Mouvement par la fin

« Je m’autorise une injection dont le pouvoir ne désagrège pas la douleur mais la couvre d’une peau et m’isole pour un temps dans un corps d’où je peux écrire.

Génétique, mon infirmité me domine. Penser à elle mène vers sa perfection l’oeuvre de la maladie. A force de souffrir le discours s’élabore, esprit venu sur les déplacements du ciel.

N’as-tu jamais attendu l’ange du matin ?

L’orage ensanglanté arrache le plafond.

Mon corps est un éclat de verre. Alors que j’écoute mes os se briser je perds la vue, la parole.
[…]
Il pleut des barbelés. Suspendues à des centaines de griffes, mes mains cherchent le souvenir de leurs gestes.
[…]
Si simple l’agonie. Réconfort de savoir que je souffrirai jusqu’à la fin. La douleur est un amour qui me rapproche vivant de l’éternité. Vide clarté qui se donnant à moi ravit qui je suis. Combien d’hommes ont subi le mal leur vie durant sans être consumés ?
[…]
La douleur est un morceau du soleil. Je dis ces mots de l’intérieur de mon corps où la douleur décide l’œuvre à venir. Ma parole n’exprime pas mon mal, elle est mon corps malade.  »

Ce livre est une blessure à vif, quel autre choix reste t-il alors que de mettre des mots sur cette souffrance ? L’accepter et accepter aussi la mort qui flâne à chaque crise. La beauté de cet homme blessé qui combat chaque aiguillon incisif pour en ressorti un bijou ciselé de philosophie et de bonté humaine est simplement magnifique.