Inu-Oh
Masaaki Yuasa
lu, vu, entendu par Sabine Bachut - le 13/10/2023
Superbe film d’animation du très talentueux Masaaki Yuasa. Du dessin, à la narration, en passant par la mise en scène, tout est surprenant et inattendu, violent et charmant, c’est un délice visuel déstabilisant mais enchanteur aussi. Bref, un grand coup de cœur pour cet artiste et ce nouveau petit bijou qu’il nous propose !
L’histoire prend tout d’abord une forme traditionnelle, ce qui m’a surpris en connaissant ses 2 autres œuvres, Mindgame et Lou & l’île aux sirènes, qui partent assez rapidement dans l’extravagance. Là, nous rentrons dans la vraie histoire d’une bataille entre deux clans, les Heike et les Minamoto, dans un japon ancien. Et quelques années plus tard des pêcheurs spécialisés en reliques plongent à la recherche des restes des batailles au fond des rivières.
Ailleurs, naît un personnage totalement difforme, Inu-oh, tellement atteint de multiples déformations qu’il est traité réellement comme un chien, vivant avec eux et mangeant comme eux, un masque lui couvrant le visage en permanence.
Pendant ce temps, une équipe mandatée par le shogun (général qui administre le pays) est à la recherche de reliques rares et hantées par des esprits. Elle arrive dans un village où Tomona et son père sont pêcheurs de reliques. Accompagnés de leurs clients, ils vont se rendre à un endroit très précis de la rivière où se trouverait un des trésors sacrés. En le repêchant, ils vont déclencher une malédiction. Des années plus tard, les 2 jeunes garçons vont se rejoindre autour de leurs handicaps respectifs mais surtout avec de leurs talents de chanteurs, musiciens et danseurs…
Difficile de résumer ce film qui foisonne de pistes et de liens dont on ne saisit la signification que lorsque l’histoire s’achève. Une complexité issue du livre dont il s’inspire : Le roi chien de Hideo Furukawa, qui, lui-même entremêle passé, présent et futur dans une optique de réappropriation et de transmission. Plusieurs points sont abordés, le poids de l’histoire, la nécessité de la transmettre, faire vivre la mémoire, les morts. L’injustice sociale aussi à travers les personnages. La dichotomie entre le discours officiel et la vérité.
Et enfin, cette liberté créatrice de la musique et de l’art, qui permet d’exprimer tant d’émotions et de sentiments. Il faut rentrer dans l’histoire et se laisser charmer par les péripéties délirantes des personnages et par la musique déjantée et parfois très actuelle. J’avoue être totalement tombée sous le charme du biwa et de la belle énergie communicatrice de la musique ! Maintenant, à vous de vous faire une opinion !
Pour aller plus loin :
Ecran large : Inu-Oh : critique qui fait son show
Le figaro : pour qui sonne le biwa
Voir dans le catalogue de la BML
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