Mon holocauste
Tova Reich
lu, vu, entendu par cgremeret - le 04/12/2014
Un roman furieux, sans hypocrisie ni tabou, qui s’en prend, sous la forme d’une satire irrésistible, aux “Professionnels de l’Holocauste”. Un chef-d’œuvre désopilant, qui dynamite la fatuité mémorielle. Un ouvrage impitoyable d’un génie de la satire.
Il fait partie des romans sociaux et politiques les plus lucides de ce début de siècle. Sa sortie aux USA en 2007 a provoqué, outre un raffut de tous les diables, un véritable scandale mais a été salué par la critique. L’auteur qui est fille de rabbin et ex-femme du directeur du musée de l’Holocauste à Washington, vise tout sauf la destruction et nous montre la profanation du souvenir de l’Holocauste. Tout ce qu’elle veut, c’est le restaurer.
La moindre des choses est de vous présenter la famille Messer : le père et le fils, Maurice et Norman, vivent par et pour le génocide juif. Le premier dirige le musée de l’Holocauste de Washington, le second préside une société, Holocaust Connections Inc., chargée de distribuer une appellation “Holocauste Compatible” aux produits de ses clients. Autour d’eux se presse une foule de donateurs, artistes, intellectuels, tous soucieux d’obtenir un label socialement désirable et commercialement rentable. Tout va pour le mieux jusqu’au jour où Nechama, la fille de Norman, décide de se convertir au catholicisme et d’entrer au carmel d’Auschwitz…
Charge satirique contre la commercialisation de l’Holocauste, ce roman a effectivement et largement de quoi déplaire puisqu’il vise un peu tout le monde : ceux qui culpabilisent les jeunes générations au nom de la mémoire de la Shoah, ceux qui fument des joints à Birkenau, et encore tous ceux qui s’abandonnent aux délires pseudo-religieux.
Ce que la fiction fait du matériau historique est ici passionnant : un livre décalé sur la Shoah que l’on attendait depuis longtemps.
A ne pas mettre entre toutes les mains cependant…
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