L’homme de Cheddar était noir

- Modifié le 04/01/2023 DptSciencesTechniques

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Le bel homme de Cheddar

Une équipe scientifique a analysé l’ADN d’un prélèvement osseux du plus vieux squelette britannique, l’homme de Cheddar, chasseur-cueilleur âgé d’environ 10 000 ans ( Oui Cheddar le village anglais ayant donné son nom à un fromage réputé) . Depuis un siècle que le squelette avait été exhumé, on représentait l’homme du passé comme un chasseur bon teint (blanc donc) du Néolithique. Or les résultats et la reconstitution publiés fin 2022 nous montre un (bel) homme aux cheveux bouclés, à la peau noire et… aux très beaux yeux bleus ressortant sur sa peau foncée.

Un britannique à la peau noire ? Pas de quoi en faire un fromage ! Nous savions déjà depuis un moment que nous sommes tous des africains, comme l’affirmait le paléontologue Michel Brunet déjà en 2016.

Par contre, que les européens du Nord-Ouest aient encore la peau noire il y a 10 000 ans, cela peut surprendre. Mais cela pourrait en partie valider  la thèse de certains chercheurs qui pensent que le régime alimentaire des chasseurs-cueilleurs a retardé le blanchiment de leur peau.

En effet, selon la théorie de la sélection naturelle exposée par Darwin en 1859, un caractère génétique nouveau se perpétue s’il amène un vrai avantage chez son porteur (et ses descendants) dans un milieu donné.

La peau claire permet de mieux bénéficier de l’effet bénéfique d’un ensoleillement plus faible sous des hautes latitudes. L’exposition au soleil aide à la synthétisation de la vitamine D absorbée dans les aliments. Or le régime des chasseurs-cueilleurs (et pêcheurs pour certains) apportait une bonne ration de vitamine D. Même si la peau noire protégeant des effets nocifs d’un soleil fort limite la synthétisation de cette vitamine sous un soleil plus faible, le gros stock absorbé faisait qu’une peau claire n’était peut-être pas un avantage si déterminant.

Par ailleurs, les métissages avec une autre espèce très semblable d’homme, Homo Neanderthalensis (Homme de Neandertal), à la peau blanche, disparue il y a environ 30 000 ans ont existé, on le sait maintenant. Mais s’ils ont amené un éclaircissement général de la peau, on ignore la vitesse du changement.

Et oui, la paléogénétique, science nouvelle amenée par le prix Nobel Svante Pääbo, n’a pas encore délivré tous les secrets sur l’origine de l’Homme en Europe ou ailleurs.

Par exemple, on ne peut pas connaître le caractère, au sens affectif, d’un squelette de 10 000 juste avec une analyse de son ADN. Et c’est bien dommage, car nous pourrions savoir si l’homme noir de Cheddar était une bonne pâte… ou non.

 

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