
L’Aquarelle
Marie-Pierre Salé
lu, vu, entendu par FC - le 16/02/2021
« Beau livre » dans le sens littéral du terme, L’Aquarelle est non seulement splendide, mais également une synthèse de référence sur cette technique et ce genre.
L’aquarelle peut en effet se définir en tant que technique : c’est une peinture à l’eau (qui se différencie du lavis monochrome par l’utilisation de couleurs), transparente. Des parchemins médiévaux aux chefs d’œuvres de la Renaissance (italienne et nordique), elle est largement employée.
Elle n’a été cependant considérée comme genre (catégorie particulière de la peinture ou du dessin) qu’à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, en Angleterre puis en Europe et enfin aux Etats-Unis. Mais elle est regardée comme un genre mineur, assimilé au dessin et à l’estampe coloriée.
A la fin du XVIIIe siècle, l’invention et la diffusion du papier vélin (par un Anglais) et les couleurs prêtes à l’emploi conditionnées font évoluer la pratique de l’aquarelle.
C’est en Angleterre que l’aquarelle se développe largement à partir de 1750. Cet âge d’or se poursuit jusqu’au milieu du XIXe siècle. Joseph Nash se spécialise dans les vues urbaines et architecturales tandis que David Cox donne toute sa place à l’étude sensible de la nature et aux effets atmosphériques. John Constable travaille sur la transcription des effets dramatiques liés aux changements de lumière et d’atmosphère, notamment aux ciels et aux nuages. William Blake l’utilise en tant qu’illustrateur. Les préraphaélites (Edward Burne-Jones, Dante Gabriel Rossetti) font de l’aquarelle une détrempe opaque et dense, proche de la peinture à l’huile.
Au cours du XIXe siècle, l’aquarelle connait une expansion en Europe. Egon Schiele par exemple s’en empare (Le couple, Deux femmes s’embrassant). Mais bien souvent, elle ne représente plus pour les peintres un genre prédominent. Puis elle gagne les Etats-Unis à la fin du XIXe siècle-début XXe où elle devient pour de grands artistes comme Winslow Homer un moyen d’expression à l’égal de la peinture.
En France, tout d’abord déconsidérée, des artistes comme Nicolas Toussaint Charlet découvrent ses ressources esthétiques. Puis la mode anglaise de l’aquarelle va influencer de nombreux artistes français, tels Théodore Géricault, Eugène Isabey, Eugène Delacroix, puis Jongkind, Eugène Boudin, Gustave Moreau, Cézanne, Signac…
L’aquarelle sert aussi les études sur la couleur et les expérimentations formelles des peintres abstraits comme August Macke, Hans Hartung, Vassily Kandinsky, Frantisek Kupka, Paul Klee, Gerhard Richter.
Voir dans le catalogue de la BML
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