Lyon capitale du rock 1978-1983 : la suite

- temps de lecture approximatif de 6 minutes 6 min - Modifié le 21/05/2019 par Alfons Col

Avec l’exposition « Lyon capitale du rock 1978-1983 » présentée par la Bibliothèque municipale de la Part Dieu, c’est toute l’effervescence de la scène rock lyonnaise, de la période charnière de la fin des années 1970 au début des années 1980, qui est mise à l’honneur.

© Olivier Carrié
© Olivier Carrié

Du 15 mai au 21 septembre 2019 vous pourrez (re)découvrir les salles, les groupes, les médias de l’époque qui ont permis à Lyon d’être sur le devant de la scène. Axée sur le travail photographique de Jean Paul Bajard et sur un appel à contribution qui a remporté un franc succès, l’exposition met en avant une partie représentative de l’éclectisme de la scène rock d’alors.

Pour différentes raisons nous n’avons pas pu mettre en avant des formations qui mériteraient pourtant plus de lumière. Nous vous proposons à travers les 5 formations suivantes de continuer notre travail de mise en valeur de la scène locale de l’époque.

 

ARSENIC

La bande se connaît depuis les bancs du collège Fénelon en 1974. A l’été 1976 ces cinq adolescents férus de rock décident de monter un groupe dans lequel on retrouve : Bertrand Repellin (Chant, Guitare) – Jérôme Savy (Guitare) – Thierry Monod (Basse) – Christophe Dupraz (batterie) – Pascal Viscardi (Claviers)

Les petites scènes se multiplient, un public fidèle se constitue et c’est déjà l’enregistrement du premier album autoproduit, témoignage d’un « Do it yourself » plutôt subi puisque ils distribuent eux-mêmes leur disque.

Le groupe dont les membres ne sont pas encore majeurs, proposent 9 titres bien ficelés s’inspirant du  hard rock britannique à la charnière des années 1960 et 70’s (Led Zeppelin, Deep purple) à la fois dur et mélodique.

La presse régionale s’émerveille de ce rock juvénile mais néanmoins très carré. La scène ne leurs faisant pas peur, c’est devant 2500 personnes, en février 1979 dans un concert mémorable à l’INSA qu’ils soignent leur réputation.

L’année suivante ils partagent la vedette avec le groupe toulousain Backstage à la salle Molière, puis ils font partie de la sélection de groupes lyonnais pour le grand concert « Lyon rock 80 » organisé par Rhinocérock au Palais d’Hiver.

Après une tournée en Espagne avec Ganafoul, les déconvenues surviennent puisque leur manager disparait avec la caisse, s’illustrant par la suite dans le terrorisme.

Jérôme Savy rejoindra alors le groupe Carte de Séjour, Bertrand Reppelin continuera aussi la musique avec notamment le groupe Dimsy Comedi et des collaborations avec Jack Bon (Ganafoul).

 

DEUX

Le duo s’est formé au début des années 1980. Gérard Pelletier et Cati Tête se rencontrent dans une soirée et se découvrent une passion commune pour les musiques froides et robotiques. Gerard Pelletier travaillait pour l’armée et c’est lors d’une mutation à Baden Baden qu’il se découvre une passion pour Kraftwerk et la scène krautrock allemande. Il achète alors son premier synthé. Il sera muté sur Lyon en 1979. Cati,  étudiante aux beaux-arts,  n’a jamais fait de musique mais aimerait appliquer à sa peinture le minimalisme de la musique de Gérard.

Ils vont travailler ensemble à triturer des machines, rajoutant des bruitages et créé des petites pièces minimales et mélodiques : une synth pop renversante de maturité et de modernisme. Ils rencontrent alors François André qui décide de les manager, et crée pour les besoins du projet, le label André records, rue Laurencin dans le 2ème arrondissement.

En 1983, sort leur premier 45t qui couple les morceaux « Felicita » et « Game and performance » : deux trésors cachés de la synth-wave française.

 

Pourtant le disque tiré à 500 exemplaires ne trouve pas son public. Le groupe ne fait pas de concerts ou de très rares performances considérant leur musique comme une musique de chambre, intimiste. Après la sortie d’une cassette 10 titres en 1984, “André records”  produit un deuxième 45 tours l’année suivante avec deux  sublimes morceaux : Europe et Paris Orly.

Le talent est indéniable, le succès beaucoup moins. Pourtant le duo continue de composer avec toujours autant de plaisir. Après des productions hasardeuses dans les années 1990 (dont des maxi d’euro-dance en Italie), ils jettent l’éponge. C’est une décennie plus tard, grâce à l’ouverture d’une page myspace qu’on va les redécouvrir. Poussés par la pression de nouveaux fans, ils sortent leur premier album en 2006, “Agglomérat” qui est un best of des compositions passées.

Mais c’est un label new yorkais, Minimal wave qui leur ouvre les portes du reste du monde en sortant “Décadence” une compilation 10 titres reprenant en partie l’album Agglomérat.

 

FRAGILE

 

 

Fragile s’est formé le 1er janvier 1980, autour de la chanteuse Lydia à la voix chaude et puissante. Après des premières parties encourageantes (Marquis de Sade, Inmates) le groupe signe pour cinq ans chez Pathé Marconi. Le quartet qui oscille entre new-wave et pop, met en avant des mélodies attachantes et des riffs accrocheurs. Leur premier single Pile ou face qui sort en septembre 1981 est bien accueilli par la critique et par le public à tel point que Fragile passe dans les 10 premiers des palmarès du magazine Best. Comparé  aux Pretenders ou à Blondie le groupe profite de cette exposition médiatique pour assurer la première partie de la tournée française de B 52’s.

 

Devenu trio, Fragile est composé de Lydia au chant, Olivier Arsane à la batterie et Philippe Arsane à la basse. Et c’est cette trinité inséparable qui enchaine les disques et les concerts. Début 1983 sort un premier mini-album accompagné par le guitariste Edouard Gonzales (ex-Factory et Killdozer) qui les fais découvrir par le grand public. Insomnie, Amour mécanique ou Cherche une fille sont des réponses directes au malaise adolescent. L’année suivante l’album “Je veux m’évader” leurs ouvre les portes des hit-parades et vise crénaux des radios FM avec notamment le tube Trop belle pour être vraie. Mais la restructuration au sein de leur maison de disques les obligent à stopper leur carrière malgré un ultime single Pars chez Carrère en 1988.

 

 

La discographie de Fragile dans le fonds Mémoire des musiques lyonnaises.

 

TALES

 

 

Tales reste l’un des groupes lyonnais les plus importants des années 1980. Le groupe naît de la collaboration début 1980 d’un chanteur d’origine écossaise, John Fernie et d’un claviériste d’origine hollandaise Gilles Verschooris, tous deux échoués à Lyon. Le reste des musiciens est très changeant.  On citera tout de même deux ex-Killdozer Patrick Brondel (batterie) et Jean Pierre « wa wa » Gouillon (guitare), Magane à la basse, le fin mélodiste Leonardo Caposiena à la guitare ou encore Hugo Maimone à la batterie, dans la toute dernière mouture du groupe.

Des premières compositions voient le jour en 1983 avec un maxi 3 titres « Wild transmission » produit par Henri Gauby et sorti chez New Rose. On retrouve le groupe au complet sur le titre On the way to sacrifice, composition dédiée au West Side club, salle de concert attenante au Palais d’Hiver. On découvre déjà des mélodies bien ficelées et émouvantes ainsi que l’organe vocal époustouflant de John Fernie. Après un concert remarqué au Transmusicales de Rennes (décembre 1983), leur prestation au Printemps de Bourges en avril 1984 est filmée par TF1, seul témoignage visuel des performances scéniques du chanteur, animal shakespearien entre Iggy Pop et Jim Morrison.

 

Au printemps 1984, ils partent enregistrer leur deuxième disque à Birmingham (GB).  Contenant l’envoutant titre  Pompeii’s gone , ce maxi quatre titres est resté gravé dans les mémoires des fans de l’époque.

Cette même année, la presse spécialisée s’emparant du phénomène : Best et Rock & Folk consacreront chacun une interview de John Fernie.

A la séparation du groupe, John Fernie entame une carrière remarquée d’acteur de théâtre jusqu’à son décès en 2004.

 

YOUR VICE

Your Vice est connu dans la presse pour avoir été le premier groupe de Marc Lavoine.  C’est effectivement  l’idée saugrenue de son manager,  Fabrice Aboulker qui lui propose début 1981 de  faire ses armes à Lyon en intégrant un groupe de hard rock Your Vice .

Collection particulière de Steve Dixon

 

Le groupe pourtant existe depuis deux ans et est composé de Christian Barham (guitare), Jean-Charles Daclin (guitare), Patrick Gillet (basse) et Carmelo Modica (batterie). Fier de leur ascension, le groupe parcourt les scènes et tapisse les murs de la ville de leur logo. Il participe au deuxième Festival de Fourvière en juillet 1979 devant 6000 personnes puis à celui du Cap d’Agde le 4 août 1979. Leurs prestations scéniques et l’énergie qu’ils dégagent ne laissent pas indifférents et ils obtiennent un bon papier dans le numéro de Best de la rentrée.  L’année 1980 est riche en concerts notamment en faisant le tour des places de Lyon (Bellecour, Cordeliers, Saint-Jean). L’arrivée du jeune chanteur parisien au sein du groupe ne fut pas si facile, le timide Marc Lavoine ayant du mal à s’adapter au répertoire agité de Your Vice. Pourtant l’entente se fait et chacun apprendra beaucoup de l’autre. De cette époque reste le souvenir de la première partie de Rose Tattoo au Palais d’Hiver le 6/05/1981 puis Motörhead le 26/10/1982.

Le groupe enregistrera même une démo chez Barclay. Celle-ci restant aujourd’hui introuvable, c’est un appel aux lyonnais que nous faisons encore pour retrouver ce seul témoignage musical du groupe.

Christian Barham continuera dans la musique executera quelques tubes dans les années 1980. Quant à Jean Charles Daclin une carrière solo lui permet d’enregistrer un album éponyme en 1994 énergiquement défendu sur la scène du Printemps de Bourges puis de monter son propre studio, Silenceprod, sur les pentes de la Croix-Rousse.

 

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One thought on “Lyon capitale du rock 1978-1983 : la suite”

  1. Jean-Pierre dit :

    Bonsoir,
    avez-vous vous une “Newsletters” à laquelle je puisse m’inscrire ?
    Votre site est génial ! J’ai connu les groupes Lyonnais de fin 70 et des années 80.
    Bien cordialement !
    Jean-Pierre

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