Le retour
Scénario et dessins de Bruno Duhamel
lu, vu, entendu par Raphaële - le 28/06/2017
Les faits relatés dans cet album sont basés sur la vie et l'oeuvre de César Manrique peintre, sculpteur et architecte espagnol, originaire de l'île de Lanzarote. D'emblée, l'auteur nous précise cet élèment important lui permettant de préciser que cette adaptation se veut très libre et que "tout est faux". A vous d'en juger !
Publiée chez Grand Angle et très franchement inclassable, Le retour nous livre une sacrée tranche de vie.
L’histoire : Après une prestigieuse carrière internationale, le très célèbre sculpteur et peintre Cristobal retourne sur l’île de Lanzarote, sa terre natale. Par amour pour son île, Manrique va se lancer à corps perdu dans une démarche artistique compromettante le mettant au centre des spéculations immobilières et financières. Dans un premier temps, il va être aimé de tous, prenant le rôle du protecteur de l’île. Peu à peu, Cristobal dérive vers une forme de totalitarisme artistique l’isolant de ceux qui, hier, l’admiraient tant. Des années plus tard, Cristobal est retrouvé mort dans un étrange accident de voiture. Une enquête policière débute alors et afin d’éclaircir les zones d’ombre de cette mort violente, l’inspecteur Ramirez retrace le destin hors normes de Cristobal…
Le retour est une BD ambitieuse. De prime abord, la lecture s’annonce complexe mais on s’habitue vite au rythme des allers retours spatiaux-temporels. L’auteur a choisi d’entrelacer deux intrigues, une quête artistique (l’histoire d’une vie) et une enquête policière. Ce choix judicieux se retrouve dans le traitement graphique de l’album, le passé de Cristobal est en couleur, le présent apparaît en demi-teinte dans les tons grisés. Un code graphique inversé qui fait son effet.
La question centrale abordée par cette fiction est complexe mais criante de vérité : comment une démarche initialement artistique se voulant altruiste peut-elle traduire la plus grande des solitudes ? Une solitude qui, à plusieurs reprises dans le récit, ressemble à s’y méprendre à de la mégalomanie.
Mais attention, même si Cristobal ressemble fortement à Manrique, Bruno Duhamel ne raconte pas la vraie vie de Manrique… L’auteur réinvente très largement cette histoire, lui permettant d’explorer en profondeur les affects de l’artiste mais aussi ses démons intérieurs.
Chapeau l’artiste pour cette histoire dont on ne sort pas vraiment indemne !
Voir dans le catalogue de la BML
Poster un commentaire