Le noir

Lemony Snicket et Jon Klassen

lu, vu, entendu par Joaquim - le 20/04/2021

Vaincre avec douceur la peur du noir

La peur du noir chez les enfants est considérée comme faisant partie de leur développement. Ce n’est pas forcément facile pour les principaux intéressés. Or, voici un livre qui peut véritablement les aider à éviter qu’elle ne prenne une dimension anxiogène. Son écriture merveilleuse met en lumière Lazlo, ce jeune garçon qui, vous l’avez compris, a peur du noir. Il n’aime pas l’inconnu et il redoute la nuit quand l’obscurité, peu à peu, vient dans sa chambre. Toute l’histoire tourne autour de lui et de cette aventure pour surmonter sa peur des ténèbres.

Le message est donc clairement défini dès le titre de l’album et traité d’une jolie façon. Le texte est superbement accompagné par les illustrations de Jon Klassen. C’est un livre où toutes les pages sont véritablement étourdissantes de beauté. On dirait qu’elles ont été peintes à l’aquarelle ou au pastel. Cela donne beaucoup de relief à l’histoire. Le noir est ici magnifiquement traité et confère à toutes les compositions en doubles pages des jeux d’ombres et de lumières où les objets, plongés dans l’obscurité, perdent peu à peu leur caractère effrayant. Ainsi, les formes et les couleurs qui se chevauchent avec les zones blanches en font un livre très attrayant. Par moment, il y a des « effets de torches » avec le faisceau de lumière qui se fraye un chemin dans l’ombre, ce qui permet paradoxalement d’obtenir des pages massivement remplies de couleurs et très lumineuses malgré qu’une grande partie soit plongée dans le noir. C’est très réussi.

Le trait de crayon est, quant à lui, à la fois doux et granuleux. Il se fond parfaitement avec le texte, créant une expérience sensorielle plus profonde. Les couleurs tamisées utilisées pour le visage préoccupé de Lazlo, son adorable pyjama bleu et partout où la lampe de poche brille, offrent la bonne dose de réconfort aux jeunes lecteurs et constituent également un contraste parfait avec la planéité du noir toujours croissant. Ils découvrent ainsi, pages après pages, que l’obscurité n’est pas une chose si effrayante. Cela fait partie du quotidien et à travers le récit, le jeune protagoniste arrive à l’apprivoiser pour finir par se lié d’amitié avec elle. C’est donc un livre magnifique, tant par la narration que par les dessins que les enfants s’approprient facilement.