La langue de mon père
Sultan Ulutas Alope
lu, vu, entendu par Benoît S. - le 03/07/2024
A l’instar de nombreux grands noms de la littérature mondiale, Sultan Ulutas Alope a fait le choix de renoncer à sa langue maternelle, le Turc, pour écrire sa pièce en Français. Une nécessité pour plonger dans une histoire intime douloureuse et pour se réconcilier avec une identité malheureuse.
L’autrice a grandi à Istanbul avec ses deux sœurs, sa mère turque mais surtout son père kurde. Un père mi-héros, mi-ogre tout droit sorti d’un conte, capable de manifestations d’amour comme d’accès de violence inquiétants. Un père, qui disparaît plusieurs mois sans prévenir et qui réapparaît de façon toute aussi soudaine. Quelle est la nature de ses absences ? Des actions secrètes pour la cause Kurde ? Mystère. Ses absences ne sont évidemment pas sans conséquences sur l’équilibre familial. Déjà exilé Kurde, il le devient également au sein de sa famille. Une sorte de passager clandestin, qui finit par disparaître pour de bon, un jour. A travers cette tragédie ordinaire, l’autrice nous dresse le portrait en creux d’une Turquie nationaliste. La pression est tellement forte dans ce pays où “d’où tu viens ?” est la deuxième question qui arrive tout de suite après “Comment tu t’appelles ?”. Mieux vaut alors ne pas répondre une région de l’est, une région Kurde.
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