Théâtre

Quand la bande-dessinée monte sur les planches…

- temps de lecture approximatif de 10 minutes 10 min - Modifié le 03/09/2016 par le département Arts Vivants à la médiathèque de Vaise

Le Festival international de la BD d'Angoulême a lieu du 24 au 27 janvier 2008. Comme toujours, il sera possible de faire dédicacer ses livres et de dire bonjour aux auteurs après avoir attendu sagement son tour quelques petites heures dans les files d'attente. C'est cela un festival de BD mais c'est aussi, et de plus en plus, un lieu de spectacles ! Adaptations de BD à la scène, dessins en direct inspirés par un spectacle, rencontres avec la musique et les autres arts, etc. De nouvelles formes spectaculaires apparaissent faisant sortir la BD de la case dans laquelle elle était jusqu'alors enfermée !

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Brûler les planches, croquer la scène

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Yolande Moreau en scène

Plusieurs spectacles seront donc proposés cette année dans le cadre du festival d’Angoulême et parmi eux Yolande Moreau illustrée par Pascal Rabaté. Yolande Moreau, inoubliable au théâtre dans la troupe des Deschiens, a été, au cinéma, consacrée en 2005 par un César pour son long-métrage Quand la mer monte. Au coeur de ce film il y avait un spectacle, Sale Affaire (du sexe et du crime), one woman show dans lequel Yolande Moreau jouait le rôle d’une femme qui se confie au public alors qu’elle vient de tuer son amant. C’est donc ce spectacle qu’elle présente à Angoulême et qui sera illustré en direct par Pascal Rabaté, auteur de Ibiscus dont l’actrice est grande admiratrice.

Un petit peu de la même façon, et toujours dans le cadre du festival d’Angoulême 2008, Thomas Fersen sera illustré par Joann Sfar. Thomas Fersen, chanteur rêveur de la scène française sera porté par les illustrations inédites réalisées en direct par Joann Sfar, un des piliers de la nouvelle bande-dessinée française.

Les adaptations de spectacles en bande-dessinées

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Le Cid de Morvandiau

De nombreuses pièces de théâtre ont été adaptées en bande-dessinées. Nous ne les citerons pas toutes ici car ces entreprises sont plus ou moins intéressantes. Plutôt moins en ce qui concerne par exemple la collection Commoedia des éditions Vents d’Ouest. Plutôt plus pour la version du Cid de Corneille par le génial Morvandiau, puisqu’il s’agit là d’une oeuvre à part entière qui a su respecter le texte d’origine tout en lui donnant un souffle contemporain. Dans la même veine, Ubu, personnage crée pour le théâtre par Alfred Jarry au début du XXème siècle a trouvé une nouvelle jeunesse avec la série imaginée par Emmanuel Reuzé et librement inspirée du travail du dramaturge.

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Shirley et Dino de Margerin

Plutôt qu’une adaptation de leur spectacle, Frank Margerin, le géniteur du anti-héros Lucien, a lui récemment dessiné une véritable autobiographie loufoque des deux fantaisistes Shirley et Dino.

Alexandro Jodorowsky fait le lien mieux que quiconque entre spectacle vivant et bande-dessinée. Il a scénarisé plusieurs séries de BD pour Moëbius, Boucq ou Bess. Alexandro Jodorowsky, tour à tour scénariste, clown, acteur, chorégraphe, tireur de tarots, cinéaste, romancier et metteur en scène, après avoir parcouru le Chili en tous sens avec sa troupe de marionnettes, se rend à Paris en 1953 où il collabore avec le Mime Marceau et lui écrit quelques-unes de ses plus célèbres pantomimes. C’est en hommage au mime décédé récemment qu’il a scénarisé Pietrolino, le clown frappeur.

Et vice-versa, des adaptations de BD pour la scène

A l’inverse donc, les BD ayant été adaptées pour la scène sont plus rares mais souvent très intéressantes. C’est le cas du Démon de midi, bande-dessinée de Florence Cestac, devenue one-woman show au théâtre en 2003 grâce à Michèle Bernier.

Le Chat du rabbin de Joann Sfar, a été adapté au théâtre par la compagnie de productions Donc.

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Lincoln des frères Jouvray

Citons aussi The building, de Will Eisner, adapté au théâtre par la compagnie dijonnaise Le Sablier, ou bien aussi l’adaptation de la BD-western Lincoln, des frères Jouvray, par le Collectif TIF de Marseille (voir la bande-annonce de la pièce).

A écouter et lire en ligne, une émission de Radio Praha avec deux dessinateurs belges sur le thème de l’adaptation d’une BD pour le théâtre, et vice-versa !

De nouvelles formes spectaculaires

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Peter Pan de Loisel

La BD connaît un succès public toujours grandissant. Et, se développant, apparaissent de nouvelles formes spectaculaires qui mêlent BD aux différents arts de la scène.

La danse a également été inspirée par la BD. Peter Pan, de Loisel, a été librement adaptée en spectacle de danse par la compagnie Calcagno/Dubois au Pavillon Noir à Aix-en-Provence en 2007.

La BD muette Là où vont nos pères, de Shaun Tan (lire interview de l’auteur sur le site Du9.org), a été portée sur les planches sous la forme d’un spectacle multi-disciplinaire incluant des projections des illustrations originales, des acteurs et des créatures-marionnettes, sans aucun dialogue.

Cette année au festival d’Angoulême, des concerts de dessins auront lieu : “Une histoire originale de Carlos Sampayo sera mise en images en direct, en public et sur grand écran par une dizaine de dessinateurs, sur une partition tango inédite d’Areski Belkacem. Véritable dialogue émotionnel entre disciplines artistiques, les concerts de dessins présentent une forme de bande dessinée originale, qui n’est liée ni au papier, ni à l’impression, ni à la reproduction.” (source www.bdangouleme.com)

A propos de concerts justement, des auteurs comme Robert Crumb, Joann Sfar, Ludovic Debeurme ou Charles Berbérian en ont donné plusieurs, tout en dévoilant leur amour de la musique dans plusieurs BD.

L’impro, ça marche aussi en BD

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Panopticum de Thomas Ott

La BD se présente sous son meilleur jour avec les improvisations musicales. Ainsi le groupe de l’ARFI, déjà spécialiste des impros sur des projections de films, a crée un spectacle à partir de “La ville qui n’existait pas“, de Enki Bilal, où la BD se raconte en musique.

Idem pour la BD muette de Thomas Ott “Cinéma panopticum” qui a inspiré un groupe de jazzmen improvisant sur les images de l’album lors du Big Bande Dessinée de la médiathèque de Vaise en 2007.

Impro-musicale mais aussi impro-BD. Comme l’impro-théâtre, l’impro-BD met en scène deux équipes qui s’affrontent sur des thèmes imposés (policier, humour, science-fiction, etc.) avec certaines contraintes (impro à relais, nombres de cases limitées, etc.). Les joueurs doivent dessiner dans un laps de temps annoncé par l’arbitre et, bien sûr, le public vote pour la meilleure impro. Une rencontre est prévue, toujours dans le cadre du festival d’Angoulême, entre l’équipe du magazine Fluide Glacial et celle de l’hebdomadaire Spirou.

La BD se donne en spectacle jusque sur le Net

Pour finir ce Points d’actu, une actualité toute chaude avec les « 24 heures de la bande dessinée » qui viennent d’avoir lieu dans le cadre du festival d’Angoulême : un marathon graphique qui était à suivre en direct sur le Net. Cela consistait, pour chacun des auteurs participant, à concevoir et réaliser 24 pages de bande dessinée en 24 heures, soit une page de couverture, 22 planches et un dos de couverture, à partir d’une contrainte dévoilée au dernier moment ! Cette année il s’agissait de “mettre en scène à la page 12 une réunion de famille” ! Bon, vous avez peut-être loupé le direct, c’est rageant, certes, mais vous pouvez retrouver directement l’intégralité des planches réalisées par les 203 participants sur le site http://24hdelabandedessinee.com. Et cette fois-ci, pas besoin de faire la queue !…

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