Optimisme
Songhoy Blues
lu, vu, entendu par Damien B. - le 27/03/2021
Gonflé à bloc, le desert rock des maliens de Songhoy Blues fait mouche sur ce troisième album aussi électrique qu'énergique. Enregistré par le producteur et musicien américain Matt Sweeney, "Optimisme" ne dément pas son titre et nous touche au coeur.
Dès “Badal”, premier titre affûté comme du Foo Fighters, le groupe Songhoy Blues dégaine ses armes. Des armes toutes musicales au service du peuple malien, déployées avec conviction depuis Music in exile en 2015, leur premier album soutenu et publié par Julian Casablancas. Le quatuor, formé à Bamako et repéré par Damon Albarn (Africa Express) et Nick Zinner (Yeah Yeah Yeahs), s’emploie depuis 2012 à enflammer la jeunesse de son pays et au-delà. Entre traditions maliennes (gamme pentatonique, transe) et électricité occidentale, les quatre musiciens ne choisissent pas. Bercés autant par Nirvana qu’Ali Farka Touré, les jeunes rockers – désormais basés à Tombouctou – délivrent des brûlots gorgés d’énergie et de combativité.
Les onze titres d’Optimisme font la part belle au rock (“Badal”), à la transe mêlée de polyrythmies effrénées (“Fey Fey”, “Dournia”), aux balades folk (“Kouma”) et au blues du désert (“Worry”). Le groupe affiche une dextérité musicale à l’efficacité redoutable, porté par une solidité rythmique et des entrelacs de guitares étourdissants. Il sait aussi nous conter les maux et espoirs de la société malienne actuelle. Entre anglais, français et dialecte songhaï, les chansons appellent à la rébellion et au changement, soutiennent la voix des femmes, évoquent le sort des exilés. Armées de messages de solidarité et d’humanisme, elles percutent autant qu’elles enivrent.
Entre crise politiques, coup d’Etat et pandémie mondiale, il faut une sacré dose de courage pour intituler son album Optimisme. Non seulement les Songhoy Blues en ont à revendre, mais il le font avec virtuosité et dynamisme.
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