du Grand Lyon), aux portes de Mions et des deux zones industrielles très proches l’une de l’autre. Les deux cités sont donc parties prenantes sur ce dossier.

L'entrée de Corbas © Clémentine Bagieu © Ministère de la Justice

Fin 2006, s’ouvre donc le chantier de construction de cette nouvelle maison d’arrêt, prévoyant une capacité de 690 détenus. André Sardat, maire de Corbas, et Pascal Clément, Garde des Sceaux, effectuent la pose symbolique de la première pierre le 9 mars 2007 (voir le dossier de presse présentant l’établissement réalisé par le ministère de la Justice). La prison est destinée à accueillir essentiellement des prévenus, principalement issus des centres de détention de Lyon. Quatre quartiers (aux bâtiments séparés) sont délimités pour 540 hommes, 60 femmes, 30 places d’accueil-observation pour les nouveaux arrivants et quelques cellules d’isolement. L’espace d’activités est maximisé, permettant l’exercice d’activités sportives (gymnase, terrain de foot, salle de musculation) et le fonctionnement d’ateliers, indispensables à la réinsertion professionnelle, pour 150 détenus. En octobre 2008, à l’approche de son ouverture, le Groupe local concertation des prisons de Lyon (GPLC) ainsi que les 14 associations d’aide aux détenus et leur famille organisent une réunion d’information à destination des habitants de Corbas. Un appel aux bénévoles et aux visiteurs de prisons est également lancé pour soutenir les futurs détenus du site et permettre de maintenir le lien avec l’extérieur (accompagnement des enfants au parloir, cours proposés par des enseignants…).

Salle de musculation © Clémentine Bagieu © Ministère de la JusticeL’équipement est moderne et les objectifs de l’administration pénitentiaire ambitieux : prendre mieux en charge les détenus pour bien préparer leur sortie. Les nouveaux arrivants ont un quartier dédié de 60 places, dans lequel ils passent plusieurs jours d’adaptation. Dans le même esprit, les cellules des détenus condamnés sont séparées de celles des prévenus en attente de leur jugement. A terme, la prison pourra potentiellement accueillir 930 détenus si l’encellulement individuel n’est pas respecté. Toutefois, rien ne dérogera à la séparation condamnés / prévenus.

Le quartier des prisons... bouclé

Mi-décembre 2008, les mesures de sécurité sont terminées (deux miradors de 18 mètres, filins anti-hélicoptères, …) et les clés de la prison remises à l’administration pénitentiaire qui prépare le déménagement visant à vider les prisons de Perrache.

 

Transfert des policiers en coursCelui-ci se déroule sous haute protection policière le dimanche 3 mai 2009, entre 4h30 du matin et 16h. 436 détenus sont véhiculés entre Lyon et Corbas, par convois de 8 à 16 détenus. Georges Boyer, directeur du nouvel établissement, dresse un bilan positif du transfert, qui s’est déroulé sans heurts.

Dès le lundi, c’est au tour des femmes d’être transférées depuis divers établissements régionaux où elles ont été accueillies à la fermeture de Montluc.

Pour en savoir plus :

-La carte des établissements pénitentiaires en Rhône-Alpes / Auvergne, accessible sur le site du Ministère de la Justice . A noter : les maisons d’arrêt reçoivent – en principe – les prévenus en attente de jugement et les condamnés dont la peine ou le reliquat de peine est inférieur à un an. Les centres de détention enferment les personnes condamnées à des peines plus longues.

-L’enquête de Lyon capitale « Les prisons vont-elles rester « la honte » de la France ? », publiée en mai 2009. Le dossier mentionne une hypothèse évaluant la population carcérale à 80000 détenus en 2017, ce qui impliquerait une surpopulation de la prison de Corbas.
-L’Observatoire international des prisons (OIP), qui publie la revue Dedans dehors
-Ban public : le portail de l’Association pour la communication sur la prison et l’incarcération en Europe
-Dossiers de presse Rhône-Alpes (références d’articles de presse de 1993 à nos jours) : les articles numérisés jusqu’en 2004 sont consultables à partir des postes informatiques de la Bibliothèque municipale de Lyon.
-Europresse (articles du Progrès de 1997 à nos jours) : base de données consultable à partir des postes informatiques de la Bibliothèque.

3. Quid de la culture en prison ?

Quand la prison ouvre ses portes aux activités culturelles

L’ouverture des établissements pénitentiaires à la culture a été complexe et progressive. Elle a en effet nécessité de surpasser des idées reçues en faisant admettre la culture comme vecteur d’intégration, de rapprocher les axes de travail de deux ministères distincts, et de s’appuyer sur un relais de terrain via les associations et les collectivités locales. La politique culturelle en milieu pénitentiaire est initiée en 1983, se concrétisant par la signature de protocoles d’accord entre les ministères de la culture et de la justice entre 1986 et 1990. Il en découle 4 objectifs (favoriser la réinsertion des détenus, encourager les prestations culturelles de qualité, valoriser le rôle des personnels pénitentiaires, sensibiliser et associer, chaque fois que possible, les instances locales à ces actions) et 4 principes de fonctionnement (partenariat avec des structures culturelles locales, recours à des professionnels, mise en place d’une programmation annuelle de qualité, évaluation des actions réalisées).

Sur le terrain, les structures culturelles locales prennent le relais et jouent un rôle essentiel, en initiant ou en répondant à des partenariats favorisant les actions en direction des prisons. Idéalement, des conventions sont élaborées avec les Services pénitentiaires d’insertion et de probation (Spip), services départementaux ayant parmi leurs missions la responsabilité de l’action culturelle et du développement de la lecture.

Les bibliothèques bénéficient d’une place privilégiée en milieu carcéral (voir l’article intitulé « Lire en prison : les bibliothèques en milieu pénitentiaire » du Bulletin des Bibliothèques de France, t.47, n°5, 2002. En effet, la bibliothèque est désormais un lieu ancré dans le milieu carcéral, comme le souligne le rapport de C. Lieber et D. Chatagny, qui fait le point sur la situation en 2005 :
« Chaque établissement possède une bibliothèque dont les ouvrages sont mis gratuitement à la disposition des détenus. Sa localisation doit permettre un accès direct et régulier des détenus à l’ensemble des documents. Un bibliothécaire ou, à défaut, le service pénitentiaire d’insertion et de probation assure les achats, organise la formation et encadre les détenus qui en assurent la gestion quotidienne ». Toutefois, les rapporteurs soulignent que le système ne donne pas entière satisfaction : fonds manquant d’attractivité et de documents multimédias, insuffisance des ressources humaines… Sur ce point, les détenus-bibliothécaires sont des acteurs essentiels, grâce aux tâches techniques qu’ils effectuent et au rôle qu’ils tiennent auprès de leurs camarades. Or, leur travail ne peut se passer du savoir-faire des bibliothécaires professionnels, appartenant aux personnels des collectivités territoriales. A l’évidence, des progrès restent à faire pour que ces dernières considèrent les établissements pénitentiaires comme des éléments ordinaires de leur réseau, selon la formule : « une prison, une bibliothèque territoriale ».

Quelques expériences en Rhône-Alpes

Dès 1997, la Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes (Drac) et la Direction interrégionale des services pénitentiaires Rhône-Alpes / Auvergne (Disp) signent une convention de partenariat pour l’action culturelle en milieu pénitentiaire. Elles marquent ainsi leur volonté de favoriser, dans les établissements pénitentiaires régionaux, le développement de projets artistiques ou autour du livre. Il revient à l’Agence Rhône-Alpes de la lecture et de la documentation (Arald) d’assurer le suivi de cette mission : assistance technique aux Spip, recherche d’acteurs culturels, aide au conventionnement, sensibilisation des personnels… Plus de 20 ans après, les mondes de la prison et de la culture sont associés, comme en témoignent les partenariats (conventionnés ou non) en région (voir le site web de l’Arald). Au final, les réalisations sont variées et dépendent de la volonté des élus locaux d’une part, et des moyens que peuvent mobiliser les intervenants engagés d’autre part.

La Ville de Valence, agissant depuis 1995 au sein de sa maison d’arrêt, est l’une des communes rhônalpines pionnières dans le domaine. Elle apporte un service professionnel par la présence régulière de bibliothécaires, le prêt d’ouvrages aux personnes détenues, des animations et des conseils techniques aux bénévoles intervenants dans le fonctionnement des bibliothèques internes à l’établissement. En 2005, elle est ainsi à l’initiative de rencontres nationales sur le thème “Culture en prison où en est-on ?“. En 2008, Bourg-en-Bresse contribue à la poursuite de la réflexion en organisant une journée de rencontre intitulée “Quels projets pour l’espace pénitentiaire dans la cité ?”.

Les actions culturelles se diffusent en région. En septembre 2008, les habitants de Meyzieu ont pu découvrir une exposition réalisée par les détenus de l’Etablissement pour mineurs (EPM). Elle est le fruit du travail estival de quasiment tous les jeunes de l’EPM, soit 27 adolescents de 16 à 18 ans, sur les thèmes lourds du racisme, de la drogue, de la violence… Les réalisations et témoignages sont l’occasion de réfléchir, de débattre et de s’exprimer hors les murs, grâce à leur installation dans le hall de l’hôtel de ville majolan. A la maison d’arrêt du Puy, un atelier organisé en 2008 par le Spip a débouché sur l’écriture et l’édition d’un recueil de textes d’une dizaine de détenus, « Un moi(s) d’écriture ». Le livre rassemble une centaine d’écrits, dans lesquels les rédacteurs évoquent qui ils sont, avant, pendant et après la prison. Chaque chapitre correspond à une séance de travail menée par une écrivaine. En 2009, le recueil imprimé à 200 exemplaires a été remis aux auteurs et diffusé aux partenaires du projet. Un comédien professionnel s’est également rendu dans la maison d’arrêt pour interpréter les récits devant l’auditoire de la prison.

Depuis quelques années, des actions sont développées autour du livre et de l’écriture, certaines obtenant des financements comme au Puy. En prison, le livre est la première présence culturelle et la bibliothèque le seul lieu de culture défini au sein de l’établissement. L’animer, de façon professionnelle, est donc une nécessité et un enjeu culturel. Au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier, une convention est signée dans cet objectif dès 2005, entre le Conseil général de l’Isère, le Spip et l’établissement. Forte de son succès (50% de la population carcérale l’utilisait en 2005), la bibliothèque interne a mis en place des actions de formation pour que des bénévoles et des détenus acquièrent des compétences d’auxiliaire bibliothécaire et gèrent la collection de livres, en lien avec la Bibliothèque départementale de prêt (BDP). Par cette convention, l’établissement bénéficie également du fonds documentaire de la BDP, au même titre que les autres bibliothèques iséroises. Quand aux lecteurs, leurs goûts sont prononcés pour la cuisine, le droit, la santé ainsi que pour la poésie… tout ce qui peut permettre à l’esprit de s’évader du carcan carcéral quotidien.

Le Jeu de l'Amour et du Hasard, à Saint-Paul (1987) © Fonds Lyon Figaro (BmL) - Marcos

A Lyon, la politique culturelle dans les quartiers s’appuie notamment sur la charte de coopération culturelle, signée en juillet 2004 entre l’État, la Région et les institutions municipales (et reconduite entre 2007 et 2009). L’objectif est de « sortir la culture », d’approcher – et d’accrocher – la population de toute la ville, et de ne plus se contenter d’un public gagné d’avance. En ce qui concerne les publics visés, la charte stipule « la garantie du droit d’accès de chacun à la culture et à l’art et le développement de projet en direction des personnes handicapées, personnes incarcérées, personnes hospitalisées, personnes âgées, personnes en difficulté sociale ou économique ». Parmi les 22 établissements concernés par cette politique d’intervention « hors les murs » (c’est-à-dire en dehors de l’établissement d’origine), 9 réalisent des projets pour et/ou avec des détenus : projections de films par l’Institut Lumière, accueil d’un spectacle à la Maison de la Danse, sensibilisation à l’art par le Musée d’art contemporain de Lyon, interventions et ateliers en milieu carcéral, … A la Bibliothèque municipale de Lyon, une convention est en cours de discussion avec les établissements de Corbas et Meyzieu : formation des bénévoles et détenus, suivi des acquisitions et, si les moyens le permettent, réalisations d’animations. Les expériences dans ce domaine restent marginales mais ont le mérite d’exister. De plus, leur relais via la presse permet de sensibiliser également la population locale, comme à l’occasion du projet transversal Entremondes d’avril 2009, qui a mobilisé plusieurs institutions culturelles lyonnaises.

Axès Libre, à la croisée des chemins de la culture et de la réinsertion

Axès Libre est une association lyonnaise visant à favoriser l’accès à la culture aux personnes en parcours d’insertion, en particulier celles incarcérées ou sortant de détention. Eric Jayat, son président et ancien détenu, milite pour que le travail d’insertion commence en milieu carcéral, à travers l’organisation d’ateliers de poésie, de théâtre, de concerts… « L’accès à la culture est un puissant vecteur d’intégration », précise-t-il. Axès Libre se positionne en interface entre les milieux de la culture et de l’insertion et regorge d’idées originales dans ce domaine. En mars 2007, 18 détenus des maisons d’arrêt de Perrache participent à des ateliers animés par des musiciens et chanteurs de jazz (productions d’écrits, échanges…). Puis deux concerts ont lieu : l’un dans la prison, l’autre dans le cadre d’un cabaret populaire proposé au grand public et aux familles de détenus. Chacune des représentations est enregistrée et diffusée, ce qui permet aux détenus d’être filmés dans l’ambiance du concert en prison puis de s’imprégner de la soirée à laquelle assistent leurs proches. Cet échange valorise les personnes incarcérées qui sont perçus dans leur famille autrement qu’au parloir ou dans un contexte judiciaire et il leur permet d’entamer leur processus de réinsertion.

Axès Libre est aussi à l’origine du projet baptisé «Entremondes». Ce dernier voit le jour en avril 2009, fruit de deux ans de réflexion de détenus de la maison d’arrêt Saint-Paul. Entre décembre 2006 et mai 2008, ces derniers rédigent le scénario de l’énigme d’un jeu de piste, avec la complicité d’animateurs et de structures partenaires. Bâtie autour de l’enjeu d’un dragon à sauver, l’intrigue est le prétexte pour faire visiter les coulisses des principaux centres culturels lyonnais (Opéra de Lyon, Archives, Théâtre des Célestins, Bibliothèque). Sur le terrain, l’enquête est confiée à un groupe de personnes en rupture sociale suite à des accidents de la vie. Durant 3 jours, leur déambulation urbaine est source de surprises et de découvertes culturelles : la visite de l’Opéra est par exemple l’occasion d’observer et de toucher les masques et costumes du futur spectacle. Pour tous les publics, y compris les personnes en difficultés sociales, l’ouverture sur la culture assure un dynamisme et un bien-être qui leur permet d’avancer dans la vie, au-delà du triptyque fondamental «emploi-logement-santé».

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One thought on “Les prisons de Lyon se font la belle”

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