Théâtre

L’art de la comédie à l’italienne

- temps de lecture approximatif de 6 minutes 6 min - Modifié le 14/12/2018 par le fonctionnaire inconnu

Oui, les footballeurs italiens sont de grands comédiens. Mais ils sont loin d'être appréciés des amateurs de ballon rond pour ce talent. Pourtant, en d'autres lieux, l'art de la comédie à l'italienne est très apprécié, et ce depuis des siècles ! Il s'agit de la Commedia dell'arte.

Faut pas payer de Dario Fo
Faut pas payer de Dario Fo ; Cie Clin d’OEil (78) - Festival National de Théâtre amateur contemporain de Châtillon-sur-Chalaronne. Photo : Emile Zeizig

Mort il y a de cela quelques semaines, le dramaturge italien Dario Fo, prix Nobel de littérature et l’un des dramaturges italiens les plus représentés dans le monde avec Goldoni, avait fortement contribué à renouveler l’attrait pour la commedia dell’arte au cours du XXème siècle. Lui-même a été très admiratif et très influencé par Angelo Beolco, dit Ruzzante, le “vrai père de la Commedia dell’arte”.

« Un extraordinaire homme de théâtre de ma terre, peu connu… même en Italie. Mais qui est sans aucun doute le plus grand auteur de théâtre que l’Europe ait connu pendant la Renaissance avant l’arrivée de Shakespeare. Je parle de Ruzzante Beolco, mon plus grand maître avec Molière : tous deux acteurs-auteurs, tous deux raillés par les plus grands hommes de lettres de leur temps. Méprisés surtout parce qu’ils mettaient en scène le quotidien, la joie et le désespoir des gens du commun, l’hypocrisie et l’arrogance des puissants, la constante injustice »
Discours de Dario Fo lorsque lui fut attribué le prix Nobel en 1997.

Née d’une tradition populaire qui plonge ses racines dans la Rome antique, la commedia dell’arte est apparue en Italie au début du XVIe siècle. Théâtre populaire italien où des acteurs masqués improvisent “des comédies marquées par la naïveté, la ruse et l’ingéniosité”.

Il s’agit de l’un des phénomènes les plus importants du théâtre moderne, développé par des personnes aux professions jugées basses ou infamantes : bouffons, charlatans, saltimbanques, acrobates et prestidigitateurs… Des acteurs qui enfreignaient ouvertement les règles dominantes.

La plupart des acteurs étaient ainsi capables de multiples acrobaties, physiques ou verbales, connues sous le nom de lazzi, et qui faisaient la singularité de chacun d’entre eux. De même, ils disposaient d’une grande liberté de jeu et avaient un grand talent d’improvisateur.

La commedia dell’arte a rapidement imposé des types, caractérisés chacun par un nom, un costume, un masque, et un art particulier du jeu théâtral, reposant sur cette faculté d’improvisation à partir d’un canevas comique. Les personnages de la commedia dell’arte reviennent dans toutes les pièces. Certains personnages sont ainsi extrêmement célèbres comme Polichinelle, Pantalon (d’où l’expression pantalonnade !), le Capitan ou bien évidemment Arlequin.

Il y a bien eu quelques textes écrits mais la plupart du temps il s’agissait d’improvisations très attachées aux particularités locales. Nombre de compagnies itinérantes, en Italie et en France principalement, pouvaient ainsi jouer, sur des tréteaux, des situations inspirées des contextes locaux et attirer un public nombreux.

La popularité de la commedia dell’arte fut extraordinaire, principalement au XVIIIème siècle. A tel point que certains gouvernements tentèrent de la censurer.

La commedia dell’arte inspira alors les plus grands dramaturges français de l’époque, comme Pierre Corneille, Molière ou Regnard. A tel point qu’un certain nombre de leurs pièces fut repris, réduit à leur canevas, dans le répertoire de la commedia dell’arte !

Et jusqu’à aujourd’hui, à l’instar de Dario Fo, de nombreux auteurs et metteurs en scène s’inspirent et jouent encore avec les codes de la commedia dell’arte…

 

Quelques textes de Ruzzante (ou Ruzante)

Pour aller plus loin

GENERALITES

A VOIR AUSSI :

  • Shadi / film documentaire de Maryam Khakipour [D.V.D]
    A Téhéran, la tradition de la Commedia dell’Arte à l’iranienne, fondée sur une saine critique des institutions, n’est pas du goût des autorités. La compagnie Siâh Bâzi, expulsée de son théâtre, se rend à Paris à l’invitation d’Ariane Mnouchkine afin de monter un spectacle au Théâtre du Soleil…

 

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