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Peter Holtz, autoportrait d’une vie heureuse

Ingo Schulze

Le roman de Ingo Schulze pourrait facilement porter comme sous-titre , "le conte de la réunification allemande". En effet, la littérature sur le sujet du "tournant" est riche et constitue même un genre en soi, appelé "Wenderoman"

Peter Holtz, orphelin de 12 ans, est recueilli en 1974 par une famille de Berlin-Est, les Grohmann. C’est un garçon particulier et tous ceux qui l’approchent s’en rendent vite compte. Car, ce qui est exceptionnel pour son si jeune âge, c’est un marxiste affirmé, un vrai dialecticien. D’ailleurs il a pour héros Pavel Kortchaguine, porte-flambeau de la littérature soviétique et exemple-phare pour tous les pionniers.

Dans les années 70, en République démocratique allemande (RDA), nul n’imaginait sa disparition comme Etat, même quinze ans plus tard. Au plus, on rêvait de passer de l’autre côté du Mur comme dissident, pour profiter de la liberté que l’Occident offrait et l’Etat policier interdisait. Mais le 9 novembre 1989 le Mur chute et les citoyens est-allemands (et avec eux notre Peter Holtz) sont confrontés au passage du « socialisme réel » au consumérisme capitaliste.

Le choix d’un roman picaresque, aussi bien dans la forme (courts chapitres précédés de résumés drôlatiques), que dans la narration (récit truculent à la première personne) permet à l’auteur de plus facilement mettre en évidence les travers et les malentendus de la réunification. Et notre héros, toujours en utopiste, tel Candide ou Chveïk, se laisse entraîner dans des situations souvent ambigües. Sa naïveté et son franc-parler provoquent souvent le rire mais si on réfléchit, c’est lui qui a raison. Seulement, dans le monde où l’argent est roi, personne n’est prêt à entendre sa vérité…

Voir dans le catalogue de la BML

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