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La société de vigilance : auto-surveillance, délation et haines sécuritaires

Vanessa Codaccioni

Un essai synthétique, accessible et brûlant d'actualité.

Ce livre de Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférences en sciences politiques, s’ouvre sur une citation d’Emmanuel Macron datant de 2019 : “Une société de vigilance. Voilà ce qu’il nous revient de bâtir.” et s’attache au cours des 150 pages suivantes à observer comment ce programme se met en place ces dernières années, en France et ailleurs.

 

Terrorisme, crise sanitaire, insécurité du quotidien, les prétextes suscitant émotion et adhésion unanime ne manquent pas pour convaincre les citoyens d’exercer une surveillance de tous par tous et ainsi renforcer le contrôle exercé par l’État sur sa population. A travers une mise en perspective historique et géographique, on découvre comment le ciblage raciste et discriminatoire de la répression d’État est légitimé, et la participation active de la population – à travers notamment la dénonciation – est encouragée.

 

Nous montant les uns contre les autres et entretenant une “culture de la suspicion”, l’Etat produit une “insécurisation mutuelle” afin de s’assurer de notre coopération. L’injonction faite à toutes et tous d’obéir et d’adopter des comportements policiers est facilitée par un arsenal technologique (caméras de surveillance, smartphones, drones) : nous sommes en permanence invités à signaler (un colis, un comportement), à noter (un service, une personne), à dénoncer (des propos, le non-respect d’un couvre feu…). Le citoyen idéal est vigilant, en alerte constante et en lien avec les autorités, préparé à toutes les éventualités et résilient en cas de déficience de la protection de l’État, qui se décharge de ses responsabilités sur sa population.

 

La Société de Vigilance ne nous laisse pas sur cet état des lieux déprimant mais ouvre dans ses dernières pages des perspectives de résistance, individuelles ou collectives, et nous renvoie vers l’ouvrage Se Défendre, d’Elsa Dorlin (qui étudie l’autodéfense des groupes opprimés), les collectifs de surveillance des violences policières (on pourra citer https://surveillonsles.art.blog/ à Lyon) et les collages féministes. On se permettra d’ajouter à cette liste les travaux de https://www.laquadrature.net/ et https://technopolice.fr/ autour de la surveillance et des données personnelles, ainsi que bien évidemment la lecture de l’ouvrage salutaire de Codaccioni !

Aller plus loin :

 

https://lundi.am/La-societe-de-vigilance

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/sommes-nous-entres-dans-une-societe-de-vigilance

http://lesaf.org/wp-content/uploads/2021/03/Vanessa-CODACCIONI-La-socie%CC%81te%CC%81-de-vigilance-injonction-et-levier-se%CC%81curitaire.pdf

https://www.monde-diplomatique.fr/2021/03/GANDINI/62864

https://www.philomag.com/articles/la-societe-de-vigilance-de-vanessa-codaccioni

https://blogs.mediapart.fr/screenshot/blog/300821/la-societe-de-vigilance

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/02/la-societe-de-vigilance-tous-surveillants-tous-surveilles_6068453_3232.html

https://radioparleur.net/2021/02/02/vanessa-codaccioni-entretien-vigilance/

Voir dans le catalogue de la BML

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