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La belle excentrique

Patricia Petibon

Elle est rousse (et alors ?). Elle affectionne les petits chapeaux biscornus et joue à décoller les étiquettes. Dans ce récital, subtilement composé, original plus qu'excentrique, dont le titre emprunte à Satie, la soprano flamboyante accompagnée au piano par Susan Manoff célèbre à sa manière le Paris populaire de Verlaine, Apollinaire, Ferré ...

De Satie aussi elle a retenu quelques tubes insubmersibles. Le langoureux « Je te veux » est d’une beauté et d’un magnétisme renversants. Patricia Petibon s’acoquine le temps de deux chansons facétieuses à un Olivier Py pas chochotte pour deux sous, très en verve et très convaincu, à défaut d’être réellement convaincant.

Le menu est de choix. On nous sert ici du Poulenc, musculeux ou malicieux (les gars qui vont à la fête – Ba, be, bi), là un cancan grand-mondain endiablé. Tout cela est fort goûteux et roboratif à souhait. Et ne manque pas de charmes, mais au final ce n’est pas tant le « petit numéro » revendiqué de la “jolie môme” qui séduit et émeut que l’humour pince-sans-rire ou les délicates demi-teintes des délicieuses et trop rares mélodies de Rosenthal (exquise « Rêverie » malicieuse galerie de portraits animaux). Ajoutez une poignée de mélodies de Fauré, spleeneuses et assourdies, quelques airs de Reynaldo Hahn exquisement désuets. C’est là, tout compte fait, loin de toute esbroufe canaille et de toute surenchère popu, que la soprano déploie ses plus grands talents et trouve la plus grande justesse. Ce récital, entamé avec gouaille et accordéon obligés, se clôt dans la moiteur et la rousseur crépusculaires de l’automne ; les colchiques dans les prés fleurissent, le cœur empli d’une douceur nostalgique et bercé d’un tendre roulis s’alanguit et se pâme. C’est la fin de l’été.

Voir dans le catalogue de la BML

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